Emotions et management

Aujourd’hui nous savons qu’il faut réfléchir au style de management et à la cohésion des équipes afin d’améliorer la qualité des relations dans l’entreprise. De nombreuses formations sont organisées régulièrement dans ce but.

On parle beaucoup de techniques de management et peu des émotions, alors que c’est précisément au niveau des émotions que se situent la plupart des ressorts de motivations. C’est à trop vouloir penser que les émotions restaient à la porte du bureau qu’un certain retard a été pris dans la façon d’envisager les relations dans le cadre professionnel. C’est un faux gain de temps de ne pas vouloir tenir compte des émotions vécues par chacun individuellement et au contact les uns des autres.

Le docteur Patrick Légeron, dans son livre très complet sur le stress, relève trois positionnements face aux émotions dans les entreprises en Europe. Celles où aucune émotion n’est tolérée, qu’elles soient positives ou négatives, il faut donc cacher ses émotions. Celles où seules les émotions positives sont bienvenues, telles que la joie, l’enthousiasme, c’est souvent le cas dans les domaines de la mode, de la pub, du marketing. Et finalement celles où toutes les émotions sont acceptées. Or, il se trouve que ce sont les environnements professionnels où toutes les émotions sont reçues et gérées qui créent l’environnement le plus propice au bien-être, donc à la performance et à la motivation.

Le but n’est bien sûr pas de laisser trop de place aux émotions personnelles des uns et des autres mais d’arriver à être conscient de ce qui nous arrive et de ce qu’il arrive aux autres, ce qui offre déjà un immense gain de liberté, car cela permet de mettre de la compréhension sur les interactions les plus tendues et d’éviter de nombreux dérapages.

Par exemple si vous sentez un de vos collaborateurs soucieux, il est important pour le bon déroulement de la journée de lui demander comment il va.  Le fait que son chef ou un collègue se soit inquiété de son état émotionnel et qu’il ait pu exprimer brièvement la cause de son souci a en soi un effet déstressant, et c’est un gain pour toute l’équipe.

Cette attitude « empathique » du manager implique une certaine distance par rapport à l’émotion de l’autre: reconnaitre, comprendre, éventuellement rassurer ou réexpliquer, s’il s’agit d’une inquiétude liée au travail, mais ne pas être dans la réactivité.

Reste à trouver le juste équilibre entre trop de conscience de l’autre et pas assez, et à cet égard nous sommes tous différents.  Certains ont tendance à peu réaliser l’état de calme ou de stress de leurs interlocuteurs alors que d’autres sentent tout de suite quand quelque chose ne va pas. Etre empathique avec les bonnes limites cela s’apprend avec l’expérience.

"Le stress au travail, un enjeu de santé", Patrick Légeron, Odile Jacob 2015.

 



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