Faut-il réinventer les examens ?

Faut-il réinventer les examens ?

Avec le confinement, la priorité a été donnée à la continuité pédagogique : tous les prestataires de formation ont déployé un plan de digitalisation de leurs formations. Mais, une nouvelle priorité arrive avec le mois de juin, souvent synonyme d’examens.

On associe toujours au terme « examen » le terme de « note ». Cette note marque l’expérience de formation du sceau du succès ou de l’échec. D’ailleurs, on se souvient davantage de la note que des appréciations qui aident davantage à progresser. La note a une longue histoire et le système de notation sur 20 voit le jour en 1891, héritage de Jules Ferry. Et la confiance attribuée à la note a perduré.

La note a ses biais : stress, démotivation, subjectivité de l’enseignant dans sa notation d’examens etc. Dans ses travaux, André Antibi a défini ce qu’il appelle la « constante macabre », responsable de nombreux échecs. En effet, on note la valeur du travail et non la progression de l’apprenant.

Trois conditions sont nécessaires aux apprentissages : la motivation, la mémorisation et l’évaluation. Il ne faut pas confondre notation et évaluation. D’ailleurs, depuis la fin des années 80, la culture de l’évaluation a remplacé dans les textes réglementaires le diktat de la note. L’évaluation comporte deux voies :

• L’évaluation des connaissances : ce qu’on a appris et retenu

• L’évaluation des compétences : ce que je sais faire

Cette dernière nécessite toutefois de formaliser des objectifs avec la taxonomie de Bloom qui permet une hiérarchisation en 6 niveaux : connaissance, compréhension, application, analyse, synthèse et évaluation.

Pour apprendre, on a besoin d’être évalué en permanence sans attendre la sanction finale. Stanislas Dehaene définit le droit à l’erreur, 3ème des 4 piliers de l’apprentissage en neurosciences. Il faut se tromper pour progresser et apprendre. La condition de réussite est le feed-back qui indique la bonne voie.

En somme, l’évaluation est préférable à la notation car elle permet d’évaluer les compétences et la progression de l’apprenant. Elle peut être diverse : diagnostique, sommative, formative et certificative.

En cette période de crise sanitaire, l’organisation des examens est bouleversée, ne serait-ce pas le bon moment pour réinventer les examens ?

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