Dialogue et confiance
" Pour avoir en face de soi un autre que soi, il faut avoir un soi.
(...) Aux syncrétismes actuels il faut opposer la communication, c'est-à-dire une relation dramatique dans laquelle tour à tour je m'affirme dans mon origine et je me livre à l'imagination d'autrui selon son autre civilisation.
La vérité humaine n'est que dans ce procès où les civilisations s'affronteront de plus en plus à partir de ce qui, en elles, est le plus vivant, le plus créateur. L'histoire des hommes sera de plus en plus une vaste explication où chaque civilisation développera sa perception du monde dans l'affrontement avec toutes les autres. Or ce procès commence à peine. Il est probablement la grande tâche des générations à venir.
Nul ne peut dire ce qu'il adviendra de notre civilisation quand elle aura véritablement rencontré d'autres civilisations autrement que par le choc de la conquête et de la domination. Mais il faut bien avouer que cette rencontre n'a pas encore eu lieu au niveau d'un véritable dialogue. C'est pourquoi nous sommes dans une sorte d'intermède, d'interrègne, où nous ne pouvons plus pratiquer le dogmatisme de la vérité unique et où nous ne sommes pas encore capables de vaincre le scepticisme dans lequel nous sommes entrés. Nous sommes dans le tunnel, au crépuscule du dogmatisme, au seuil des vrais dialogues. Toutes les philosophies de l'histoire sont à l'intérieur d'un des cycles de civilisation ; c'est pourquoi nous n'avons pas de quoi penser la coexistence de ces multiples styles, nous n'avons pas de philosophies de l'histoire pour résoudre les problèmes de coexistence. Si donc nous voyons le problème, nous ne sommes pas en état d'anticiper la totalité humaine, qui sera le fruit de l'histoire même des hommes qui engageront ce redoutable débat."
Paul RICŒUR
« Civilisation universelle et cultures nationales », 1961, revue Esprit
message très fort et d'actualité : il nous faut en effet incessamment essayer de coexister...
Facilitateur / Marketing relationnel - Soutien & Relation d’aide - TIC
8 ansBalancée entre la révélation du salut divin et la raison du progrès scientifique, Paul Ricœur nous rappelle que l’histoire des hommes n'est jamais achevée et que son devenir dépend toujours de la bonne ou mauvaise volonté de chacun ...