GAFAM or not GAFAM, that is the question

Le titre de ce bref article résume à lui seul la pensée de nombreux décideurs IT et chefs d'entreprise confrontés de plus en plus à des questions liées aux flux de données produits par l'entreprise (mails, données brutes, etc.) : comment et où les stocker ? quelles garanties de pérennité si j'externalise ce stockage et besoins afférents (calcul...) ? quelles compétences doit-on acquérir en interne pour manager ces nouvelles plateformes ? quels coûts et aurons-nous possibilité de les anticiper / prédire ? etc...

Bienvenue dans l'ère du Cloud. Et cette fois, le passage n'est plus une option tant la promesse de valeur est forte et justifiée : adieu par exemple la sélection régulière de serveurs physiques et ce qui s'y rapporte telles les éternelles et longues discussions avec le DAF pour acheter ou louer l'infrastructure, embaucher plus de petites mains pour aller remplacer un disque dur en salle machine le 24 décembre à une heure du matin...

Chez Netalis, nous avions anticipé ce fort mouvement voila 4 ans au moment de lancer la société et ses offres sur le marché avec une philosophie claire pour nos offres IaaS : on vous dit TOUT sur VOS données lorsque vous nous les confiez. Et chez nous, elles restent en France, sur des serveurs que nous gérons dans des data centers que nous connaissons et auxquels nous avons accès, le tout connecté à notre réseau. C'est aussi simple que cela.

Mais pour autant, nous ne pouvons avoir la prétention de pouvoir répliquer avec les capacités techniques offertes par les "GAFAM" (ou BATX). Et si nécessaire nous ferons appel à eux avec la bénédiction de nos clients.

Car aujourd'hui, avec la latence minimale offerte par la fibre, les "data centers de proximité" n'ont plus guère d'intérêt aux yeux des entreprises face aux centaines voire milliers de services offerts par les géants de l'informatique hébergée à distance et à l'offre de conseil et d'accompagnement qui s'est logiquement très bien développée autour de cet écosystème. La donnée se déplace à la vitesse de la lumière et après tout, c'est bien normal : quel chef d'entreprise se rend en data center une fois par semaine pour s'assurer que ses machines clignotent normalement, tel le signe de vie ultime de la donnée ? Si vous en connaissez, merci de nous les présenter.

Un vent de souveraineté souffle depuis quelques temps sur nos données, encouragé par les administrations françaises et européennes qui ont pris peur - un peu tardivement - de confier à des tiers privés dépendant d'autres nations / réglementations des données pouvant être stratégiques.

Des essais malheureux de créer des "Clouds" souverains ont bien émergé il y a bientôt dix ans. En vain.

Cet échec, s'il devait être expliqué simplement, est résumé dans le commentaire ci-dessous laissé sous une tribune par l'excellent DSI de Veolia, Jean-Christophe Laissy.

En voulant créer des alternatives locales, on oublie que les mêmes gouvernants politiques encouragent en parallèle nos entreprises à se mondialiser au plus vite sans oublier leur cocarde "made in France". Or, combien d'hébergeurs français disposent de larges capacités techniques à l'international et de milliers de services pour rivaliser face à AWS, Azure, Alibaba Cloud ou Google Cloud ? Combien d'opérateurs disposent de POP (point de présence) internationaux ? Dans les deux cas, très peu, car cela exige entre autre de lourds investissements techniques, marketing, juridiques...

Jean-Christophe Laissy le dit très bien : il est urgent de faire attention aux initiatives souveraines qui, partant d'un intérêt certain et d'un bon point de vue, conduiraient à rendre notre monde économique bien plus lent sur un marché mondial qui bouge chaque seconde et qui a besoin de se battre avec les mêmes outils que la concurrence internationale sans attendre 3, 5 ou 10 ans avec l'espoir de croire que nos dirigeants politiques pourront combler le retard pris par le vieux continent. On ne s'attardera pas ici sur les multiples raisons qui auraient pu faire l'objet d'un article dédié.

C'est la raison pour laquelle l'avenir est aux stratégies hybrides en mode multi-sourcing autrement dit : Multi-Cloud. On le disait chez Cedexis avec certains de nos partenaires de l'époque, il y a bientôt dix ans, au moment de faire décoller ce qui allait devenir l'une des briques essentielles de ces stratégies IT de demain et donc d'aujourd'hui. Citrix, l'acquéreur de l'aiguilleur du net, semble l'avoir parfaitement compris et a donc adapté son offre.

Si nous devons tous rester agiles, conformes aux réglementations locales, nous devons permettre à toutes les entreprises - de la TPE au groupe du CAC40 - de se déployer au plus vite à l'international par les voies numériques pour créer les champions de demain. Ceux qui seront nés ici en France et pourront rayonner partout dans le monde en empruntant toutes les infrastructures possibles pour se rapprocher de leur marché, c'est à dire des utilisateurs finals locaux.

Rien n'empêchera un jour ces champions de (re)créer leurs propres data centers comme l'on fait certains leaders mondiaux (exemple : Box) pour poursuivre leur développement après avoir su gérer leur décollage et leur extension mondiale du mieux possible en se fondant sur les bonnes ressources... au bon moment. Et si possible, sous la bonne réglementation qui ne permet pas à une administration d'accéder à des données sans requête judiciaire dûment valide et contestable.

GAFAM or not GAFAM ? Telle n'est sans doute pas la vraie question au final.

Merci à Thomas Fauré et JC Laissy pour l'idée de tribune.

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Source image : commentaire Linkedin

Romain Spinelli

DevOps | K8s | Cloud (AWS x5) | Super Malter 3

5 ans

Tout-à-fait en phase, multi cloud ET de multi nationalités. Par contre attention également à l'emprunte carbone, par exemple GCP et Scaleway sont à l'extrême opposé des BATX à ce niveau-là. Et quand on migre des milliers de serveurs (je suis en plein dedans en ce moment), cela à un impact considérable. J'ai fait pas mal d'articles là-dessus justement. Bonne réflexion en tout cas Nicolas 👍

Thierry Haro

Directeur des Systèmes d’Information • DSI de Transition | Protéger • Simplifier • Transformer • Innover

5 ans

Même les GAFAM jouent entre eux... Apple (qui investit 10Mds USD dans ses propres datacenters) est aussi le premier client d'AWS (mais Apple héberge aussi des services chez Google Clouds et Microsoft Azure )  https://www.businessinsider.fr/us/apple-amazon-web-services-spending-report-2019-4

☁️Jean-Christophe LAISSY☁️

Senior Executive - Partner & Director at BCG | Tech Transformation @Scale | Creating Competitive Advantage Through Digital & Software

5 ans

Tout à fait en ligne. L'art consiste maintenant à trouver le bon équilibre dans une approche multi cloud.

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