Et si l'échec n'existait pas ?

Le mot « échec » vient du persan شاه مات, shâh mât « le roi est mort » (qui a donné échec et mat ) et de l’ancien français eschac, eschec signifiant « butin ».

Il y aurait donc un butin dans l’échec ?

Je vous propose de changer notre point de vue sur l’atteinte ou non de nos objectifs.

En mode projet, on part d’un point A, la situation actuelle, et on cherche à se rendre au point B, la situation désirée. On se trouve alors face à une arborescence de choix, de chemins possibles, qui nous amèneront à prendre des décisions dont l’objectif est de nous amener à notre but, le point B.

Imaginons que nous soyons au pied d’un arbre et qu’on souhaite se rendre sur sa plus haute branche parce qu’on sait que c’est là qu’il y a les meilleurs fruits, ceux qui ont le plus profité du soleil. A chaque embranchement, on devra choisir la branche sur laquelle on va grimper et qui va nous rapprocher du sommet.  

Mais il arrive parfois qu’on atteigne le point C qui n’est qu’à mi-hauteur de l’arbre.

Est-ce pour autant un échec ?

Se pourrait en être un si on saute du haut de la branche. Fin de l’histoire.

Mais la nature humaine n’est pas faite ainsi. Simplement parce que la vie continue et que l’humain est programmé pour agir.

A ce point de l’aventure, s’offre à nous au moins 3 possibilités (j’exclu à priori de sauter du haut de la branche…)

1)     On reste ou on est et on se contente des fruits ayant eu moins de soleil. Ils ne sont pas si mauvais et après tout c’est déjà un résultat.  

2)     On change d’arbre et à défaut de cerises on se contentera de nèfles…  C’est aussi un résultat….

3)     On prend le temps du bilan et on se pose 4 questions :

a)      Quel est mon objectif 1er?

b)     Quel objectif ai-je réellement atteint ?

c)      Quel est l’écart entre le résultat attendu et le résultat obtenu ?

d)     Si je devais recommencer, que ferai-je autrement, ou pas ?

Cette analyse de pratique, et tout particulièrement la question 4, va nous permettre de tirer des leçons de nos actions.

En reprenant le processus de décision en amont, par une analyse fine des décisions prises (telle ou telle branche ?) on peut trouver les choix « d’itinéraire » qui n’ont pas été suffisamment judicieux pour nous amener à notre objectif.

Voici ou se situe le butin dont je parlais plus haut :   

On a appris ! Et même quelque fois, bien plus qu’en ayant suivi le cursus de n’importe quelle grande école. Rien ne vaut l’expérience car les émotions vécues ancrent profondément en nous les compétences et les savoirs acquis.

Comprendre quels ont été ces choix, mais aussi et surtout pourquoi on a fait ces choix, permet une vision à posteriori du résultat obtenu elle aussi génératrice d’expériences. (Je vous parlerai une prochaine fois des biais cognitifs et de leur influence sur nos prises de décisions).

J’ai personnellement banni le mot « échec » de mon vocabulaire : ou j’ai atteint mon objectif ou j’en ai atteint un autre et c’est encore ici que la notion de « butin » se trouve, en répondant à la question suivante :

En quoi cette situation a été bénéfique pour moi ? 

Ah ! Savez-vous que « butin » vient du terme allemand Beute, lui-même probablement issu du gaulois Boudi signifiant : « victoire », « profit ». ?

L’échec existe-t-il encore pour vous ?