François Gemenne, entre constats et optimisme: "La question du climat est sans doute celle qui devrait nous réunir à travers le temps"
Un grand merci à la MAIF d’avoir organisé une conférence de François Gemenne, spécialiste bien connu des questions à la fois du dérèglement climatique mais aussi de ses conséquences géopolitiques. Qui plus est à côté de chez moi, à l’Aiguillon-sur-Mer. Son allusion d’entrée de jeu aux conséquences sur le trait de côte a immédiatement rappelé de douloureux souvenirs à l’assistance.
Quand on est Fresqueur, on se dit que l’on a compris l’essentiel des origines anthropiques du changement climatique. Mais écouter François Gemenne, c’est prendre un cours de prise de hauteur sur ce qui doit être maintenant entrepris… et la manière d’encourager les bonnes volontés.
Sans jamais stigmatiser son auditoire- et au contraire au travers d’exemples concrets et d’ores et déjà palpables- il a eu à cœur de pousser à l’action. Oui, chaque geste compte, même le plus petit. Car ce ne seront que la somme de toutes ces actions qui nous ferons éviter le pire.
Mais je retiens surtout les trois parties de son exposé, articulé autour de trois malentendus.
Le premier malentendu tient au fait que chaque année apporte son lot de « records » » (températures, pluviométrie...). Et ce que nous considérons comme exceptionnel est devenu profondément structurel . Et bientôt la norme. Pour François Gemenne, si ce que nous vivons était une crise, nous devrions en voir un jour le bout. Or nous ne le verrons pas. C’est toute la question de l’adaptation qui est posée.
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La question quant au choix du niveau de hausse des températures est au cœur du second malentendu. Si chaque jour compte, les Etats, les entreprises, les citoyens peuvent encore décider de là où l’on veut être demain. Ce n’est pas blanc-noir. Et il faut absolument sortir de cet état de défaitisme qui consiste à se dire « il est trop tard ». Même si clairement, plus nous attendrons, plus la facture sera lourde. Une France à +4°C serait exposée à des catastrophes autrement plus coûteuses que ce que nous pourrions décider d’investir maintenant pour l’éviter.
Dernier malentendu, qui nous touche peut-être plus en tant que parents qu’en tant que citoyen : c’est à la génération actuelle de régler un problème dont elle ne verra pas le bout. Car ce sont peut-être les ados d’aujourd’hui qui commenceront à voir une certaine baisse des températures. Et d’apostropher l’auditoire : « est-ce une raison pour rester les bras croisés ? ». La question du climat est sans doute celle qui devrait nous réunir à travers le temps (les générations) et à travers l’espace (les gaz à effet de serre ne connaissent pas de frontières…).
Les solutions existent. Les chercheurs sont formels : nous avons toutes les ressources et toutes les compétences pour faire face. Il manque avant tout la volonté, et une capacité à transformer un objectif en trajectoire, avec ses bornes et ses points de passage. Ce que font les entreprises qui s’engagent.
Parmi les initiatives à valoriser, sachons reconnaitre les signaux faibles et respecter ceux qui essaient. Un partage de best practice à l’échelle mondiale.
Et François Gemenne de conclure par un encouragement à voir et accueillir ce monde décarboné, qui pour l’instant semble utopique, à la fois souhaité et redouté. Transformer un risque en opportunité.
Engagé au sein d'une entreprise familiale qui se veut désirable et désirée
6 moisFrançois Gemenne