Guide pratique pour les TPE qui cherchent à financer leur activité - 2ème partie

Guide pratique pour les TPE qui cherchent à financer leur activité - 2ème partie

Suite de notre série consacrée au financement des TPE. Le constat de départ est le même que dans le premier article (que je vous invite à lire si vous ne l’avez pas encore fait) : les financements bancaires classiques ne sont pas toujours bien adaptés aux besoins des petites entreprises, alors que tant de solutions alternatives, parfois méconnues, existent. 

Après avoir exploré les solutions pour financer l'achat d'un matériel, réduire son délai d'encaissements clients et financer une activité saisonnière, je vous propose d’aborder d’autres situations réelles de la vie des TPE : le lancement d’un projet éco-responsable, le financement de dépenses d’innovation, le développement à l’export et la création d’une communauté autour d’un nouveau produit. 


Réduire l’empreinte carbone de son entreprise

La réduction de l'empreinte carbone est une préoccupation grandissante de la société dans son ensemble, et donc des entreprises. Plusieurs raisons à cela : une prise de conscience bien sûr, mais aussi une réponse aux exigences grandissantes des consommateurs et des investisseurs en matière d'engagement écologique, et l’anticipation de régulations toujours plus strictes. 

Que ce soit pour améliorer l'efficacité énergétique des locaux, développer des filières durables, ou créer un produit qui contribue à la décarbonation, les TPE sont de plus en plus nombreuses à s'engager dans cette voie. Plusieurs dispositifs de financement sont à leur disposition : 

  • l’emprunt auprès de financeurs privés : la plupart des établissements bancaires du marché proposent des « prêts verts » pour financer des dépenses liées à la transition écologique des entreprises. D’autres vont plus loin encore, proposant des bonus de taux lorsque l'entreprise fait état d’un engagement RSE (voir notamment les posts d’Antoine Msika, de Shine, sur ce sujet) ; 
  • l’emprunt auprès de financeurs publics : Bpifrance, notamment  propose des prêts sans garantie pour les TPE, comme le Prêt action climat
  • les subventions : l’ADEME propose des subventions au service de la décarbonation, qu’il s’agisse d’améliorer l’efficacité énergétique des locaux ou de revoir les cycles de production par exemple ; 
  • le soutien d’acteurs privés, et notamment de fondations, comme Entreprendre&+, qui soutiennent des projets à impact sociétal ou environnemental positif ;
  • des avantages fiscaux : les entreprises qui réalisent certains travaux de rénovation énergétique d'un bâtiment peuvent ainsi bénéficier d'un crédit d'impôt pour les dépenses qu'elles ont engagées.


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Faire le pari de l’innovation 

Contrairement à ce que l’on pourrait penser, les dépenses de recherche et développement ne sont pas l’apanage des grandes entreprises ! De nombreuses TPE travaillent sur le développement d’un nouveau produit, d’un nouveau service, ou d’un nouveau mode de production. La recherche n’est pas non plus réservée aux secteurs de haute technologie, de biochimie ou d’intelligence artificielle.

J’en veux pour preuve le palmarès des trophées INPI de ces dernières années, qui récompense les entreprises les plus innovantes. Citons par exemple Chargepoly qui propose des stations de recharge intelligentes pour véhicules électriques, ou Gravipack qui a imaginé des sacs à dos permettant d’alléger de 92% la charge sur les épaules. 

Les TPE hésitent pourtant à se lancer dans des projets de recherche et de développement, voire d’innovation. Souvent, elles craignent les coûts élevés d’une telle démarche, et l’incertitude du retour sur investissement. Sécuriser le financement est donc un enjeu majeur pour stimuler l’innovation des TPE. Pour cela, elles peuvent s’appuyer sur : 

  • le crédit impôt recherche, qui est sans doute le dispositif le plus connu. Il permet de financer 30% des dépenses de recherche et développement par année civile. Toutefois, il peut s’avérer complexe à mettre en place et restrictif dans ses conditions d’application (sur ce sujet, voir par exemple cet article d’ Aurélien Barrière )
  • le crédit impôt innovation, qui a vu le jour plus récemment, est réservé aux plus petites entreprises. Il permet de bénéficier d’un avantage fiscal remboursable égal à 20% des dépenses nécessaires à la conception de prototypes ou d’installations pilotes de produits nouveaux (voir par exemple cet article de MYRIAGONE CONSEIL )
  • les aides régionales, importantes dans ce domaine, comme Innov’Up, en Île de France. Souvent moins visibles, il ne faut pourtant pas les négliger !
  • la Bourse French Tech, proposée par Bpifrance, qui apporte jusqu’à 90 000€ de subvention pour financer les premières dépenses d’une start-up, mais aussi le prêt innovation sans garantie, proposé par ce même établissement public ;
  • les nombreux concours qui encouragent l’innovation dans des zones géographiques spécifiques, ou auprès de publics ciblés, comme le concours Pépite, qui accompagne les projets portés notamment par les jeunes diplômés. 


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Se lancer à l’export 

Aller à l’international est toujours un pari pour les entreprises désireuses d'accroître leur croissance et de diversifier leur activité. Exporter, c’est accéder à un plus grand nombre de clients potentiels bien sûr, réduire sa dépendance à l'égard du marché domestique, ou découvrir de nouvelles tendances. 

Lorsqu'elles décident de se lancer, les TPE prennent des risques supplémentaires. Elles ont souvent moins de moyens pour explorer le marché local, et moins d’occasions de se rendre sur place pour trouver des partenaires et sécuriser leur réseau de distribution. La complexité juridique et la barrière de la langue sont aussi plus difficilement franchissables en l’absence de ressources internes dédiées. La gestion du risque crédit, mais aussi du taux de change, ajoutent un aléa économique à ces difficultés. 

Pourtant, plusieurs dispositifs de financement existent : 

  • le Prêt Croissance International par Bpifrance : pour bénéficier de 30 000 € à 5 000 000 € de prêt, sans garantie, afin de financer la croissance à l'international ;
  • l'assurance prospection à l’international par Bpifrance : pour bénéficier du soutien financier (jusqu’à 65 % des frais) et d’une assurance contre la perte subie en cas d’échec commercial ;
  • l’assurance-crédit, qui permet notamment de couvrir le risque de non-paiement et d’interruption de contrats commerciaux ;
  • le crédit export, destiné à financer un contrat d'exportation, et par lequel une banque donne un mandat irrévocable aux banques de verser les fonds au fournisseur et à lui seul, offrant ainsi une sécurité de paiement importante.


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Lancer un nouveau produit et créer une communauté

C’est une évolution majeure du marketing de ces dernières années. Vendre un produit ne suffit plus, il faut désormais constituer des communautés. Les réseaux sociaux en particulier, ont démultiplié ce phénomène, et généralisé le « marketing d’influence ». Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce phénomène ne concerne pas que les grandes marques de luxe aux moyens quasi illimités !  

Dans les TPE, le recours au crowdfunding, ou financement participatif, peut s’avérer particulièrement intéressant. Comment ? 

Prenons un exemple : un artisan boulanger, souhaitant ouvrir une nouvelle boutique dans un quartier en plein essor avec un concept de boulangerie bio et locale, pourrait décider de recourir au crowdfunding pour financer une partie de son projet, l’achat d’un four par exemple. Pour convaincre les futurs contributeurs, il pourrait mettre en place une campagne de financement participatif en ligne, présentant son concept et les valeurs qu'il souhaite véhiculer. En échange des contributions, il pourrait offrir des contreparties attractives, comme des heures d’ateliers de fabrication de pain, ou la possibilité de donner son nom à une nouvelle création. En procédant ainsi, ce boulanger aura fidélisé ses futurs clients avant même son ouverture !

De nombreuses plateformes en ligne permettent de lancer ce type de financement en quelques clics. Il convient toutefois de distinguer : 

  • le crowdfunding, qui prend la forme de dons avec des contreparties fixées par l’entreprise (comme dans mon exemple de l’artisan boulanger) 
  • le crowdlending, qui prend la forme d’un prêt, avec une date d’échéance et un taux d’intérêt ;
  • le crowd equity, dans lequel les « donateurs » obtiennent une part du capital et deviennent donc associés.


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Il n’y a pas que le financement bancaire dans la vie ! 

Malgré ces deux articles, nous n’avons toujours pas fait le tour des solutions de financement disponibles sur le marché ! J’espère cependant que ce panorama vous aura convaincu qu’il est possible de trouver des solutions adaptées à vos projets, quels que soient votre chiffre d’affaires, le montant dont vous avez besoin, ou votre secteur d’activité. Bien sûr, un important travail de communication reste à faire pour mettre en relation les TPE avec cette offre de financement, et l’ensemble des partenaires de l’entreprise, experts-comptables, banquiers, éditeurs, ont un rôle à jouer. 

Avez-vous eu recours à certaines solutions de financement évoquées dans cet article ou le précédent ? Une « success story » à partager ? Quelles sont vos idées pour que les TPE s’emparent de ces leviers ?

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