Et si on s'inspirait des sages de la civilisation pré-aztèques?
Médire, prendre tout pour soi, interpréter, ressasser... Autant de postures négatives que les Toltèques récusent.
Voyage dans leur philosophie avec Patrice Ras, conférencier et formateur.
Les Toltèques auraient apporté aux Aztèques leurs savoirs scientifiques et leur philosophie. En 1997, le médecin-chamane et auteur mexicain Miguel Ruiz* extrait la quintessence de cette culture ancestrale, transmise par voie orale, au travers de cinq accords qu'il écrit. Une sorte de code de bonne conduite pour vivre en harmonie avec soi et les autres. Universel et intemporels, ces principes peuvent être inspirants pour les managers car aptes à briser les croyances limitantes de chacun et à faire émerger l'intelligence collective de l'équipe. Voyage dans leur philosophie avec Patrice Ras, conférencier et formateur. A chaque leader de les incarner avec son propre style.
1. "Que votre parole soit impeccable"
Qui n'a jamais critiqué son collègue, son chef, le fournisseur ? Qui n'a jamais colporté des rumeurs ? Or pour les Toltèques, la parole est un don divin, elle est sacrée, car elle nous distingue des animaux. Il faut la respecter, en ne proférant pas n'importe quoi et à n'importe qui. Le tabou chez les Amérindiens, c'est de parler sur les autres ou contre les autres. Ce principe incite à soigner son expression orale, à parler avec intégrité et à ne dire que ce qu'on pense - sa vérité - sans dénigrer quiconque (ni soi-même).
Le bénéfice : une communication fluidifiée dans l'équipe, des relations plus confiantes, la possibilité pour chacun de formuler son ressenti en toute sécurité.
Les conseils : Parlez directement aux autres via des demandes et non des reproches ; en vous adressant à vos collaborateurs remplacez les "mais" saboteurs par des "et" ; évitez d'utiliser les "on" et les "nous" ("on y va"!), ce qui équivaut à se positionner à leur place.
2. "N'en faites pas une affaire personnelle"
Votre chef récupère l'un de vos dossiers ? Vous le maudissez de vous pénaliser alors qu'il s'agit sans doute pour vous soulager. Vous prêtez aux autres des intentions qu'ils n'ont pas... "Ce que les autres disent ou font n'est qu'une projection de leur propre réalité et de leurs croyances", résume Miguel Ruiz. Il y a votre perception et celle de vos interlocuteurs. Votre interlocuteur, de son côté, peut aussi se sentir attaqué par vous en croyant que... à tort. Chacun vit des choses dans sa bulle. Dès lors, pourquoi se sentir blessé par tels propos ou agissements ? Pour les Toltèques, les individus sains n'agissent pas exprès contre autrui. Cet accord invite à faire taire son ego, à prendre du recul.
Le bénéfice : le gain du temps et de l'énergie perdus dans les querelles d'ego, la disponibilité de tous quelles que soient les circonstances (crise, problème aigu...)
Les conseils : Prenez la responsabilité de vos émotions ; face à un événement stressant, faites le distinguo entre votre mission et votre personne, qui ne se limite pas à effectuer ces tâches ; évitez de répliquer à un n-1 ébranlé par une décision ,"c'est ton problème"; dites : "Je réalise ce projet avec Jean" et pas "pour Jean".
3. "Ne faites aucune supposition"
Les projets que vous jugiez enthousiasmants font un flop ? Vous avez anticipé à tort l'enthousiasme de l'équipe. Zoé ou Jean ne vous ont pas dit "bonjour" ? Vous imaginez, que ces deux-là vous en veulent, alors qu'ils ne vous ont pas vu. Votre mental interprète tout et cherche des explications rationnelles, souvent en négatif. Cet accord pousse à vérifier ce qui se passe chez l'autre - s'il a bien compris, s'il a objections... - et à communiquer clairement sur vos besoins, vos désirs, votre attente.
Le bénéfice : l'évacuation de tout ressentiment, laissant de l'espace dans votre tête et dans celles de vos collaborateurs, pour avancer.
Les conseils : Posez des questions ouvertes à vos interlocuteurs avant de juger leur état d'esprit ; repérez vos pensées parasites, "Il a l'air de..", "J'ai l'impression que..." ; allez voir Zoé ou Jean pour récolter leur point de vue ; acceptez de dire "Je ne sais pas"; proscrivez les sous-entendus.
4. "Faites toujours de votre mieux"
"Si j'avais su", "J'aurais dû", "Pourquoi n'ai-je pas... ?" Cette auto flagellation ne sert à rien. Une fois le travail rendu, les dés en sont jetés, inutile de refaire l'histoire, de culpabiliser. Les Toltèques sont à 100% dans le présent. En outre, comme la mort ne prévient pas, ils convient de faire ou de dire les choses tout de suite, en luttant contre la procrastination. Cette maxime exhorte à l'action forte et immédiate plutôt qu'à la réflexion en boucle, qui tue la prise de décision.
Le bénéfice : la prise en compte des limites de chacun... et du potentiel de tous ; la satisfaction d'avoir exploité pleinement ses capacités et celles du groupe.
Les conseils : Réglez les problèmes au fur et à mesure, et faites-le à fond pour éviter regrets et remords ; bannissez les règlements de compte qui vous plongent dans le passé. ; tirez parti de vos erreurs (et de celles de vos coéquipiers).
5. "Soyez sceptique mais apprenez à écouter"
Prenez le temps de laisser la parole de l'autre se décanter en vous, puis utilisez la force du doute pour remettre en question les vérités présumées énoncées par votre entourage ou votre dialogue interne. Car selon les Toltèques, la vérité en soi n'existe pas. Cette posture engage à faire preuve de discernement et de lucidité, à s'ouvrir à d'autres possibles, à la tolérance et au partage.
Patrice Ras est conférencier, formateur et l'auteur de deux ouvrages aux éditions Jouvence : "Les fabuleux pouvoirs des accords toltèques" (mai 2010) et d'un petit cahier d'exercices sur le sujet (mars 2015).