La pédagogie alternative : préparer l'avenir de la société en favorisant autonomie, responsabilité et innovation
Près de la ville de Lüneburg, Allemagne du Nord

La pédagogie alternative : préparer l'avenir de la société en favorisant autonomie, responsabilité et innovation

Saviez-vous que la pédagogie Montessori (qui connaît aujourd'hui de plus en plus de succès) n'est qu'une méthode parmi plusieurs (pleins) qui ont vu le jour au début du XXème siècle ? L'époque était marquée par des grandes innovations et de profonds changements, tout comme aujourd'hui.

Qu'est-ce que la pédagogie alternative ?

La pédagogie alternative (qu'on appelait la pédagogie réformiste jusqu'au années 1940, un terme plus connu dans les pays nordiques qu'en France) se référait à la philosophie de Jean-Jacques Rousseau qui partait de l'hypothèse que l'homme est naturellement bon et qui proclamait le retour de l'homme à son état naturel. Le livre "The Century of the Child", écrit par la féministe suédoise Ellen Key en 1900, a été l'événement déclencheur pour porter un intérêt particulier à l'enfant qu'elle voyait dans toute sa sensibilité et sa naturalité. La pédagogie réformiste était né, tout comme d'autres mouvements qui se libéraient aussi du "corset trop serré de la civilisation". dans les domaines de la peinture, du théâtre, de la poésie, de la danse etc. et qui proclamaient la sensibilité, la liberté et la créativité sans limites.

Aujourd'hui, on parle beaucoup des effets impressionnants de la méthode Montessori qui permet "de savoir lire à 4 ans". Je tiens à clarifier que le mouvement pédagogique du début du dernier siècle (et Maria Montessori elle aussi) offrait bien plus qu'une méthodologie pour mieux apprendre. D'ailleurs, la sous-discipline de la pédagogie qui s'occupe de la transmission et l'acquisition des connaissances s'appelle la didactique. Au delà, l'immense boîte à outils de la pédagogie alternative permet de viser des objectifs qui concernent la vie sociale et l'épanouissement de l'être humain, tels que le sens de la responsabilité, la capacité de faire des choix et de prendre de l'initiative, la capacité et la volonté de comprendre et de communiquer avec l'autre et de trouver du consensus. Bref, de faire émerger des individus qui contribuent à une société saine.

La pédagogie réformiste met l'accent sur l'autonomie, l'auto-détermination et sur "l'humain" dans une approche holistique, cela veut dire qui prend en compte les besoins sur un plan physique, psychologique et spirituel. Favoriser la créativité et la réflexion sont le travail quotidien du pédagogue, qui est considéré comme un facilitateur et non pas comme un expert omniscient.

Ainsi, "savoir lire à 4 ans" n'est pas un but mais un effet possible (mais pas du tout indispensable) d'une méthode qui a compris bien avant les neurosciences le mode de fonctionnement naturel de l'être humain.

Qu'est-ce que la pédagogie alternative peut nous apporter aujourd'hui ?

Au début du XXème siècle, dans un temps marqué par le changement, l'insécurité, et l'éloignement des émotions "fines et tendres" qui étaient la conséquence et le contre-mouvement au progrès technologique et économique, le retour à la nature était un refuge et un moyen de retrouver du sens et de la profondeur. Dans les années, 70, the "Back to nature" a eu un deuxième succès. Le monde était frappé par la guerre de Vietnâm et de l'Algérie, et cela enchaînait avec le choc pétrolier.

Aujourd'hui, la recherche de silence, d'isolation, d'intimité est à nouveau d'actualité. Les yourtes, le yoga, la méditation et le bio se vendent comme du pain, ou doit-on dire comme du pain d'Essène cru ?

Est-ce que toutes les vieilles connaissances sur une vie saine et spirituelle qu'on ressort maintenant et qui parlent de la profondeur de l'âme sont une "vérité absolue" ? Est-ce qu'on s'était vraiment trompés pendant plusieurs décennies ? Dire "On l'a déjà eu, et puis on l'a abandonné !" n'est pas un argument pour dire que cela ne vaut pas le coup de faire une quête de sens et de vie naturelle à nouveau. Non, on ne renie pas les années 1980 à 2000 où nous avons trouvé le succès et l'argent vraiment très sexy ! On ne doit pas se déclarer "après coup" incompétents ou aveugles. A cette époque-là, ils nous fallait justement du succès matériel. Cela ne décrédibilisé 1968 et les années 1970 où l'émancipation et la quête du sens était au "désordre du jour". La société s'auto-régule. L'équilibre de la nature s'applique partout, dans nos actions, dans nos pensées et au niveau de la conscience psychologique, écologique ou spirituelle qui doit œuvrer.

Le fait que l'histoire se passe en vagues ne change rien au fait que la société a besoin de s'occuper des besoins de la planète et de ses habitants. Les menaces qui peuvent donner une fin à tout, nous indiquent la direction, même quand le fric redeviendra chic. Accueillons les bras grands ouverts tout mouvement qui s'engage pour l'écologie et l'humanité et toute nouvelle idée qui nous fait sortir d'une société qui est devenue une prison. Laissons-nous secouer par ceux qui osent rompre avec les codes, écoutons les cris de colère contre l'argent et le pouvoir de ceux qui n'en ont pas et de ceux qui en ont et pour lesquels ils sont une corvée car ils ne sont pas le résultat de vraie liberté ! Écoutons aussi les cris silencieux de nos corps qui manquent de vitalité et de nos cœurs qui manquent de courage.

La pédagogie alternative prépare la société à une plus grande liberté à laquelle nous aspirons tous. C'est la liberté d'être (être soi-même, être humain) qui permet d'apprendre à aimer soi-même, de sortir des apparences comme expression de manque de stabilité intérieure et de se créer une vie profondément satisfaisante et de pouvoir aimer en conséquence ce monde et ses habitants. Le travail pédagogique se fait dans la manière de considérer l'autre. C'est d'abord un esprit, sans lequel toute méthodologie est vide et inefficace, et même contre-productive, car les incohérences sont ressenties inconsciemment, et un décalage entre parole et réalité profonde favorise la déconnexion des émotions (essentielles pour le passage à l'acte à partir d'une information, comme les neurosciences le confirment) ainsi que l'acceptation de dysfonctionnements. Je m'exprime notamment contre toute forme de ranking (d'écoles et d'élèves) qui est en opposition à la recherche de diversité, de pluralité et de complexité. Je dénonce aussi la dépendance de l'élève de ceux qui sont censés de l'élever, en rappelant le sens de ce mot.

Je le considère comme une priorité politique de préparer les jeunes générations pour qu'ils lient innovation avec responsabilité afin d'apporter le véritable changement qui assure l'avenir de la planète. Le système éducatif (qui inclut les parents et les entreprises) a pour objectif de le permettre. La pédagogie alternative a toute sa place et ne doit pas être réduite et instrumentalisée dans le seul but de faire carrière. Avec l'établissement que je crée en ce moment, je voudrais montrer que l'épanouissement individuel est la clé pour l'avenir de la société !


Tabea Menez, 2017 

Foto : Elisabeth Dombrowsky 

*Premier article d'une série sur les nouvelles formes du travail et de l'apprentissage que je publierai ou cours de l'année 2017. Version modifiée et élargie.

Tabea Menez

J'organise vos PMSMP, un moyen de recrutement GRATUIT pour les entreprises ! (TRILINGUE : anglais - allemand - français)

4 ans

Cet article de 2017 devient drôlement d'actualité. Je pense fort à relancer mon projet d'école, annoncé en 2017 mais gelé pendant un moment.

Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Autres pages consultées

Explorer les sujets