Du savoir faire au savoir être

Du savoir faire au savoir être

Les candidats et les recruteurs ont souvent en commun de croire que la maîtrise technique est le cœur d'un parcours d'embauche. Notre parcours scolaire n'est-il pas orienté vers l'enseignement théorique de compétences techniques souvent confondues avec le terme de connaissance ? Et pourtant, quand on sait que 50% des compétences présentes dans l'entreprise aujourd'hui auront disparu dans les 5 ans, on n'a de quoi s'interroger sur le bien-fondé d'une telle obsession.

Le savoir-être & la posture humaine prennent le pas sur le savoir-faire & l'expertise technique.

Ce qui nous distingue des autres n'est pas uniquement dans notre savoir-faire. Les compétences techniques connaissent l'obsolescence permanente. La dictature des têtes bien pleines doit nous interroger sur l'idée des têtes bien faites. Et, dans le monde d'aujourd'hui, sujet à des transformations sans précèdent, ce questionnement est d'autant plus vrai. Nous vivons dans un monde de services qui se nourrit de l'interaction humaine et où l'entreprise responsabilise l'individu et l'appelle à l'autonomie, quand dans le même temps la transformation digitale recourt à la créativité de ses acteurs, avec la conscience de l'incertitude d'un monde qui invite à une solidité intérieure profonde. Nous baignons dans des compétences comportementales encore plus que technique. Ce que les américains nomment soft skills par opposition aux hard skills nées d'un apprentissage technique et souvent académique. Le savoir-être & la posture humaine prennent le pas sur le savoir-faire & l'expertise technique.

Sauf à être exclusivement dépendant d'une expertise technique - ce qui n'existe pas en tant que tel puisque même les techniques sont amenées à évoluer - il est primordiale d'insister sur l'identification et le développement de ses propres softskills. Les métiers de demain sont à inventer. 80% de ceux de 2030 n'existent pas encore aujourd'hui. Ce pourquoi il nous faut être un apprenant agile. Ce pourquoi nos compétences comportementales seront nos forces dans notre évolution de carrière.

Dresser la liste des softskills est un travail impossible. Cette liste ne saurait être exhaustive. On pourrait y glisser, en vrac, les compétences humaines suivantes : la confiance en soi, l'intelligence émotionnelle, la gestion du stress, la concentration, l'orientation vers la résolution de problème, la prise de décision, la capacité à emmener avec soi, l'empathie (où plus généralement la faculté à "comprendre la réalité des autres"), la communication (auquel il faudrait associer les adjectifs de précis, clair, concis), la gestion du temps, l'organisation, la créativité, la capacité à créer des connections avec les autres, l'esprit d'entreprendre, l'audace, l'anticipation (à rapprocher du terme de proactivité face à l’événement, à la faculté d'agir en anticipation), la vision, la prise de parole, la prise de hauteur (avec une faculté de zoom-dézoom sur les situations), le sens du collectif (en se rappelant toujours que "seul on va plus vite, mais ensemble on va plus loin."), la curiosité, la soif d'apprendre, l'écoute ( ou plus précisément le pouvoir d'écoute), l'adaptabilité, la force de synergie (pour cocréer dans un monde où le collectif est la clé de la réussite), l'éloquence (qui n'est rien d'autre que la capacité à "pitcher" un sujet), la pédagogie, l'agilité (primordial dans l'apprentissage), la force de proposition, la pensée analytique, le respect des autres, le sens de l'initiative, l'efficacité, l'intuition, la souplesse cognitive, la qualité de négociation, la conscience, la gestion d'équipe, le non-jugement, l'autonomie, la rigueur, le dynamisme (qui va de pair avec le positivisme), le bon relationnel, l'engagement …

Apprenons à développer les soft skills pour vivre les transformations du monde & les vies multiples qui jalonne notre carrière.

Devant l'ampleur de la liste, beaucoup se sont attelés à une classification. Pour ma part, je décrirais 4 catégories : la connaissance de soi et de ses émotions, la relation à l'autre (l'écoute, l'empathie…), l'action (la prise de décision…) et enfin la dimension cognitive de ses compétences (la créativité, apprendre à apprendre…). La première catégorie relève de l'individu, la seconde regroupe l'interpersonnel, la troisième aborde le comportement envers l'entreprise, pour finir par ce qui relève plutôt de l'acquis avec la notion de cognitif. Sous cet angle, on constate que les soft skills ne sont pas simplement de l'acquis mais peuvent se développer et de fait s'enseigner. Il faut en avoir simplement l'envie. Je dirais que cela participe de la maturité de la personne et lui permet de vivre les multiples vies que sa carrière va lui proposer.

Pour cela, j'inviterais à une stratégie des petits pas, l'habitude de la pensée positive et de la réflexivité pour progresser sur le chemin de ce qu'on veut être et devenir un bel homme. J'ajouterais que cela participe à un cercle vertueux. Mon observation m'a appris que toute compétence comportementale que j'ai souhaité développer m'a permis de mieux rayonner et de diffuser cette compétence à mon entourage - pour peu qu'il y soit réceptif. Quel effet secondaire gratifiant !

Une leçon que l'éducation nationale doit prendre en compte pour faire que l'enseignant ne se focalise plus exclusivement sur sa relation à une discipline qui le passionne, dont il a la maîtrise, et qu'il choisit de diffuser magistralement à ses élèves. Une décentration pédagogique doit nous défaire de la compétence académique pour que l’élève apprenne à comprendre qui il veut être.

L'important est de prendre conscience de ses forces et faiblesses en rapport à chacune de ses compétences comportementales. Ce travail participe au développement de la confiance en soi, et dans un second temps permet de mieux coopérer avec l'extérieur pour aller plus loin. Une enquête auprès des 100 plus grandes entreprises américaines a illustré que 60% de leur dirigeants avaient des diplômes en sciences humaines. Suivons leur exemple. Retrouvons le chemin des philosophes grecs et ayons le soucis de soi. Alors si vous le voulez bien mettons le développement des softskills au top de la liste des priorités au quotidien de notre management. Agissons ainsi en vrai leader. 

"Le savoir-être & la posture humaine prennent le pas sur le savoir-faire & l'expertise technique" : à méditer pour imaginer les organisations du travail de demain

Celine Baysselier

Dirigeante Institut Adelante Formation - Coach professionnelle

6 ans

Merci Laurent ! Il est en effet vital d'intégrer ces soft skills  dans nos recrutements, nos formations et nos comportements au quotidien. L'innovation managériale passera inéluctablement  par celles-ci et c'est une bonne nouvelle...

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