🔍Est-ce que mon emballage est recyclable? Explications
72% de taux de recyclage pour les emballages ménagers en France, 30% pour les emballages en plastique.[1]
Recyclage. Kesako? Que signifie ce terme si souvent utilisé ? Quand pouvons-nous considérer que notre déchet est effectivement recyclé ?
Le Larousse définit le recyclage comme «[L’] ensemble des techniques ayant pour objectif de récupérer des déchets et de les réintroduire dans le cycle de production dont ils sont issus ». Plus technique, l’Organisation Internationale de Standardisation (la fameuse « ISO ») a établi selon la norme ISO 18604 :2013 que le recyclage est : "[Le] retraitement, au moyen d’un procédé de fabrication, d’un matériau d’emballage usagé en un produit, un composant incorporé dans un produit ou une matière brute secondaire (recyclée) […]."
En France, en fonction de la typologie de déchets et de là où nous nous trouvons, le trajet jusqu’au recyclage peut être différent. Dans cet article, je m’intéresse à la situation où je suis chez moi et je souhaite jeter mes déchets du quotidien, bien souvent des emballages. Que devient-il ? Est-ce qu’il sera recyclé ?
Quelles sont les étapes clés du recyclage ?
Plusieurs étapes sont nécessaires pour recycler :
#1 je mets dans la bonne poubelle : 1 seconde. C’est le temps qui est considéré comme raisonnable à passer devant la poubelle pour savoir où déposer son déchet. Ensuite, cela devient un micro-stress. Dès cette année en 2022, partout en France, nous pourrons mettre tous les déchets d’emballages dans la poubelle jaune. Plus (beaucoup) de questions à se poser dans ce cas ! Trier au quotidien devient simple : c’est un emballage, je le mets dans la poubelle jaune.
Cette simplification a pris du temps puisqu’elle nécessite la modernisation des centres de tri. Ces investissements de plus d’1 milliard d’euros réalisés par différents acteurs dont l' ADEME , Citeo , syndicats de traitement de déchets, collectivités locales etc.
Nous mélangeons les emballages dans la même poubelle comment fait-on pour les recycler ensuite ? Sont-ils tous recyclés ensemble ?
#2 ma poubelle jaune est collectée par camion
#3 Et emportée jusqu’à un centre de tri :
Une étape essentielle pour le recyclage est la séparation par matériaux. Celle-ci sera faite par des centres de tri dont l’unique fonction est de séparer les déchets par matières pour les massifier.
Ces centres de tri sont de plus en plus mécanisés avec un enchaînement de machines plus ou moins sophistiquées qui permettront alors de trier par taille, par forme et finalement par matières.
Finalement, en entrée du centre de tri, nous avons nos poubelles jaunes vidées en vrac avec un monticule de déchets d’emballages différents. En sortie, des lots homogènes sous forme de paquets ont été créés, appelés des « balles ».
#4 le recyclage (finalement) et la valorisation énergétique ou l’enfouissement : Grâce aux centres de tri, nous sommes passés de déchets en mélange, sans valeur économique à des balles représentant :
- Beaucoup de matières
- D’une même typologie
- Avec des débouchés constants et ayant une valeur commerciale.
C’est la 1ère condition pour que le recyclage fonctionne : Des industries peuvent compter sur une matière première secondaire connue et avec des volumes garantis.
La 2ème condition est que le produit issu du procédé de recyclage ait :
- Une valeur économique : des entreprises, des personnes sont prêtes à payer pour l’obtenir.
Les pénuries de matières et le réglementaire avec l’obligation d’intégrer de la matière recyclée sont des tremplins pour le développement des industries du recyclage.
- Une logique environnementale : Recycler n’a un intérêt que si le procédé complet pour obtenir la matière recyclée a un meilleur bilan environnemental que la production de la matière qu’elle substituera.
Si les 2 conditions sont remplies, nous pouvons parler de filière de recyclage.
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Certains emballages, pour diverses raisons, ne répondent pas à cette 2ème condition. Ils seront alors incinérés ou enfouis. En Europe, l’incinération est soumise à l’obligation de valoriser l’énergie produite lors du traitement des déchets qui sera utilisée alors sous forme de chaleur ou d’électricité.
Sera ou ne sera pas recyclé… comment, pourquoi ?!
Avant d’exposer simplement quelques grandes règles pour s’y retrouver, gardons en tête que de nombreux débats ont eu lieu au niveau européen pour se mettre d’accord sur ce qu’est être « 100% recyclé ». Est-ce que le bouchon, l’étiquette, les encres, les colles doivent être recyclés également pour pouvoir clamer sur son emballage qu’il est « 100% recyclable » ? Et clairement c’est (très très) rarement le cas. C’est un enjeu économique puisque la France a payé 1,2 milliard d’euros de « taxe plastique » en 2020[2]. Améliorer la recyclabilité des emballages devient alors une nécessité financière.
Quelques notions phares pour y voir plus clair sur la recyclabilité des emballages :
#idée1 - Quand la vieillesse prime : Le papier, le carton, le métal, le verre sont des matériaux qui sont utilisés dans l’industrie depuis plusieurs siècles parfois. Ces filières ont été mises en place il y a de nombreuses années, les procédés industriels sont établies, ces matériaux se recyclent donc très bien.
#idée2 – Miser sur la simplicité : Les industriels du recyclage, comme tout industrie, souhaitent connaître la matière qui sera mise dans leur process le plus précisément possible. Rappelez-vous que c’est d’ailleurs pour cela que les centres de tri existent ! Limiter les encres, les colles, les mix de matériaux permet donc de donner à l’emballage un maximum de chances d’être recyclés. De ce fait, toute excentricité est à bannir. Les emballages les plus simples sont les plus facilement recyclables.
Par exemple, la brique alimentaire est composée de 3 matériaux : la cellulose (base du papier) et d’un mélange de polyéthylène et d’aluminium appelé PolyAl. Aujourd’hui, la cellulose sera très bien recyclée – souvent en papier hygiénique - mais le PolyAl manque de débouchés. Les fabricants travaillent donc à avoir une brique en « mono-matériau » pour faciliter le recyclage.
#idée3 – Des plastiques, des solutions : Postulat de base très important : Il n’existe pas un plastique mais plusieurs plastiques différents. Cette année en 2022, nous pouvons mettre tous les emballages dans la poubelle jaune partout en France. Mais jusqu’à ce que les règles de tri changent, on ne triait qu’une partie des emballages en plastique : les bouteilles et flacons uniquement . Pourquoi ? Parce que le process de fabrication de ces derniers garantit qu’il n’y aura qu’une seule matière plastique utilisée. On revient à notre #idée2 – Miser sur la simplicité ! 95% des bouteilles et flacons sont en PET, PP ou en PEHD, dont les filières de recyclage existent.
Pour les pots, les barquettes, les films, les sachets etc., c’est un autre sujet. Pour répondre aux différents enjeux liés au produit qu’il protège, l’emballage nécessite parfois d’être fabriqué avec différentes matières. Par exemple, la barquette de jambon est souvent en PET et en PE. De surcroît, les matières plastiques rigides et souples ne se comportent pas de la même manière au recyclage. Et c’est là que tout se complique !
Les emballages en plastique qui seront recyclés les plus facilement réunissent alors les critères suivants :
- Ils sont rigides
- Fabriqués avec une seule matière plastique qui peut être du PET (Polytéréphtalate d'éthylène), du PE (Polyéthylène) ou du PP (Polypropylène)
- Sans opercule (parce que l’opercule est souple et donc se comporte différemment : CQFD) mais peuvent avoir un couvercle intégré s’il est de la même matière que le corps de l’emballage
- De préférence sans étiquette. Les étiquettes (ou manchons) seront difficilement recyclées actuellement, les matériaux ne se comportent pas pareil que le corps principal de l’emballage.
- Et si possible transparent !
En bref, des filières de recyclage peuvent être créées ad hoc pour des entreprises, c’est ce que fait par exemple Groupe TGW - Tri-O Greenwishes Groom . Cependant, affirmer qu’un déchet dispose d’une filière de recyclage nécessite la réunion de 3 éléments :
1. Il peut être collecté partout sur le territoire national. Les consommateurs ont accès facilement à un point de collecte.
2. Il y a un intérêt économique à le trier, le stocker, le transporter jusqu’à une industrie du recyclage.
3. C’est bénéfique d’un point de vue environnemental : Recycler n’a un intérêt que si le procédé complet pour obtenir la matière recyclée a un meilleur bilan environnemental que la production de la matière qu’elle substituera.
Head of Environmental Excellence & Circularity chez Kering
2 ansBravo Constance Bachoud, Directrice de l'Innovation Circulaire pour ton article éclairant ! J’ajouterais un point : la recyclabilité s’évalue sur un objet et non pas sur un matériau. Une confusion que l’on observe souvent. Par ex., mon objet (jouet, DVD, ..) est en plastique certes mais n’étant pas un emballage, je ne le mets pas dans le bac jaune et je dois trouver le point de collecte qui lui est dédié. Ma vitre est en verre mais elle ne va pas dans le bac des emballages en verre. Bref un fournisseur qui dit que son matériau est recyclable, est à la limite du greenwashing si ce n’est dedans les pieds joints ;-)
🔸 Responsable de projets RSE/ESG 🔸 Communication RSE 🔸 Transformation et stratégie RSE
2 ansTrès intéressant et pédagogique ! Bravo pour cet éclairage
Spécialiste packaging 📦 pour des solutions techniques et réactives à vos besoins d'emballage en Centre-Val de Loire
2 ansFélicitations pour cette explication précise et complète !
Traductrice EN, ES>FR | Professeure de langues | Promotrice du changement social
2 ansMerci, c'est un article clair et très intéressant.
Militant pour que la NATURE reprenne ses droits et trublion de l'emballage !
2 ansConstance Bachoud, Directrice de l'Innovation Circulaire Et pour les produits alimentaires frais, les emballages doivent garantir la conservation du produit (microbio et organo) et être inertes vis à vis du produit emballé. Deux items fondamentaux et réglementaires préalables aux notions de fin de vie ou seconde vie. Très important.