Réflexions en période de confinement sur le Télétravail ….

Le télétravail : une première dans ma vie de consultant après une trentaine d’années dans ce métier …

Confinement oblige. Le cabinet a décidé de passer l’ensemble de ses consultants en télétravail. Depuis quinze jours, je dois avouer à ma plus grande surprise que ce fût une opération d’une facilité déconcertante. Après 28 ans de vie de consultant en recrutement où je n’ai jamais pris une seule journée du fameux « Home Office », l’installation a été rapide et au bout de cinq minutes, coincé entre mon frigo et le lave-vaisselle (les joies des surfaces parisiennes et je n’ai pas à me plaindre ….), j’étais opérationnel pour cette nouvelle vie de consultant « virtuel ». Enfin, j’avais le sentiment de rentrer de plain-pied dans le XXI ème siècle. Avec détermination, j’exerce mon métier au travers de journées organisées de manière à être présent sur le marché coûte que coûte.

Si ce virus ne constituait pas une menace réelle, cette nouvelle vie de consultant m'offrirait au moins l’avantage de m’échapper d'une vie d’open-space, parfois étouffante, bruyante, voire même contreproductive …. Certes, le télétravail implique bien évidemment de se conformer à d’autres règles de vie en collectivité : celles de la cellule familiale. Lorsque les estomacs crient famine, je me dois de transformer rapidement le plan de travail dans sa fonction d’origine : la table de la cuisine.  

Et si le télétravail était un virus destructeur de valeur …

Face à cette vision lénifiante du télétravail, L’INSEE me réveille avec violence. Environ 40% de l’activité économique s’est arrêtée en moins de quinze jours. Certains économistes estiment que l'impact sur la richesse nationale pourrait se situer entre cinq et dix points de PIB. Le télétravail confiné agit à son tour comme un virus (pour rappel le confinement contraint plus du tiers de la population active à être en télétravail). Pour la première fois, une démonstration généralisée de la digitalisation et de la dématérialisation est mise en œuvre et le résultat est sans appel, même si à longueur d’articles, la victoire de la société du numérique est célébrée. Les symptômes de ce virus économique se manifestent par la désorganisation totale de l’activité économique. Certes, chacun fait le nécessaire en responsabilité pour maintenir l’activité. Mais la difficulté rencontrée au quotidien dans cette période inédite est de se confronter à un environnement économique où tout s’effrite progressivement comme un château de sable, où les prises sont fragiles et enfin, où tout le monde surfe en même temps sur l’actualité et ses incertitudes …. Alors le télétravail est-t-il efficient ? Bien évidemment en tant que tel. Et, je regrette professionnellement de n’y avoir pas souscrit plutôt. Cependant, cette approche du travail est parfaite pour se concentrer sur des dossiers compliqués qui nécessitent de la réflexion et pour s’adonner à la production de tâches « mécanistes » (gestion de back office) …. Est-ce que dans ce nouveau monde post-crise, le télétravail s’érigera comme la panacée de la modernité en matière d’organisation du travail ? 

Tout est question de mesure …

Rien n’est moins sûr. N’oublions pas que le sel de la vie repose sur les relations humaines avec leurs complexités, leurs joies et leurs déceptions. Et dans mon métier de consultant, la vraie valeur consiste à accompagner de visu des cadres en réflexion professionnelle et apporter à nos clients un appui et un autre regard. Cet échange ne passe pas uniquement par les mots, mais aussi par la communication informelle. La digitalisation, le télétravail réduisent cette valeur à sa plus simple expression. Est-ce une découverte ? Non. Les théoriciens de la communication et les chercheurs de l’Ecole de Palo Alto avaient déjà dans les années 50 démontré que la communication n’a pas le même poids et la même efficience entre des supports dits chauds ou froids. Bien sûr, tout est question de circonstance, d’équilibre et de mesure.

Remotivé par ces perspectives, j’attends dès lors avec impatience de m’extraire de mon nouveau bureau, coincé entre le frigo et le lave-vaisselle, pour exercer de nouveau pleinement mon métier. Cette expérience de télétravail a eu le mérite de me conforter dans ma conviction que ce métier de consultant n’a de sens et de sève qu’avec une dimension conseil. Le consultant « virtuel » dans ce métier, n’apporte de la valeur que dans le traitement de l’information. L’essentiel est ailleurs. Il repose sur l’échange et une vraie communication propre à toute relation humaine. 

Valérie Chaussard

𝟯𝟬 𝗮𝗻𝘀 𝗱'𝗲𝘅𝗽𝗲́𝗿𝗶𝗲𝗻𝗰𝗲 : 𝗰𝗼𝗻𝘀𝗲𝗶𝗹, 𝗳𝗼𝗿𝗺𝗮𝘁𝗶𝗼𝗻, 𝗰𝗼𝗮𝗰𝗵𝗶𝗻𝗴, 𝘀𝗼𝗳𝘁 𝘀𝗸𝗶𝗹𝗹𝘀

4 ans

J’adore !

Sylvie BASSO

DRH Inovie Labosud Provence

4 ans

Merci pour cette analyse que je partage complètement. En effet, l’essentiel est ailleurs... En qualité d’être humain, nous avons besoin de communiquer avec tous nos sens, la communication virtuelle a ses limites et heureusement...

Virginie BOULLE

Manager Executif Senior chez LHH Recruitment Solutions

4 ans

Très bel article Arnaud ... je te rejoins également sur ce sujet ! 😜 A bientôt et porte toi bien

Noureddine Elislami

Co-Fondateur chez Matchpoint. | Cabinet de conseil en recrutement. Digital & Technology Recruiter

4 ans

Très bel article Arnaud 👏

Eric de la Fouchardière

Manager exécutif Public - non-profit chez Michael Page

4 ans

Du grand Arnaud Bioul, concret sans manquer de hauteur de vue. Rafraichissant sur ce que nous vivons et ressentons dans notre activité!

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