Fin du télétravail : Plaidoyer pour une approche nuancée
🤔 Le cabinet Arthur Hunt Executive Search est toujours surpris par la promptitude de certains à brûler aussi vite quelque chose qu’ils avaient pourtant encensé. Cela n’a pas loupé lorsque récemment, le CEO d’Amazon a annoncé son intention de bannir le télétravail dans toutes ses entités. Il fut aussitôt question de la mort inexorable du télétravail à cause de ses aspects négatifs sur l’organisation.
Une récente étude mondiale de KPMG fait d’ailleurs observer que 84% des CEO dans le monde envisage un retour au bureau dans les trois ans. Ce chiffre n’était que de 64% en 2023.
✅ Néanmoins, ne l’enterrons pas si vite ! Souvenons-nous que le travail en mode distanciel nous a tous rendu un fier service durant la crise sanitaire du Covid-19. Sans lui, les entreprises se seraient grippées et auraient probablement rencontré des difficultés de fonctionnement encore plus importantes.
Aujourd’hui, la juste attitude à l’égard du télétravail réside dans une approche hybride qui combine le meilleur des deux mondes. Au lieu d’opposer présentiel et distanciel et à la lumière de ces trois dernières années de pratique, sachons plutôt faire preuve de nuance et de pragmatisme.
❎ En France, le télétravail reste populaire auprès des salariés à tel point qu’une obligation de revenir au bureau cinq jours sur cinq, pourrait avoir de fâcheuses conséquences pour l’entreprise elle-même. Une étude récente de l’APEC souligne par ailleurs que 45% des cadres télétravailleurs se disent prêts à changer d’entreprise si cette option leur était supprimée.
Rand, un organisme américain de recherche et d’analyse des politiques publiques, a également mis en évidence un autre point intéressant dans une enquête de 2021 menée auprès de salariés américains. Il s’avère que plus de la moitié sont prêts à accepter une baisse de salaire importante (7 % en moyenne) pour pouvoir télétravailler deux ou trois jours par semaine. Clairement, un retour en arrière comme avant le Covid n’est plus envisageable ou alors très risqué.
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✔️ Sans oublier un autre aspect qui bénéficie aux entreprises. Une étude du Groupe Diot-Siaci souligne que le télétravail contribue à la baisse de l’absentéisme en France, avec une diminution du taux d’absences de 5,64% en 2022 à 5,06% en 2023 grâce notamment à un meilleur équilibre de vie pour ceux qui en bénéficient et des moindres tentations d’arrêt-maladies.
❌ Pour autant, il convient aussi de tirer des enseignements à propos des effets pervers du travail en distanciel. Toujours d’après l’étude citée ci-dessus, 48% des cadres trouvent que l’intégration dans une nouvelle entreprise est plus complexe avec un télétravail important. 41% vont même jusqu’à éprouver un fort sentiment d’isolement.
❌ Autre point notable qui atténue l’intérêt du télétravail : l’impact sur la créativité des équipes. Une étude de la revue scientifique Nature a démontré que la visioconférence inhibe les idées tandis que les réunions en personne produisaient environ 15% d'idées en plus que les interactions virtuelles. Elles étaient même à l'origine de 13% d’idées vraiment créatives.
❌ Enfin, le gros point noir apparaît quand le travail à distance se pratique en mode « open bar » où les bureaux sont désertés les lundis et vendredis et les agendas compliqués à synchroniser. Là, il est temps de siffler la fin de la récré !
💡 Jusqu’où alors placer le curseur ? Sans doute avec la négociation et l’adoption d’une charte d’entreprise plus exigeante dans le recours au télétravail qui permet ainsi de minorer les impacts négatifs tout en préservant l’engagement des collaborateurs et l’attractivité de l’organisation.