Episode quatre-vingt-quatre : Mise au « rencard »
Journal d'une chômeuse, blog pas déprimant d’une chômeuse en quête d'un job impossible. A retrouver sur facebook
Cela fait maintenant près de sept mois que je suis inscrite au chômage. Abonnée par obligation à Pôle Emploi et à des dizaines d’autres sites proposant du job. Chaque jour, ma boite mail est envahie d’annonces.
Sept mois que je rame dans le vide. Mon « espace personnel » de chez Pôlo réceptionne le compte-rendu de mes rendez-vous avec mon conseiller. Mes attestations de paiement. Parfois un message automatisé m’incite à modifier mon CV ou fixe l’heure et le jour de ma prochaine visite obligatoire.
Bref, rien ne peut m’échapper. Les algorithmes sont à la manœuvre.
Pour ceux qui l’ignorent, lorsqu’on s’inscrit, on cible les emplois recherchés par un mot-clé. Pour moi, on trouve : journaliste, rédacteur, pigiste, correspondante… De quoi ratisser large et être avertie de tout gagne-pain potentiel.
Et durant ces fameux sept mois, malgré ma relative assiduité, je n’ai jamais trouvé dans la Nièvre une seule annonce pouvant s’y référer.
Jusqu’à aujourd’hui.
Aujourd’hui un magazine recherche un « journaliste, rédacteur » dans le département. Deux mots qui auraient dû faire hurler ma boite mail jusqu’en Antarctique ! Eh ben non, ça aurait été trop simple… L’annonce date déjà de cinq jours ! Cinq longues journées que j’ai laissées filer en ne consultant pas moi-même directement le site. Résultat : 120 heures durant lesquelles dix-huit autres personnes ont eu le temps de candidater.
Je le sais, car l’info du nombre de postulants t’est précisée… sur le site. Histoire de te filer un coup supplémentaire.
Il y avait une seule licorne – parce qu’en plus il s’agit d’un CDI – qui aurait dû m’arriver et Pôlo a fermé sa gueule ! Mon conseiller, alors que je suis en contrat de sécurisation professionnelle, ne m’a pas averti non plus. Normal, il est en vacances. Je le sais (ça aussi) grâce à ma boite mail qui – pour cette info-là – n’a pas oublié de me passer le message.
Alors à l’aube, j’ai postulé. La rage au ventre. Avec la sensation très nette qu’il est trop tard. Pas parce que mes compétences ne sont pas au rendez-vous.
Mais parce qu’une machine m’a posé un lapin.
(dessin du chouette Mutio)