Genealogy, genomics, antropology (in French)
PIER GIORGIO SOLINAS
Clans, clades, noms
La réinvention génomique de l’identité
0. ego moi ipse
Qui es tu? Et moi? Qu’est ce que signifie être soi ? Qu’est ce que veut dire le «qui» qu’on cherche en questionnant ? Et que signifie-t-il «être» ? [1]
Interrogations vouées à l’inanité, dira-t-on. Excessives parce qu’elles vont au delà des possibilités de réponse, car elles ne peuvent que postuler des réponses conventionnelles, à l’intérieur du domaine sanctionné du code de reconnaissances en vigueur. Ce sont des institutions qui certifient mon identité : nom, prénom, date de naissance, sexe, marié ou célibataire, pays de citoyenneté etc.
C’est le mécanisme du miroir publiquement légalisé qui fait marcher ces filtres de classement qui restreignent passage après passage l’extension de la classe d’appartenance dans laquelle mon «moi» est inclus jusqu’à isoler le personnage unique, indivisible, et non-repliables que je suis –
En fait je n’ai aucune compétence, aucun pouvoir dans cette démarche. Je ne suis que ce que mon circuit social a la faculté de définir, de situer dans des confins discrets, de me de-finir)
Au niveau de mon identité en tant que sujet, ou objet, de parenté, le régime inflexible de la définition allogène, impose de façon tacite mais implacable son automatisme. L’exclusion absolue du pouvoir d’auto-appellation, plus qu’une conséquence, apparaît un trait intrinsèque du système de relations et de son langage.
Si «je» peux nommer et appeler mes partenaires de relation : père, mère, fils, frère, beau-frère, grand-mère, aucune ressource sémantique interne au système de la terminologie me permette de nommer moi-même. Sauf faire recours au mot anodine et vide de « ego » le «ipse» des traités anciens[2], le Je, le centre du système – celui qui in définitive l'détient la prérogative de nommer chacun de ses partenaire – ne dispose d’aucun terme acceptable pour designer soi-même. Bien sûr il peut se référer à soi même, à son ego, par le prénom, aussi bien que par d’autres astuces, «celui qui parle » ou d’autres subrogatifs du terme manquant. Cet expédient ne résout pas tout de même le problème du paradoxe terminologique qui fait que je peux nommer tout le monde mais je sois complètement impuissant quant à ma propre identité parentale.
Pour obtenir une désignation correcte, ou du moins, praticable, force est de sortir de soi, de convertir le sujet en objet. Ce sont ceux que j’ai nommé, ceux qui reçoivent par moi, le pivot du système d’appellation, les titres de leur propre identité parentale qui pourront renvoyer à leur tour au parlant la réponse qu’il cherche. Seulement en cédant le monopole de la nomination, en passant au rôle de « alter » – alter des parents que je désigne en les appelant – je pourrai saisir mon titre de parenté. Je serai désigné par mes partenaires d’appellation : je sois le père de celui que j’appelle par le titre de « fils », aussi que le frère de celui que remplit la position de frère dans le casier généalogique. La souveraineté terminologique du centre inerte, donc, est complètement extrovertie. En plus, l’unité prétendue indivisible du sujet , du ego de parenté, se décompose dans la pluralité des issues qui viennent du flux d’appellations que mes « autres » me renvoient en m’appelant : un complexe de qualification se superposent sur la personne. Je « suis» père, fils, mari, oncle…: «Je suis» le croisement des relations de consanguinité et d’affinité qui se déploient dans l’espace généalogique qui me contient, et qui me définit.
Bien entendu, cela ne vaut qu’à l’intérieur du monde de la parenté. Ailleurs, au niveau des rapports de travail, d’amitié, d’affaires les codes d’identification s’appuient sur des modèles bien différents (ami, collègue, voyageur, client) qui ne partagent pas avec l’univers des faits de parenté les mêmes règles et propriétés.
Faut-il accepter alors que notre vie se multiplie sur une pluralité d’univers, et de langages, qui changent quand l’on passe d’un niveau à l’autre, e qui nous contraignent à assumer des identités métamorphiques, et polyvalentes? Je préfère m’arrêter là, pour me tenir sobrement aux limites de l’espace du discours qui plus nous intéresse ici : le monde du penser, soit il scientifique ou symbolique, par réseaux de positions généalogiques.
Ce que l’ethnographie du généalogique nous permette d’observer, d’autre part, nous convie en direction de la multiplicité des représentations (produites et consommées sur le marché des savoirs et de services), de demandes d’identités à la fois participées et décomposées, une direction suffisamment engageante pour nous occuper dans une discussion plus concrète. Multiplicité, multiplicité et mixture : On connaît bien le jeu tendre du reconnaître dans un bébé les fragments d’identité qui révèlent des éventail d’héritages diffusifs. Les yeux de la mère, la front du grand-père, le menton de la tante, pour ne pas mentionner d’autres identifications, plus profondes : l’orgueil, l’éloquence, la passion pour la musique… Vertus, dotations de caractère, morales, esthétiques (telle ou telle « race » dans l’acception de famille, du « les » (les Charbonniers, les Smiths, les). Certes, on n’est là que dans un cadre de sensations, d’impressions, qu’aucune analyse de laboratoire pourrait quantifier, et valider. Cela n’empêche que les gens en consomment et en pratiquent l’exercice soit au niveau de la communication qu’au niveau de l’inconscient.
Le jeu des identités fragmentables et croisées ne peut que s’ouvrir sur l’abime de l’inconnu, car si e suis porteur de traits qui viennent de mon père, que l’on retrouve dans la physionomie de mon cousin, pour eux aussi, pour mon père, ou pour mon cousin, la carte des identités va se disséminer dans un bassin d’altérités qui renvoient à des réseaux de relations généalogiques de plus en plus amplifiées. Tout le monde voit que cette fuite de passages, cette dispersion capillaire du soi, ce régime de mixages incessants de génération à génération nous projette vers des distances virtuellement infinies. L’espace généalogique doit être discipliné, il doit gérer des régions relativement limitées, tout en tirant profit de cette prise de conscience cruciale : le « ego » dont chacun de nous détient la titre exclusif, s’ouvre à la pluralité. Pluralité qui s’ordonne sous formes différentes : d’abord, sur le plan synchronique, comme répertoire des désignations par les « autres», les autres egos qui me contournent. Mais aussi sous la forme d’une stratification idéale des dépôts générationnels fusionnés dans mon capital d’antécédence familiaux , pas moins qu’en forme de mixage ou mixture («admixture» en anglais) ethnique : un peu latin, un peu méditerranéen, un peu « caucasique », et un peu « indo-européen » et dieu sait qua encore….
C’est en invitant à tenir compte de la non-exclusivité des entourages egocentriques d’appartenance généalogique que nous nous déplacerons notre regard sur les pratiques des généalogistes contemporaines, sur les visions et des idéologies de la ancestralité revécue, et recherchée. En fait, comme on va le voir, si la centralité des sujets qui s’adonnent à la reconstitution n’est pas abandonnée au départ, sa projection dans l’espace généalogique aboutit à la limite à l’épanouissement de la notion même de sujet-pivot et de centre.
I ANCESTRY : le « Nous», les échelles d’identité
De plus en plus répandu, dans les usages des institutions (recensements, classifications des populations, appartenance et migrations) l’emploi du terme Ancestry pour designer l’identité inclusive, demande aux anthropologues une réflexion attentive. En gros, ce mot vaut comme une sorte de substitut neutralisé des classifications autrefois attribuées aux ethnies, sinon aux catégories d’origine raciale, de la provenance (afro-américaine, irlandaise, « caucasique » «sémitique », etc.) Mal traduit par le correspondant français «ancestralité» , ou par l’italien ancestralità , dans son signifié plus propre, ou acceptable, la ancestry indiquerait quelque chose comme l’ensemble biogénétique, et socio-parental, les apports confluant des générations d’ascendants par lesquelles chacun, sujet singulier ou collectif, reçoit sa spécificité. Proche des catégories adressant le regard vers le passé, telles que celle de origines, héritage, et d’autres, cette remontée en arrière s’appuie sur la présomption (implicite) que ce qu’on est, ou on devient, découle de ce qu’on était auparavant, avant de devenir de ce qu’on est devenu, la sous-pensée inavouée que « nous» retenons en nous même la marque des vies transitées au long de la chaine qui nous lie à la vie.
Nous en tant que nos ancêtres, à la limite, nous en tant que présupposés par les antécesseurs donneurs de vie, la vie que nous à notre tour, transmettons à d’autres récepteurs de vie.
Cette relation entre les nous vivants et les nous-nos-ancêtres revient immanquablement dans la culture (ou plutôt la subculture) des artisans généalogistes. Par une sorte de régression ancestraliste qui ne tolère aucune interférence profane, la mythologie du « nous » indistinct qui assimile les fondateur et les descendants, les générations des morts et celles des vivants, le domaine du héritage, la Ancestry acquiert l’évidence, l’autorité même d’un niveau de réalité qui transcende le niveau de la vie ordinaire.
Parmi les exemples les plus captivants du culte laïque de la ancestry, avec toute sa rhétorique domestique de nostalgie et des bons sentiments, les livres de famille américaines produits et souvent publiés par des descendants d’émigrés (aux Etats Unis, au Canada francophone ou anglophone) sont ceux qui offrent peut être la forme à la fois plus naïve et plus actuelle de ce mythe contemporain de la continuité, sinon de la perpétuité du soi transgenerationelle.
« Hommage ò nos ancêtres », «Honneur», honneur au premier, au fondateur de la famille en terre d’outre-mer, fondateur-fécondateur, comme c’est le cas des Blouin, la très nombreuse descendance du jeune homme Mederic Blouin débarqué en Nouvelle France à vingt ans, en 1667 et procréateur [lui, ou plutôt sa femme, âgé de 14 ans à l’époque de son mariage] d’une quinzaine d’enfants. Source, ou souche, d’une communauté de nom et de sang qui se donne, deux siècles et demi après, la forme de «association » – L’Association des Blouin d’Amérique, des Blouin et des variantes du patronyme Beloin, Belouin, Bellware ou autres – ce pionnier cultivateur, et père hyper féconde d’une dynastie paysanne, se trouve réifié, transformé en symbole transtemporel d’une communauté familiale transcendante expansée bien au delà des limites connus et fréquentés par les familles singulières. C’est cette totalité idéale, autant imaginaire que pulsante de suggestions émotionnelles, qui se célèbre dans ses réunions périodiques, les retrouvailles, dans ses associations, dans ses messes consacrées à la mémoire des aïeuls, dans son site Web. Une entité idéale élargie dans le temps et dans l’espace, accrochée au marqueur du nom, inflexiblement patri centrique, bien que les lignes d’alliance, et les descendants féminines, filles, sœurs, petit filles soient évidemment prévues et en partie suivies. Néanmoins, c’est l’impératif du nom qui conduit et régie la charpente ; garantie de repère, autant que d’appartenance, le nom, le family name , dicte les parcours d’assemblement par lesquels en définitive se légitime et se solidifie la communauté généalogique. On présume que les dix ou douze générations de filiation consécutives préservent la marque initiale, le héritage nominal au long de la chaine masculine de transmission. Le nom c’est l’indice, la preuve, même si ici et là il y ait peut avoir des passages douteux, des déviations du spelling ou d’autres accidents d’incohérence généalogique.
Ce sont les vivants qui donnent aux antécesseurs disparus le tissu de relations qui les ordonne, puisque les ancêtres nécessitent du travail des descendants pour se revêtir de leurs prérogatives en tant que transmetteurs du capital d’identité.
II Le sous-texte. La bio-écriture ( le « vrai », le probable)
Les ancêtres, donc, et le plus ancêtre de tous, le Adam, l’aïeul alpha. La remonté pas à pas, nœud par nœud des itinéraires dynastiques donnant accès à la profondeur sombre des générations inconnues, poursuit le but de l’identification suprême, soit-elle au niveau de l’espèce, de la population, de la lignée, de la famille… Les traces écrites attestant l’histoire des filiations ne peuvent pas aller au delà de quelques dizaines de passage, et encore. L’introduction des patronymes, des noms de famille, du moins au niveau des larges communautés urbaines, ne dépasse les quelques siècles, à partir de la fin du moyen Age. Beaucoup plus tardives apparaissent les sources d’état civil, tandis qu’en quelque mesure, des actes ecclésiastiques, baptême, mariages, décès peuvent éclairer quelques fragments privilégiés au niveau local. La tradition orale, d’autre part, dans la mesure où elle se maintient, et dans les limites de sa fiabilité incertaine, ne peut donner que des pistes pales et discontinues.
Bref, au niveau de la culture et de la conscience collective, le travail de reconstitution demande une application mosaïque, de plus en plus évanescente dès qu’on se déplace sur les grandes distances temporelles (distances «structurales», pour reprendre Evans-Pritchard).
Les figures des fondateurs, les ancêtres inaugurales, d’ou on suppose et l’on affirme, naissent les lignages plus ou moins larges, sont investis du rôle d’emblème pour les collectives de descendance. L’ancêtre titré, celui qui contient la garantie d’inclusion, assure la tenue des maillons de la chaine, il recouvre la fonction de personnifier les sous-ensembles du réseau généalogique et d’en concentrer pou ainsi dire la multiplicité. C’est lui le plus ancien, le point zéro, en quelque sorte le nucleus de diffusion d’une énergie commune et de ses formes partagées.
Le plus ancien ou bien le plus récent ?
Remonter en arrière, chercher les parents des parents, à l’infini, c’est intuitif, signifie inclure de plus en plus de «cousins», amplifier la parentèle, et par conséquence, neutraliser les différences. S’arrêter au « plus récent», par contre, signifie isoler la section des apparentés qui partagent le maximum de traits, et surtout, de héritage. La première démarche unit donc, la deuxième distingue.
C’est sur cette deuxième procédure que s’oriente l’identification des «clades», des haplogroupes, voire, des lignages génétiques dans les programmes de classement phylogénétique adoptés dans les projets noms de famille, autant au niveau des particuliers que des agences de service.
Nous ne mentionnerons que deux ou trois parmi les sociétés de test et analyse généalogique par ADN. iGENEA par exemple, société suisse qui assure des services de test ADN, de identification généalogique, aussi que 23andMe, compagnie californienne spécialisée dans différents branches de biotechnologie et de recherche médicale, qui fournit entre autres des tests d’ «ancestry» ( « Bring your ancestry to life through your DNADiscover your ancestral origins and trace your lineage with a personalized analysis of your DNA.”). Enfin, la plus affirmée et connue, FamilyTreeDNA qui réunit des milliers de Surname projects, programmes -databases recueillant les données généalogiques et génétiques par famille, et par noms de famille.
On rejoint là, par ce trafic de recherches et d’informations cyber-bio-identitaires, la nouvelle version du cosmos parental, si l’on veut, un milieu de représentations du soi, du soi collectif, familial, ou lignager, qui dépasse le niveau immédiat du visible et du verbal, pour saisir la couche secrète des identités génomiques, là où les identités subjectives s’enracinent dans le profond d’une bio-histoire exempte des incertitudes de la mémoire conscient.
Dans ce monde des identités-ADN les lignes de transmission des familles, les branches et les classes de la généalogie suivent le déroulement des traits exclusives hérités de tel ou tel nœud ancestral. Ces groups de communauté génomique seront reconnaissables en fonction des marqueurs moléculaires qui signent les sections ou segments distincts. Les marqueurs sont des mutations, c’est à dire des minuscules et tout à fait négligeables variations de quelques détail, substitution d’une base parmi des millions, fréquences alléliques (STR, Short tandem repeats), et autres. On peut en suivre la récurrence au long de dizaines et centaines de successions, donc pour des siècles et des millénaires, dans des segments du chromosome Y, l’unique qui assure la continuité, en ligne masculine, sans recombinaison.
Ce petit morceau de matériel génomique, parfaitement inutile au niveau de la morphologie et de la structure phénotypique, possède l’irremplaçable vertu de témoigner physiquement la continuité et la distinction du nom de famille, de la descendance patronymique. C’est lui qui permet d’étudier un héritage paternel au long des époques et à travers les espaces géographiques immenses des migrations. Et c’est par moyen de cette preuve d’authenticité bio-généalogique que les revendications d’identité peuvent être validés. Sur ce table de vérification à deux faces, l’une culturelle (le titre nominatif, la mémoire, l’identité sociale), l’autre biologique (les coïncidences de traits du ADN, la distance génétique entre profils) l’arbre des descendances, la gallérie des ancêtres, change sa forme pour devenir un diagramme de proximité chrono-génétique. Les hommes sont des porteurs de paquets d’information moléculaire. Leur distinction s’exprime dans le haplothype que l’on extrait des marqueurs (DYS) qu’ils reçoivent des pères et transmettent aux fils.
Ici donc, se reconnaître implique retrouver son inscription dans le texte exclusif de ce « living héritage » imprimé dans le profil génétique qui donne à la communauté de nom une garantie de vérité incontestable
III Au delà de l’arbre, au delà du sang
Les représentations sophistiquées des réseaux de coalescence généalogique-génétiques nous sollicitent à revoir nos idées et nos images habituelles de l’espace généalogique. Celui ci sort de l’univocité, de la linéarité à une seule dimension, pour se projeter dans une texture radiale où le temps et les degrés de distance (consanguinité et ancestralité partagée) s’étalent en cercle, comme dans l’exemple suivant
Cette vignette reproduit sous forme de diagramme phylogénétique les groups et les lignes (Y haplogroups) du clan des McGregor tel que la société homonyme (the Clan Gregor Society) le publie dans son site[3]
Le lignes et les chiffres, accompagnées par des lettres (164088 McG) désignent les différentes branches de la descendance du clan (voire, des lignées de sang) qu’on a pu identifier par la mutation distinctive remontant au MRCA, l’ancêtre commun plus récent (More Recent Common Ancestor). Celui ci, daté autour de la moitié du XV siècle, personnifie la signature génétique qui, à partir de ce point inaugural se propage pour cinq siècles en segmentes et lignages, sous-lignages et noms en Ecosse et dans la diaspora des Gregg ( Greg, Mc greg Gregory, McGrigor, Greer, Gragg)
Les critères de reconnaissance du juste titre d’inscription génétique, en ligne paternelle, (d’ou la désignation de « paternal lineages » pour les groups des participants au test inclus dans la banque de données du projet qui partagent les mêmes marqueurs) se déplace rapidement du nom verbal (et enregistré) au nom génomique, pour ainsi dire. Autrement dit, le titre nominatif des familles et des segments de consanguins se met en parallèle avec les coordonnées d’identité restituée par les laboratoires biomoléculaires.
Ainsi, les McGregor, très actifs dans leur mission de célébrer et valoriser l’honneur du clan (aujourd’hui, certes, ça sonne un peu vintage, sinon nuancé de folklore, mais il faut tenir compte du milieu de fierté et de ardeur identitaire dont les promoteurs se font avant-garde) embrassent avec tout leur zèle cette reconversion scientiste. Le requis de validité devient purement et simplement la mutation distinctive :
«Please note that the SNPs L1335 L1065 and S691 should be positive for all members of the Ian Cam MacGregor group, and L1336 is positive for the fund-requested Gregory participant»
déclare l’administrateur de la société dans ses recommandations aux aspirants membres de la communauté web-généalogique. Etant donnée la variété incontrôlable des noms et la fragmentation des destins des lignées dans l’histoire séculaire du cluster McGregor, les noms ne suffisent plus à justifier l’inclusion. Les SNPs (Single Nucleotide Polymorphisms ) chiffrées L1335 L1065 vaudront les titres d’accès au data base et au projet.
Aujourd’hui, fort de plus que 1200 membres , testés et classés dans l’archive des profils Y-haplotypiques, dan sa base de données qui conserve le sancta sanctorum numérique, pour ainsi dire, de l’identité lignagère, le projet Mc Gregor hôte une telle pluralité de noms et de ramifications familiales qu’il serait impossible de le traduire dans une carte généalogique classique. Le fichier des profils individuels et des lignes de descendance se déploie sous forme de lots de marqueurs, et, en correspondance de chacun de ce groupes, par un ancêtre, ou sous-ancêtre fondateur (fondateur d’un sous lignage), plus ou moins ancien (quinzième, seizième, dix-huitième siècle). Les apex ancestraux donc recouvrent un double rôle : celui de nœuds d’articulation par rapport à l’identité d’origine, et celui de inaugurateurs et emblèmes des fractions ou segments présents. On se reconnaît, on se confirme dans le nom du fondateur du segment, du « lignage ». Mais c’est à partir des descendants, des titulaires vivants , réunis dans le programme de screening , adhérents et associés autant que clients payants , qu’on peut suivre la piste de jonction entre le présent et le passé. On se retrouve dans telle ou telle figure de « paternal ancestor», mythique et conjecturale autant que validée par le discours phylogénétique. Ainsi, par exemple, les Gregory de North Carolina, dont un représentant ( nom. d’inventaire 30977 ) peut lier son profil génétique au arrière-arrière…arrière grand-père apicale du seizième siècle identifié sous le nom Richard Gregory dans le grand réseau gène-généalogique grâce à la congruence entre son profil ADN et d’autres descendants de la même ligne[4].
La coopération entre les participants au projet apporte la matière première dont l’alimente la réserve des jalons d’ identité. Qu’est que cela signifie ? A fur et à mesure que les données augmentent, et par ce procès les concordances se renforcent (en termes de nombre et de récurrence des marqueurs) une coalescence de traits distinctifs s’affirme. Cette émergence statistique du profil dominant fait la règle. Le profil caractéristique ou haplotype modal devient un peu comme le paradigme d’ authenticité, la signature originaire partagé par ceux qui se recueillent autour du nom focal et des traits de similarité accumulés dans le programme.
D’autre part, l’illusion d’une cohérence absolue, d’une pureté de descendance distribuée dans tous les branches de la vaste communauté McGregor ne pourra pas être secondée car, à l’épreuve du feu de la comparaison en laboratoire, les distances entre les différents lignes et le point focal de l’identité typique dénoncera des déviations et des intrusions de lignes allochtones… De ce fait, la pluralité des noms et des familles déplacera le modèle de connexion de la figure de l’arbre à celle du patchwork, ou du tapis. Tout en restant valide la référence à la racine primaire (la marque–noyau incarnée par le fondateur mythique) demandée aux segments qui avancent leur candidature à l’admission dans l’album idéale de cette héraldique numérique, chacun des « lignages » acquis apportera ses variantes, y compris certaines qui se retrouvent dans des clusters étrangers. L’assemblage McGregor , ainsi, se peuple de dizaines de sous-groupes, pleinement titrés, chacun affichant son trousseau de STR et SNps secondaires.
Tout ça, faut-il le souligner, sans que les marques et les particularités propres au profil détecté puissent s’associer à des qualités physiques ou psychiques : rien à voir avec la morphologie, le corps, le caractère, les propensions ou les vertus du sujet ou des sujets. L’appartenance génétique à telle ou telle ligne de Y-ADN ne peut aller au delà de la confirmation nominale de ce qu’on est, une sorte de chrisme tautologique d’identité.
Le «Clan Colla» d’Irlande
Ouverte, mais sélective, étroitement sélective, de la même manière, la platée des associés au grand programme de retrouvaille génétique adopte des critères de triage qui désormais négligent les distinctifs de sang et de nom pour placer au premier plan des traits exclusifs : une certaine valeur allélique, un taux reconnu de polymorphisme, codé et nommé à l’instar de preuve bio-héraldique, pour ainsi dire. Par exemple une valeur nulle sur un locus (DYS) dans la séquence interminable du chromosome Y… comme c’est le cas de la communauté «425 null Project» que le Clan Colla irlandais notifie comme titre et enseigne, et exige des candidats lors de l’admission des membres, n’importe quel nom ils portent.
Ce que le titre d’admission, « nul 425 » exprime, simplement, c’est que dans le locus du DYS 525, un des 67 marqueurs qu’on doit avoir testé, la fréquence allélique est zéro : valeur de polymorphisme dans le dit locus nulle. Puisque cette particularité apparaît extrêmement rare, en quelque sorte exclusive, sinon unique, c’est ce détail décisif qui joue le rôle de distinctif d’identité biogénétique des Collas. En gros, pourrait-on paraphraser, c’est le gène du Clan.
La carte d’évolution des groupes et clades celtique montre l’itinéraire diachronique de ce signe d’identité au long des siècles. Une carte qui revêt l’imaginaire rétrospectif des généalogistes d’une forme ethno-évolutive à l’échelle des millénaires.
Générations et génétique à travers lignages et tribus : les 425 nul dans l’histoire des populations celtiques
Fondation, initiation
Le pionnier du projet, celui qui le premier, il y a une quinzaine d’années, perçut le trait distinctif et commença à recruter des volontaires Collas pour réunir les porteurs du bio-signal fatidique, apparaît aujourd’hui comme un fondateur moderne, le promoteur de la communauté sous forme d’agrégation bio-numérique des Nul425. Il étendit la bactérie de marqueurs demandés aux adhérents à 67, chiffre plus que double par rapport aux standards le plus approuvés, tout en précisant que l’effigie du nom ne suffisait pas à obtenir l’inclusion dans le projet. Il traversa une sorte d’initiation, grâce au fait que, ayant reconnu le marqueur clé dans son propre héritage, et en assemblant les profils conformes qui se rattachaient indubitablement à celui du premier Colla antique (témoin et vertex des deep roots du clan) il pouvait se proposer comme un véritable gardien du distinctif-patrimoine. Une sorte de alter ego de l’ancêtre, sa réplication contemporaine et, en vertu de son rôle spécial de témoin vivant, bio-cellulaire, de la continuité pluriséculaire du group.
Son identité individuelle, d’ailleurs se redouble : à cote du nom profane, ordinaire (Josiah McGuire), il assume un nom superposé, presque initiatique, chiffré DURRQ, qui renvoie à la fiche des marqueurs distinctifs de son propre profil personnel. [On la retrouve enregistrée dans le data base du FamilytreeDNA , en parmi les milliers des records individuels du répertoire informatisé Ysearch]
Cette marque de famille, la mutation absente au locus DYS425, atteste la profondeur des racines :«This gives us an estimate of the time of the mutation to the null a little before 300 AD.From the other markers, we find (using 67 Y markers) the genetic distances among the Colla Group and Colla Modal DNA range between 1 and 11, and have an average of 6. Of the 232 people, 218 or 94% of the group have a genetic distance of 3 to 9.»
IV Par le haut
Nous avons parlé jusqu’ici des lignages et des noms : regroupements et faisceaux d’héritage bâtis à partir des individus et des familles, des vivants , des cercles reconnus et contenus à l’échelle du vécu et des relations directes entre sujets. La généalogie pratiquée par les directs intéressés en répondant aux pulsions du «nous les…» : nous les Tels et Tels, nous le « Clan » , etc. C’est le parcours que j’appelle pour brévité , « par le bas ». Maintenant, je voudrais diriger mon regard sur l’autre but de l’échelle, la direction inverse, qui part des grand rassemblements de populations, canaux phylogénétiques du peuplement et diramations des clades. On rejoint par là toute une dimension, un milieu de catégories de classement et d’histoire bio-anthropologique qui, tout en dépassant largement la perception subjective de l’identité, produit des représentations du «nous » qui réveille des attentes plus profondes. Attentes et projections, mythiques d’un côté (les « racines », la préhistoire, les présupposés ethniques, les couches refoulées du devenir culturel du soi collectif) et d’un antre coté abstraites, scientifiques, proches du formalisme de la théorie de la coalescence et des modèles de simulation.
Les grands branches du peuplement, les « haplogroupes » classées et cartographiés à l’échelle globale continentale et régionale, par les chercheurs depuis quelque dizaine d’années, s’étalent sur les durées macro-historiques des siècles et des milleniums , comme j’ai annoncé au début de cet exposé. Leur articulation, autant que leur définition numérique suit un critère hiérarchique de segmentation croissante. Ainsi, par exemple l’Haplogroup R ( voire, les porteurs d’une mutation-racine qu’identifie la classe des lignages descendants d’une mutation originaire…) se segmente en Ra, Rb, etc et puis, en Ra1, Rb1, et etc. . A fur et à mesure que ces segments sont identifiés et classés , on répertorie leur distribution sur les respectifs rayons de peuplement et d’itinéraires migratoires. Le résultat de cette sorte d’atlas génétique par marqueurs haplotypiques se traduit dans un arbre phylogénétique du peuplement qui décrit l’immense variété des ancestry dans l’espace global, et en ordonne les lignes les unes par rapport à les autres en les associant à la classification ethnique et par familles linguistiques. Bien que complémentaires entre elles ces deux perspectives, biologique (génétique) et culturelle ( ethnique et linguistique) ne s’assimilent pas. Chaque aire de peuplement, par exemple, présente normalement une composition mixte, puisque à coté d’un clade dominant on y en retrouve d’autres
Force est de reconnaître , tout de même, que l’inscription a un tel ou à un tel « YHGP » émet un pouvoir d’attraction qui dépasse le simple niveau du donné de laboratoire, ou de la évidence empirique. Les titres Y-haplotypiques s’accompagnent presque spontanément à la revendication d’une originalité enracinée dans le temps ( et d’une certaine manière, sans le temps) autant que dans l’ empreinte profonde transmise et enfermée dans l’héritage génomique. Ces méga-groupes, ou métapopulations , qu’autrefois on étiquetait en fonction de classification ethniques , raciales , linguistique ( « celtique » , « caucasienne », slave , indo-européenne …) se répertorient sur la grille tout a fait neutraliste des classifications numériques. Ceci dit, leur fonction de référents identitaires ne se perde pas. Bien au contraire, ils deviennent des nouveaux titres inclusifs (et exclusifs aussi) pour des unités démographiques le plus larges, à travers des époques et des régions beaucoup plus étendues par rapport à celles qu’on retrouve dans les milieux des familles et même des «clans», historiques. Le « haplotype celtique » , « gaelique » , «slave » , aussi que celui viking , ou brahmanique indien ( je vais en donner quelques exemples en terminant cet exposée ) trouve son attestation, sa geographie au niveau de grands travaux de laboratoire, supporté par des équipes professionnelles hautement équipées.
Une carte générale des clades ( les macro-groupes et leurs articulations de plus en plus détaillées) couvre depuis des années la totalité du peuplement des cinq continents. La nomenclature approuvée et utilisée par la plupart des chercheurs, une sorte de généalogie universelle incluant la variété des groupes et des populations, codée en sigles alphanumériques, attribue à chacun des clades majeures, à chacun macro-group institué à partir d’une mutation racine, son nom et sa position dans l’atlas phylogénétique des populations à l’échelle globale. Et, par conséquent, il établit les distances entre les différents branches : distance en termes de datation probable ( milliers d’années, KYA) et degrés de proximité entre une branche et l’autre. Les lettres correspondent en gros à la germination progressive des segments. Les lignes R ( R1a1…, R1a1b, R1aib1… etc. [5]) par exemple qu’on suit à travers l’Asie et l’Europe, marquent le grand fleuve génétique des peuples du sous-continent indien, de l’Europe du nord.
Un exemple de rapport de test le certificat Y par Geni
C’est dans ce contexte qu’une insolite version du Nous vient en premier plan , celle du nous haplogroup. Le nous R1a, ainsi, se place à une certaine section de l’histoire génétique de l’immense arbre généalogique del’espece. Il s’identifie par l’ « haplotype modal » que les participants au projet découvrent dans leur propre héritage biologique. Il s’insère dans la grande famille des participants sélectionnés en tant que porteurs dans leurs patrimoine cellulaire de la marque inaugurale (la mutation d’exorde nommée M207) scellant l’unité inaltérable de leur origine commune.
Les exemples indiens, dont je voudrais donner ici quelques traits d’illustration, mériteraient un chapitre à part, ce qui évidemment est impossible dans l’espace de quelques paragraphes. Je me bornerai tout simplement à mentionner quelques uns des motifs les plus récurrents dans le panorama de renouvellement de la « hindouité ». Le thème de l’autochtonie ne cesse d’animer les débats, pas moins que les enquêtes sur la géographie biogénétique des castes et des ethnies dans le subcontinent. La question des lignages indiens offre un aperçu exemplaire sur ce complexe de scientifisation du savoir généalogique ordinaire ; lignages au double signifié des gotra, les groupes de descendance encore bien vivants dans la réalité du commun, surtout en milieu hindou, et dans le signifié de clades et lignes génétiques : seraient-ils réciproquement traductibles ? Et puis, jusqu’à quel point un gotra–clade pourrait e être considéré originaire et non immigré, plus ou moins récemment ? Le thème des identités des castes, hiérarchisées et rigidement héréditaires, apparaît également un domaine précieux et privilégié d’analyse, ne fut-il que pour l’exceptionnelle continuité d’isolement endogamique qui aurait préservé pour très longues durées l’autarchie génétique. Le thème, enfin, des connections avec le peuplement « indo-européen » et ses expansions linguistiques, pour ne citer que quelques-unes des jalons qui se croisent dans ce terrain dense et obscur.
Malgré l’influence relativement récente de ce type de recherches en Inde, les occasions de voir dans le vif la force symbolique des nœuds d’ancestralité moléculaires ne manquent pas. Les élites brahmaniques s’en servent souvent pour argumenter et valoriser leur spécificité, comme c’est le cas, par exemple de la célèbre « famille » bengalaise des Banerjee ( un faisceau de familles et de gotras à vrai dire, réunies dans la dénomination moderne, adoptée et superposée à celle plus ancienne de Bandyopadhyay[6]. La valeur d’ensemble, le rang corniche pour ainsi dire, se confie d’abord, et surtout, à la caste, la condition, la nature (jati) si l’on veut, de la brahmanité, Nous sommes brahmanes, et brahmanes bengalaises.
Il y-aurait- il un génome brahmanique donc ? Dans quelque sens, qu’il faudra bien spécifier, au niveau de la conscience de caste, et plus encore peut-être, au niveau inconscient, oui, il doit y avoir un tissu secret de combinaisons et caractères qui se seraient raffinés et préservés, grâce à la discipline endogamique poursuivie pour des dizaines de générations, et qu’on retrouverait au microscope en séries de variations polymorphiques dans la chaine nucléotidique… Rien de substantif quant à leur nature anthropologique, bien entendu. On ne parle pas de gènes de noblesse de caste, bien sûr, moins encore de qualités esthétiques, ou psychiques. Mais, si la vertu et l’autorité ne se recèlent pas dans le ADN, il suffit de savoir que les variations minimes, les mutations uniques jalousement sauvegardées exaltent leur valeur tout simplement par la force tautologique de leur auto-désignation. Le R1a1 ne signifie rien d’autre que soi même, nous-mêmes et rien d’autre. On s’approche par cette démarche réflective au seuil d’une nouvelle forme d’assertion de « pureté ». Court-circuitant sur elle même, la reconnaissance des origines, avec la confirmation collective des traits profonds du « nous », exploite les ressemblances dans le « texte » moléculaire pour saisir le niveau inconditionné de la nature intime du nous imprimée dans l’écriture génétique.
Néanmoins, l’unicité du « nous » pourra trouver un soutien amplifié grâce aux ressemblances. Tel ou tel lignage, gotra ou kul trouvera résonnance dans la série des lignes et « bamsa » ( descendances ) différents, plus ou moins éloignés dans l’espace, mais proches ou coïncidentes quant aux signes de distinction génomique. Et de l’hindouité authentique ( et supérieure) : le discours politique et métapolitique que l’idéologie du nationalisme hindou amorce à coté de ses proclames ne dédaigne pas le rappel aux raisons d’identité antique et au patrimoine de ressemblances entre les hindous aux racines le plus fermes. Ainsi , les Chandraseniya Kayastha Prabhu (CKP) , ancienne communauté du Mahrastra qui vante une histoire millénaire de primauté militaire et sociale dans le pays , peut appuyer son droit à la plus haute reconnaissance d’hindouité sur les données des comparaisons entre castes et lignages d’élite parmi les castes les plus hautes
As per studies conducted by International Institute of Population Studies in research about migration of communities from Indus basin mentions of DNA of CKP nearly matches 94.3%DNA of Somvanshiya Kshatriya Pathare Prabhu , 88.6% with Goud Saraswat Brahmin community from Karwar & Goa , 89.2% with Khatri community living in Indus basin in Punjab, Kashmir, Sind provinces. In Maharastra, 87.1% with Deshastha Brahmin , 59.5 % with chitpavans [7]
En découvrant leur homologie primordiale avec les classes d’identité plus hautes dans la hiérarchie de caste – hiérarchie de statut et, dans ce scenario, hiérarchie génétique – les « CKP », qui ne sont pas reconnus en tant que varna brahmanique ( il sont Kshatriya, le deuxième niveau de l’échelle des positions de dignité rituelle) essayent de faire valoir une revendication élitaire autant que d’affirmer la cohésion intangible à l’intérieur de l’ hindouité.
Ce précisément cet esprit d’identité ancestrale et nationale qui se trouve invoqué et affirmé dans les stratégies symboliques des porteurs de la tradition illustre et intransigeante dont font profession les personnages leaders dans le milieux fondamentalistes hindous. C’est le cas du plus connu parmi ces promoteurs du nationalisme de nos temps, Balashaheb Thakre, d’ancienne origine kshatryia, dont le nom de famille témoigne éloquemment l’enracinement dans le Maharastra, l’état où peut être l’esprit de fierté indien trouve ses expressions plus vibrantes. Lui donc , le leader vénéré et glorifié après sa mort et même avant en tant que défenseur de la dignité nationale et de la pureté indienne, contre toute intrusion étrangère , islamique surtout, reçoit le chrisme des références génétiques quasi-brahmaniques. La vigueur de l’idéologie néo-hindou, nourrie de valeurs xénophobes, violemment nationalistes et populistes se trouve ainsi imprégné d’allusions aux racines et héritages originaires, qui se prétendent solidifiés par les évidences de la science.
En fait le travail systématique de screening [8]sur la variété des castes, de langues et de sections ethniques, se développant dans les milieux des biologistes professionnels autour du thème de l’autochtonie ou de l’allochtonie de tel ou tel regroupement ou échantillon de castes , ne manque pas de servir, plus ou moins consciemment , aux pulsions mythisantes du discours nationaliste. Le mythe de maternité et paternité primordiale (la divinisation de la « mère Inde », à cote de l’iconographie du dieu guerrier et souverain) fait de symbole, plutôt rudimentaire à vrai dire, d’une supposée parenté originaire entre les hindous, entre les « vrais » hindous.
Je ne veux pas affirmer par là que l’idéologie de l’ hindutva s’aplatisse sur une doctrine raciale naïvement essentialiste. Le mélange entre casteisme (et nostalgie arya) et solidarité traverse cet univers idéologique sans trop de souci pour la cohérence. Mais, peut être, les attentes sous-jacentes : naturalisation du « nous » , nous le purs, nous les vrais, nous mes parfaits ( pour les élites de caste) pullulent au delà et au dessous des discours explicites, et au delà des limites d’extension sociale du fondamentalisme.
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[1] WHO , Who are us, Who are the McGregors… ; la question initiale , moi, je, se repropose ici au pluriel, pour le « nous »: qui sommes nous? Sauf le saut de niveau du code parentologique, puisque il, ya pas, ou il ya tres peu de noms relations collectives et la necessité de se nommer devient primaire.
[2] [on remarquera bien que dans les arbres généalogique – pour mieux dire, les Arbores Consanginitatis et affinitatis des codes médievaux , e après, la place centrale est occupé par une sorte de portrait du sujet appellant, un personnage abstrait, un et n’importe qui peut recevoir le nom fictif de johachim ou Petrus… Ou bien tout simplement un cercle vide, blanc, lorsque tous les autres sont remplis par le terme de parenté correspondant, avec méticuleuse distance, nombre des bifurcations, degrés de passages de générations etc. par rapport au titulaire-pivot, celui que nous, nous les anthropologues appelons , précisément le ego.]
[3] Voici juste un fragment des insignes et de slogans d’auto-présentation:
«S Rioghal Mo Dhream!Royal is my Race!Fàilte! The Clan Gregor Society is a growing organisation with membership throughout the world. It's most active objectives are to extend the links of kinship and friendship between MacGregors, wherever they may be, and to provide a focal point for all members of the Clan and interested visitors who wish to learn more of our noble past.»
[4] «Gregory 30977 descends from Charles Gregory born c1719 Northampton, North Carolina …. descends from Richard Gregory about 1580 from London …»
[5] Branches, sous-branches et sous-sous-branches, toutes dérivées du même souche, se détaillent en titres d’ethnicité certifiée. Voire le cas des R1b1a2a1 “Neolitique europeen” (9 mile années…) d’où proviennent les R1b1a2a1a1a, Frisian,Anglo-Saxon, les R1b1a2a1a1a2 Germanic, Eng, pre Anglo-Saxon, les R1b1a2a1a1b Pan-European Celtic, et ainsi de suite, juqu’ aux R1b1a2a1a1b4 Celtic, Ireland,Britain,France,Germany ( 3000 années), selon la reconstitution proposé par les généalogistes du projet Colla :
Oriel and Thomond McMahon DNA An Analysis of DNA material pertaining to Project McMahon Testers
[6] “Genetic studies showed that Bandyopadhyay as a part of Bengali Brahmins Share the Highest concentration of R1A1a(yDNA) haplotype, which has been analysed by various experts. I being a novice in this field, tried my best to come to a simple conclusion from all the data gathered from the internet. The population group in which the Bengali Brahmins belong might have originated indigenously in South East Asia (? Around ancient Saraswati river) and eventually migrated to Pakistan, central Asia, Russia and Europe or they might have originated somewhere in Central Asia, while One group came to India the other group went towards the Ural Mountains.”
[7] The king of Maharashtra Balsaheb Thakre http://balasahebthakre.blogspot.it/2012/06/balasaheb-thakre-family.html
[8] Plusieurs niveaux de travail et de recherche à ce propos se trouvent aujourd’hui dans le panorama de la recherche biogénétique en Inde, soit autour d’agences gouvernementales et d’institutions officielle, soit dans les centres de recherche académiques ou privés. Sans que tout ça puisse être soupçonné de naturalisme casteiste, ou, pire, racialiste, il faut reconnaitre à cet univers de moderne anthropologie physique une relevance marquée. Je renvoi ici à quelques essais d’intérêt sur ce point : Bamshad ; Sharma, aussi que les données publiées par le