Du côté décati de la force

Voilà maintenant plus de 2 mois que j'ai intégré mon nouveau poste, plus exactement ma nouvelle entreprise, ma nouvelle équipe. Car pour le poste, il me faudra encore quelques semaines pour me sentir bien "intégrée".

Jusque là, d'abord dans mon ancienne entreprise puis dans ma recherche d'emploi qui a suivi, je côtoyais des gens plutôt de ma génération. Des gens installés dans leur vie, avec souvent au moins 15 ans d'expérience et l'âge qui va avec. Des gens curieux, amusants, professionnels, passionnés, désabusés parfois, ne comprenant qu'une chose à la mutation inexorable du monde du travail : si tu veux survivre, il va falloir s'adapter. Savoir apprendre autrement et tout le temps, s'immerger dans les réseaux sociaux, accepter de se dévoiler un peu plus, bousculer ses habitudes, comprendre et se faire à l'idée que professionnellement, tu es passée du côté des seniors. D'aucun te dirait que d'un point de vue purement sémantique l'APEC et Pôle Emploi te considèrent senior à partir de 45 ans (je ne les ai pas encore mais je n'en suis plus si loin) et t'ouvrent avec joie leurs ateliers "Exploiter votre séniorité". Les professionnels du marketing et le gouvernement, pour l'aspect professionnel, repoussent la limite à 50 ans, qu'on soit ménagère ou pas :-) ! Mais pour les ESN (vous savez, mais si, j'en ai déjà parlé... les anciennes SSII), vous tombez du côté décati de la force dès 35 ans. Tout cela, en bref, pour vous dire que je suis une vieille, professionnellement parlant ! Je sais, je suis naïve, mais à force de côtoyer des gens du même âge on ne se rend pas vraiment compte de tout ce qui bouge et de tous ceux qui montent. De ce décalage qui s'installe petit à petit entre ce que je suis et le monde dans lequel je vais devoir vivre. J'avais légèrement entraperçu cela avec les mamans de l'école de mes enfants, souvent plus jeunes d'une décennie, mais je n'étais pas encore vraiment convaincue par l'argument. Et ce sentiment m'est tombé dessus avec toute la force du poids des ans, lorsque j'ai intégré mon équipe, au demeurant fort accueillante et agréable. Quand j'ai entendu l'un des membres d'une autre équipe parler de son bac obtenu en 2009, j'ai cru avaler ma souris ! Ou une autre qui nous parlait de sa maman âgée de 49 ans (dans 2 mois l'âge de mon cher mari !).

Tout cela me pousse dans mes retranchements, vestimentaires aussi bien qu'intellectuels, j'ai souvent l'impression d'être mamie perdue au milieu d'un master.  Mais je reste optimiste et ouverte. Cette jeunesse me fait du bien. Ils ont mille idées à la minute, sont passionnés (parfois un peu trop), décomplexés, exigeants, partagent leurs idées, leurs peurs et leurs doutes aussi. Ils sont à la fois très sûrs d'eux et bourrés de fragilités. Et tout cela me motive parce que figurez-vous, la vieille a encore des choses à faire, à apprendre, des bonnes pratiques à partager. Tout ce que j'ai pu perdre en agilité ou fulgurance, je le récupère en expériences, recul et savoir-être. Certes, je ne pourrais jamais tout partager, mais la curiosité, l'esprit d'analyse et l'envie de faire de ma vie professionnelle un terrain de jeu m'ouvrent grand les portes d'un poste passionnant !

Et vous, avez-vous déjà vécu ce type de situation ?

(reprise légèrement remaniée d'un billet de mon blog, publié le 7 mars 2016)

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