Et si en réalité, nous étions heureux ?
Pourquoi le bonheur est-il si absent des analyses data ? On mesure toutes nos décisions avec des euros mais jamais en quantité de bonheur. Et pourtant… Nous serions étonnés !
Savez-vous que la France, ce pays de râleurs, de contestataires, d’éternels insatisfaits ou même de crétins (François Berléand hier) est dans le top des pays les plus heureux ? Selon une étude IPSOS datant de 2019, 80% des Français se disent heureux (contre 46% des Espagnols par exemple). La France est même le seul pays à être de plus en plus heureux étude après étude, dans un contexte mondial où le sentiment d’être heureux a perdu 11 points entre 2011 et 2019 (de 75% à 64%).
Toutes les études menées sur le sujet (Ipsos donc mais aussi BVA, Ifop, Elabe) montrent une augmentation du bonheur en France au cours de la décennie 2010 et une baisse du pessimisme (jusqu’à -26 points selon BVA entre 2011 et 2018). Etonnante croissance du bonheur dans une période durant laquelle notre PIB a plutôt stagné et nos tensions sociales se sont durcies.
Aller plus loin dans l’analyse met en lumière les singularités françaises sur le sujet : la santé économique du pays, mais aussi les convictions religieuses et le temps passé sur les réseaux sociaux ne sont pas des sources de bonheur en France, contrairement à d’autres pays.
Autre particularité, nous sommes de loin le pays dans lequel la différence entre la situation personnelle (très bien jugée, donc) et la situation de la société (plus sévèrement jugée) est la plus forte. Cet écart sera à nouveau frappant dans l’étude que C-Ways a la chance de réaliser pour l’Observatoire Cetelem et qui sortira en février prochain.
La France, un pays où on se sent plus inquiet de la situation générale que de sa propre situation ? Et si nous étions finalement plus … collectifs ?
Autre point intéressant : le sentiment de bonheur dépend peu du genre (égal entre hommes et femmes), de l'âge (avec un niveau plus élevé tout de même des 25-35 ans et des plus de 65 ans) de la région d'habitation (pas de différence Paris et région par exemple) et plus étonnant sont les faibles écarts selon … le niveau de revenus, si l'on en croit le baromètre Ifop sur l’état d’esprit des Français. Même les électeurs de M. Mélenchon ou de Mme Le Pen sont plus de 60% à se dire heureux.
En revanche, on note dans cette étude une différence sur les tailles d’unités urbaines ; confirmé par le baromètre des Territoires de l’Institut Montaigne, pour qui l’isolement apparait comme le frein au bonheur numéro 1, évoquant même un segment de Français assignés « bloqués géographiquement et socialement » et représentant ¼ de la population. Le bonheur ne serait donc pas toujours dans les prés, alors qu'après les confinements beaucoup pensent pouvoir trouver la félicité loin du tumulte et de la promiscuité urbaine.
Nous en revenons donc à l’étude de référence sur le sujet, publiée par Harvard fin 2015 qui s’est penchée sur les facteurs du bonheur. Souvenez-vous, il était apparu de cette étude menée sur une inédite cohorte suivie sur soixante-quinze ans que l’argent et la célébrité n’ont aucun impact sur le bonheur (savoureux quand on pense que devenir riche et célèbre sont considérés de loin comme les deux critères d’une vie réussie !).
Non, cette étude a clairement montré que le premier facteur du bonheur est la qualité de ses relations sociales (et non la quantité, à bon entendeur à tous les chasseurs de likes).
Alors, si nous reprenions le fil de nos relations, de nos débats, de nos rires, de nos entraides, de nos apéros, de nos discussions enflammées et qu'on rangeait le PIB dans le tiroir des indicateurs « Ok boomer » ?
Agente artistique, Experte en identité numérique LinkedIn, Militante culturelle
3 ansSolenn Thomas les kpi du bonheur ;)
Independent CMO
3 ansNice :) je suis sûr que lire de bonnes analyses comme ça contribuent aussi à l’augmentation du bonheur, ça doit être une variable explicative! Happy new year