Et la logistique ... bordel !

Au Rolling Lab, nous incubons des start-up de la logistique et de la mobilité. Dans ces 2 secteurs d’activité, les marges de progrès sont encore énormes que ce soit en matière d’efficacité ou d’intelligence.

Toutefois, autant la mobilité des personnes attire sur elle les feux de la rampe, autant la logistique reste le parent pauvre en matière de communication Grand Public !

Venant moi-même du monde de la mobilité des personnes lors de mon arrivée en 2015 chez Paris&Co, j’ai découvert avec beaucoup d’intérêt la place que prenait la logistique dans le – plus ou moins – bon fonctionnement de nos villes et métropoles.

Deux illustrations un peu caricaturales :

• Vous pouvez décider de ne jamais quitter le territoire de l’Ile de France et vivre une vie presque normale. Essayez par contre de ne consommer que des produits fabriqués en Ile de France (alimentation, carburants et combustibles, équipements électroniques, vêtements, médicaments, …) et votre vie devient singulièrement compliquée !
• Même situation résumée en moins de 140 signes : sans les acteurs de la logistique, vous mourez de faim en quelques semaines, nu comme un ver qui plus est !

En deux ans, j’ai appris à résumer ainsi la situation de façon plus politiquement correcte : la logistique est un secteur inconnu, non reconnu et de fait encore moins valorisé ! Et pourtant la logistique, ce sont 25 000 entreprises, 1,6 millions d’emplois et 179,9 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France (source : rapport Afilog 2017), soit le 5ème secteur d’activité de France. Ce sont également des métiers en tension dans lesquels les besoins en recrutement sont considérables. Demandez aux conducteurs de poids lourds s’ils ont du mal à trouver un emploi ou aux entreprises de livraison si elles cessent un seul jour de recruter.

Dans le dossier de candidature des JO de Paris 2024, le mot « logistique » n’apparaît que 3 fois au contraire de l’exposé approfondi des moyens de transports de personnes qui seront disponibles dans 7 ans. Et pourtant comment organiser des jeux olympiques si vous ne pouvez pas faire parvenir efficacement de quoi restaurer sportifs et spectateurs, si vous ne pouvez pas mettre à disposition le matériel nécessaire à la pratique des différents sports, si vous ne savez pas comment évacuer les déchets de tous ordres produits par ces rassemblements et ces évènements….

La circulation en ville, ce ne sont pas que les automobilistes ! Ce sont aussi des camions, des camionnettes, des vélos, des scooters, des voitures. La logistique en ville, c’est vous et moi quand nous faisons nos courses, ce sont les magasins et supermarchés qui se font approvisionner, ce sont les livreurs du e-commerce, ce sont les coursiers à vélo qui vous apportent votre burger au bureau, ce sont les artisans du bâtiment qui viennent rénover votre appartement ou changer votre chaudière… Tous ces acteurs de la vie en ville doivent être pris en compte. Il est nécessaire d’intégrer leurs contraintes dès la conception des grandes infrastructures et des grands équipements.

Quand le gouvernement organise les « Assises de la Mobilité », les acteurs de la logistique font grise mine en découvrant que seule la logistique de proximité est intégrée au périmètre de réflexion alors que la logistique, c’est une chaîne de livraisons qui prend racine en Chine, à l’autre bout de l’Europe ou simplement de la France ! Encore une fois, en 2017, ce secteur d'activité est intégré comme un parent pauvre un peu honteux alors qu’acteurs de la logistique et et voyageurs se croisent à chaque instant dans l’espace public, entraînant toutes les joyeusetés que l’on connait : encombrements, pollution, concert de klaxons … que ce soit dans les centres-villes mais aussi en périphérie de ceux-ci.

Alors, quand j’entends une énième fois de plus parler de la fin des moteurs thermiques à Paris en 2030 comme de la fin des voitures à essence (cf. journal de France Inter de 8h00 de ce jeudi 12 octobre https://www.franceinter.fr/societe/paris-la-fin-des-voitures-a-essence-en-2030), je m’étrangle une fois de plus et une fois de trop !

Il est temps que les élue.s, les citoyen.ne.s et les journalistes s’intéressent véritablement à la logistique et à toutes ses déclinaisons pour que nos villes deviennent véritablement plus vivables et plus agréables !