E-sport: La région CENTRE-VAL-DE-LOIRE au coeur du décollage
La France arrive en 3ème position dans le domaine de l'e-Sport en Europe et, dans le top 5 au niveau mondial. Comment expliquer cet engouement national ? Un élément de réponse : le sport électronique fédère les différentes classes sociales. Contrairement à d’autres loisirs plus onéreux, l’univers du jeu vidéo est accessible à tous. Au niveau national, la région Centre-Val-de-Loire est particulièrement performante. Les raisons de son succès : le développement de la discipline depuis plusieurs années sur le territoire mais surtout la passion qui anime les différents acteurs locaux publics ou privés.
La Région Centre-Val-de-Loire, terrain de jeu privilégié de l’e-Sport
Une discipline bien implantée
D’Orléans à Tours, le sport virtuel se porte bien. Pour preuve, la fréquentation en hausse du plus grand festival international de loisirs numériques qui s’est tenu du 17 au 19 mai 2019. C’était la 5ème édition de la DreamHack Tours dont les invités d’honneur étaient des streamers, développeurs et programmeurs. Cet événement international attire chaque année davantage, tant les amateurs que les professionnels. En effet, en 2018, il a dû être délocalisé du Palais des Congrès au Parc des Expositions de Tours, pour record d’affluence. Cette édition avait été marquée par des chiffres impressionnants : plus de 15 000 participants, 2000 joueurs sans compter les journalistes nationaux et internationaux. Et des millions de spectateurs sur internet !
Associations et entreprises, des acteurs majeurs
En Centre-Val-de-Loire, plusieurs associations spécialisées œuvrent activement pour la promotion de cette passion. C’est le cas notamment d’Oregami à Orléans ou League of Berry à Bourges. Leurs actions sont complétées par l’offre de nombreuses entreprises dans des secteurs de pointe variés, depuis l’organisation de tournois jusqu’à la conception de mobilier ergonomique et d’accessoires.
Ainsi, la DreamHack (DH) Tours devenue DH France gère de nombreux événementiels dans l’univers du jeu, qui s’adressent à tout type de public, depuis les familles jusqu’aux joueurs professionnels. Son président Jean-Christophe Arnaud a entendu la demande de la ville de Tours, qui voulait organiser un événement dans ce domaine. Il a donc sollicité la DreamHack suédoise, laquelle a répondu favorablement à l’implantation d’une filiale dans l’Hexagone. Celle-ci a pu se concrétiser en 2015. Depuis, de nombreux tournois ont été organisés à Tours.
Mais le secteur du video-game, c’est aussi la naissance d’entreprises moins prévisibles pour le grand public. C’est le cas de NEEDforSEAT France, autre acteur qui a de beaux jours devant lui dans ce domaine. Filiale française de la marque allemande, elle s’est installée en Touraine au cours de l’été 2017 grâce à son directeur général, M. Ferréol Chevalier. Ses activités ? L’entreprise distribue des sièges ergonomiques conçus pour le sport virtuel et accompagne de nombreuses équipes comme Team Liquid ou G2 Esport, mais aussi les différents acteurs du secteur tels que DreamHack, ESL, LCS, E-League… Leader du secteur à l’international, son implantation en France vise à développer des partenariats avec les acteurs nationaux comme ESL Montpellier, Lyon Esport, et de consolider ceux existants avec la DreamHack Tours, par exemple.
Ce n'est pas tout ! Le jeu électronique ne cesse de nous étonner car il conquiert même des secteurs dits « sérieux », comme celui de la formation. My-Serious-Game a su tirer profit de cette niche. TPE créée par deux associés en 2014 à Tours, l’entreprise atteint 4 ans plus tard un chiffre d’affaires de 4M€, en proposant des formations digitales sur mesure à ses différents clients : entreprises du CAC 40, ministère de l’Intérieur, SNCF, PME… Le concept plébiscité consiste à former ses salariés et collaborateurs de manière ludique. Rien n’arrête décidément les univers virtuels !
Quelles perspectives pour le sport électronique ?
Un engouement international
L’e-Sport connaît depuis quelques années une reconnaissance, au point que sa reconnaissance comme discipline olympique avait été envisagée pour les J.O 2024. Même si la possibilité n’a pas été validée par le CIO, il n’en reste pas moins que cette pratique attise toutes les convoitises. Chaque compétition ou festival déplace des milliers de participants et spectateurs. À la clé, des retombées économiques conséquentes dans le domaine du tourisme, de l’hôtellerie, de la restauration et du commerce. Les geeks et leurs fans sont, en effet, de très bons consommateurs car, contrairement aux idées reçues, ils sont majoritairement issus de CSP favorisée. Ils fréquentent donc bars, restaurants mais aussi musées, librairies, cinémas, ce qui génère d’importants bénéfices pour ces secteurs. Villes et pays rivalisent donc d’inventivité pour attirer ces événements, d’autant qu’ils offrent un rayonnement exceptionnel. Presse, partenaires financiers et éditeurs participent à ces rassemblements permettant une médiatisation efficace.
Parmi les villes les plus investies dans le secteur, on trouve de villes d’Asie comme Séoul (1er rang) ou Shangaï, des villes du continent américain (Las Vegas, Los Angeles, New York, Rio) mais aussi des métropoles européennes (Berlin, Paris).
Au niveau national : la bataille fait rage
Les villes de province ne sont pas en reste dans cette lutte pour accueillir les grandes compétitions. Elles se livrent même une bataille acharnée. Poitiers, Tours, Lyon, Montpellier, Metz et bien d’autres ont compris l’intérêt d’attirer ce « nouveau » phénomène de société. Chaque ville tente de se positionner, en mettant en avant les compétences locales et les infrastructures existantes. C’est le cas de Poitiers qui s’appuie sur une association de passionnés, le FuturoLAN, tout en soulignant l’existence du Futuroscope au niveau logistique. Metz, quant à elle, espère séduire grâce à divers atouts, dont la présence d’un laboratoire universitaire dédié aux jeux vidéo.
En Centre-Val-de-Loire, l’attractivité ne tarit pas
Déjà bien présente dans la région, la filière protéiforme de l’e-sport ne cesse de s’étendre. De nombreuses entreprises ont encore vu le jour ces deux dernières années.
Ainsi, pour répondre à la curiosité et aux questions des gamers, deux tourangeaux Quentin Mitard et Pierre-Luc Jacob ont développé Breakflip. Média spécialisé, le site propose à ses visiteurs de trouver des astuces pour leurs jeux préférés mais aussi de suivre l’actualité des jeux virtuels. Un des objectifs de ses deux dirigeants : médiatiser les jeux du moment mais en gardant leur esprit critique et leur indépendance. De son côté, Connectesport, média écrit et audiovisuel, propose des informations quotidiennes.
Sur un créneau proche mais non concurrentiel, on trouve également dans le chef-lieu d’Indre-et-Loire l’entreprise Solary TV Productions, spécialisée dans le jeu vidéo professionnel et le divertissement. Depuis 2017, la société embauche des joueurs professionnels, pour certains streamers, et a développé 3 chaînes WebTV dédiées au gaming. Le succès est au rendez-vous auprès de son public mais pas seulement. Elle est ainsi récompensée par le prix TOP des entreprises numériques, organisé par Tours et La Nouvelle République. Mais elle ne compte pas s’arrêter là. Dans un avenir proche, elle souhaite créer un bar et organiser des événements, LAN ou compétitions, au sein du Vinci.
Par ailleurs, la Région soutient depuis 2016 la DreamHack Campus, dont le but est de promouvoir la pratique de l’e-sport auprès du public étudiant, par le biais de l’organisation de tournois mensuels dans les chefs-lieux des six départements.
Ces quelques exemples illustrent bien le dynamisme de la région en la matière. Le tout est de savoir si la conjoncture va rester propice.
Un avenir plein de promesses
Que ce soit pour les entreprises ou les régions, le sport électronique se porte si bien que la tendance semble inaltérable. Il constitue actuellement le 1er marché culturel dans le monde, quant aux gains financiers. Avec ses millions de joueurs, de consommateurs et de spectateurs en France et dans le monde, cette industrie est en pleine expansion et crée un nombre conséquent d’emplois dans des filières extrêmement variées. Le secteur est plus que rentable grâce aux sponsors et aux droits de diffusion. Un phénomène qui ne semble pas prêt de s’arrêter, car chaque intervenant a tout à y gagner, depuis les éditeurs de streaming, comme Dailymotion, jusqu’aux joueurs dont certains gagnent plusieurs de milliers d’euros par mois. Avec les progrès de la technologie comme la biométrie, cet univers sera mouvant mais à l’origine de nombreuses opportunités à saisir.