En tous lieux vains et fades où gît le goût de la grandeur. (Saint-John Perse).
En quelques jours, je fête un anniversaire qui me rapproche du "grand âge" dont Saint-John Perse, dans Chronique, nous rappelle que sa "route est de braise et non de cendres", et le début de la retraite professionnelle.
Depuis des mois, je m'éloigne sans regret de la vie professionnelle, de ses hypocrisies, de ses mensonges, de ses bassesses, de ses turpitudes, de ses jeux de pouvoir - le pouvoir de dire non, le pouvoir de bloquer, le pouvoir de maintenir les acquis, le pouvoir de nuire, et si rarement, si difficilement le pouvoir de créer, d'innover, de réfléchir. Je m'éloigne avec plaisir de ces lieux vains et fades où gît le goût de la (fausse) grandeur, de la vanité, de la paresse organisée et, "en même temps", de la pression artificielle mais douloureuse , de la boursouflure, de l'esprit de mode et de sujétion, d'arrogance et d'allégeance.
Il semble que, dans notre pays, un jeune Président veuille rappeler quelques principes de conduite dans les choses humaines que je n'ai que trop rarement rencontrés et pu mettre en pratique et que je pensais, jusqu'à l'entendre, réservés aux anciens et aux sages.
Ce qui prédomine en toutes choses, c'est de se donner le temps. Etre maitre des horloges, comme dit ce jeune Président, se donner le temps long. Ah combien de dirigeants, de soi-disant petits maîtres en communication, marketing ou gestion feraient bien de s'en inspirer et de retenir la leçon. Il faut gérer le temps : se donner le temps de la lecture de l'organisation, de ses environnements, de ses évolutions en profondeur qui évoluent comme le mouvement des masses tectoniques, et qui, soudainement, s'érigent et brisent les conventions; se donner le temps de comprendre, de tester, d'écouter, et savoir quand les fenêtres des astres permettent d'inscrire les changements dans les faits, dans l'action.
"La vie est toute action, l'inertie c'est la mort. Malheur aux incertains et aux parcimonieux, on périt par défaut bien plus que par excès. Le dernier terme de la dégradation du radium, c'est le plomb". Saint-John Perse nous rappelle dans une langue différente mais non moins profonde que la Parabole des Talents que trop d'entreprises entreprennent des changements apparents à grand renfort de publicité et de communication qui ne remettent rien en cause dans le fonctionnement réel et qui conduisent les entreprises à la stagnation, à l'appauvrissement culturel et commercial, et parfois à leur disparition, dans un autre groupe ou dans la fermeture. L'action, ce n'est pas l'activisme. C'est une stratégie qui répond à un besoin vital, et non à une agitation. C'est un choix réfléchi et raisonné et non une réponse à la mode, aux impulsions de l'environnement des conseils ou des médias.
Le temps, l'action, et la modestie. Mieux vaut avancer modestement que chercher le brio. Mieux vaut écouter que répéter les discours en vogue. Mieux vaut passer pour un ringard que pour un brillant causeur : "L'avantage d'être un causeur brillant ne vaut pas celui d'être replié sur soi-même". (Charles de Gaulle, Notes et Carnets). Replié sur soi-même, cela veut dire réfléchir, écouter, chercher à comprendre, reprendre, valider. Valider auprès de tous.
Car ce que j'ai appris de plus important, c'est que l'intelligence ne se développe qu'au contact d'autrui. De tous. J'ai les diplômes, mais j'ai plus appris des choses humaines, de leurs interactions, de leurs développements , de leur bassesse comme de leur grandeur en écoutant les phrases les plus simples d'ouvriers et de techniciens sur la réalité de leur environnement. J'ai plus appris du courage, de la prise de risque, de la foi en la vie de toutes ces personnes par leur prise de décision, leurs actions, leurs engagements que de bien des dirigeants et de cadres.
Car pour un manager, en plagiant là encore Charles de Gaulle, il faut sans cesse rappeler que " la véritable école du Management (du Commandement, dans le vocabulaire de De Gaulle) est la culture générale". Car la culture générale, ce n'est pas la compilation des articles de magazines, mais un travail personnel de lecture, de réflexion et d'écoute des autres et de l'environnement.
Et ce n'est pas être un intellectuel au sens galvaudé du terme, mais au sens de Malraux après qu'il ait partagé les combats des paysans espagnols comme il l'a restitué dans L'Espoir : " Un intellectuel n'est pas seulement celui à qui les livres sont nécessaires, mais tout homme dont une idée, si élémentaire soit-elle, engage et ordonne la vie".
Etre un manager, c'est avoir, c'est défendre, c'est illustrer des convictions.
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7 ansBelle réflexion !
Mypeople © - Directeur RH à temps partagé - Ancien avocat en droit social paie et conseil RH - Conseiller prud'homal - Expert indépendant en risque psycho social
7 ansDans la carrière où nous marchons, faisons que tous nos pas nous conduisent vers la lumière, la science et la simplicité. Avec mes meilleurs souvenirs. michel.
Designer et Facilitateur de sessions collaboratives pour rendre vos équipes plus agiles et performantes
7 ansBravo Michel Bichet et au plaisir de vous lire encore longtemps ...
Retraitée ex Directrice Développement B.Julhiet
7 ansmerci Michel pour ce que vous avez ecrit et pour etre reste fidele a vous meme
Professeur de management et entreprises responsables - Chercheur - Auteur - Conférencier
7 ansBonne et longue route Michel. Merci pour ce billet. Merci pour les articles.