Echec pédagogique : sortir par la porte du haut !

Echec pédagogique : sortir par la porte du haut !

Maria Montessori, Célestin Freinet, Rudolf Steiner, Roger Cousinet…pour être inégalement connus, ils ont en commun de tous être nés à la fin du XIXè siècle et surtout, de s’être faits les avocats d’une approche résolument nouvelle de l’enseignement. A leurs yeux, celui-ci devait être fondé sur l’apprentissage volontaire de l’enfant plutôt que sur son éducation passive. Cette conception particulière de la pédagogie – que Sophie Madoun regroupe sous l’appellation générique d’ « écoles de la bienveillance », s’inscrivait en contrepoint de celle développée alors sous l’impulsion politique de Jules Ferry. Cette spécialiste des sciences humaines rappelle en effet que ce dernier imposa « en 1882 (…) l’école obligatoire et laïque (…) pour lutter contre le travail des enfants » certes, mais aussi « pour répondre aux nouveaux besoins de la révolution industrielle c’est-à-dire lire, écrire et compter ».

Cette analyse résonne de manière intéressante avec la volonté affichée par l’actuel ministre de l’Education nationale, Jean-Michel Blanquer, de restaurer en France une « école de la confiance » concentrée sur l’enseignement des savoirs fondamentaux : lire, écrire et compter. La plate-forme politique du ministre est publique et repose sur une école qui soit celle de la République, des excellences et de la bienveillance. Tiens donc… De quoi parle-t-on ici ?

Du fait que les 4 pédagogues évoqués dans cet ouvrage ont basé leurs démarches innovantes sur la stimulation de l’enfant puis de l’adolescent, afin de lui donner soif d’apprendre. Favoriser le développement de l’intelligence par l’apprentissage manuel, stimuler l’esprit critique, encourager la recherche esthétique, accompagner le développement sur la satisfaction « de 4 besoins primordiaux de l’enfant que sont l’amour, le respect, la confiance et le soutien ». Cousinet, Freinet, Montessori et Steiner ont eu des approches très différentes de ces problématiques. Sophie Madoun les décrit avec rigueur sous la forme d’un récit vivant. On apprend ainsi que certaines de ces pédagogies sont liées – de façon plus ou moins étroite, plus ou moins avérée – avec des mouvements philosophiques parfois discutés.

Les neurosciences et l’imagerie interventionnelle confirment aujourd’hui le bien-fondé de ces démarches: la lutte contre « l’illettrisme émotionnel » qui consiste à ne pas reconnaître ses émotions - généralement parce qu’elles sont réprimées – est une de leurs priorité, comme la culture « d’intelligences multiples ». Celles-ci développent chez l’adulte en devenir le sens de l’orientation, l’empathie interpersonnelle, la verbalisation du raisonnement, la connaissance de soi, la sensibilité au vivant, au monde qui nous entoure et au pourquoi de la vie…

Cette « bande des quatre » aura des succès inégaux. Il y a une centaine d’écoles Montessori en France – plus de 30 000 dans le monde – mais il s’en crée une par an dans notre pays. Les écoles Steiner ne sont que 22 en France, mais 1 100 dans le monde où elles accueillent 250 000 élèves. Mais la recherche en pédagogie est un foisonnement et ne se limite pas à ces mouvements. L’intérêt de cet ouvrage réside dans le fait qu’il explore tous ses aspects et prend en compte le rôle des enseignants bien sûr, des politiques évidemment, mais également celui des parents. Il est essentiel et ne peut être distingué de celui des professionnels de la pédagogie.

Les écoles alternatives : Montessori, Freinet, Steiner…les pédagogies de la bienveillance Sophie Madoun, Editions Grancher, 175 pages, 15 euros.

Sophie Madoun

Journaliste - Auteure

2 ans

Merci beaucoup, Marc!

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