Dominique Grisoni, une question d’équilibre
Caractères I, huile sur toile de lin, 80 x 90cm

Dominique Grisoni, une question d’équilibre

Elle peint la ville sous les lignes de l’horizon, modèle des besaces et des bibliothèques en céramique. Le point commun de ses œuvres est sans aucun doute la géométrie d’un équilibre pesé.  

Sur la toile, son hommage à la ville est abstrait et se traduit par des lignes qui rendent visible à la lisière de l’explicite, entre apparition et disparition. « Ces lignes verticales évoquent aussi des forêts, des formes géométriques, carrées ou rectangulaires, des ouvertures, des fenêtres laissant entrer la lumière. »

Le degré d'abstraction n'est pas total et les lignes de fuites structurent le regard qui rôde jusqu’aux marges de l’image. Elles conduisent vers des perturbations optiques qui altèrent la vision. La hiérarchisation se trouble. Des altitudes aux abysses, un sentiment de vertige invite au déracinement.

Le récit se déploie et participe ainsi à un mouvement de métamorphose. Les immeubles se fragmentent et se mettent en mouvement. Ils débordent sous un équilibre revisité où tout semble permis.

Son procédé lui confère une poésie picturale propre. A l’aide de rouleaux et de spatules, elle peint à l’huile sur toile de lin ou sur bois selon une technique mixte. Elle y applique parfois des caractères ; des indices de compréhension qui se prêtent au jeu de la référence. « Autant d’empreintes figurant des villes, des immeubles, des cités disparues ou effacées dont il ne reste que des écrits. »

Primer, couleur, bitume de Judée font partie de ses petits secrets pour apporter du relief et de la brillance naturelle. Une certaine spiritualité s’imprime ainsi sous la multitude de tonalités sombres qui nous englobent dans une absorption visuelle. Ce mirage urbain apparaît alors comme un monde suspendu, une fiction architecturale qui dépeint une société imaginaire.

De la ville à l’accessoire, le pas se franchit sans écart. Les céramiques de Dominique Grisoni sont des besaces et des bibliothèques qui rappellent les formes géométriques des buildings peints sur ses toiles.  Ces sculptures à l’expertise manuelle, témoignent de son indéniable aisance dans la réappropriation des images.

 




 

 « J’ai été séduite et inspirée par un objet magnifique : une petite bible de voyage éthiopienne nichée dans une petite besace en cuir. Ici encore on y trouve des écrits. La besace me rappelle aussi des souvenirs d’étudiants quand on les utilisait pour y transporter des livres. »

 

Les bibliothèques retiennent l’essentiel dans l’accumulation. Elles matérialisent les gardiens des écrits ; des petits trésors à la perfection symbolique.

 


D’une parfaite unicité, ses travaux naissent sous différents supports : des céramiques au design pur et des peintures aux lignes éthérées. Chaque œuvre convoque, avec délicatesse, un répertoire de formes sérielles, mesurant sous le tact et la maîtrise, la charge émotionnelle d’un vocabulaire esthétique.

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