Hashtag : Je suis atypique !

Bac +3, +4, +5… +10… après un certain nombre d’années d’expérience, je comprends enfin l’importance d’un diplôme dans le milieu dans lequel je travaille. Ces fameuses années d’études après le Bac qui sont supposées permettre d’acquérir des compétences en vue d’exercer un métier, sont en effet bien plus que ça. 

Ce sont des passes permettant d’accéder à un club privé auquel ne pourraient prétendre ceux qui n’auraient pas passés de diplômes. D’après ce que j’ai entendu dire, il semblerait même qu’au sein de ce club privé, le coin VIP serait dédié à ceux qui auraient faits les « meilleures écoles … » 

Pour les autres, ceux qui n’auraient pas passés de diplômes mais qui malgré tout exercent avec brio le même métier, ils intègrent la confrérie des atypiques.

Au début, on vous fera comprendre qu’être atypique c’est plutôt sympa. On dira que « l’atypique est doté d’une forte capacité d’assimilation et d’adaptation. Il est déterminé et ambitieux ». C'est plutôt cool, non ?

Mais plus vous avancez et souhaitez évoluer, plus vous comprenez qu’être atypique, ne vous permet pas d’accéder aux mêmes offres que tous les autres. 

Un peu comme quand votre opérateur téléphonique propose des offres promotionnelles alléchantes, mais auxquelles vous n’avez pas droit, parce que vous n’avez pas le bon forfait ou parce que c’est réservé aux nouveaux clients. Peu importe votre fidélité à cet opérateur, vous ne pourrez bénéficier de ces offres. 

C’est pareil pour les atypiques qui, peu importe le nombre d’années d’expérience, ne peuvent prétendre aux même évolutions et semblent même pour la plupart, voués à « foncer droit dans un mur » s’ils ne valident pas de diplômes.

« Je ne devrais pas vous dire ça, mais les diplômes on ne s’en fout pas, sinon il vaut mieux aller travailler dans une startup qui sera peut-être moins regardante sur vos diplômes … »

C'est l'une des phrases que j'ai pu entendre lorsque j'ai souhaité évoluer.

On m'a expliqué que malgré un bon parcours jusqu’à aujourd’hui, des retours de mes managers qui vantent mes mérites, les projets réussis que j’ai pu mener, malgré un état d’esprit exemplaire et un très bon relationnel, malgré tout ce que j’ai pu accomplir, je ne pourrai bénéficier d’une classification et d’un salaire équivalent à celui qui aurait passer des diplômes et qui exerce le même métier que moi, et ce, même s'il a moins d'expérience.

Comme si ce que j'accompli au quotidien, n'aura jamais de poids face à ce que j'aurais pu apprendre en ayant fait des études.

Tous les métiers nécessitent-ils d'avoir le diplôme s'y rattachant pour y être compétent ?

Il est normal pour une personne sur le marché du travail, de pouvoir justifier sa capacité à exercer un métier, soit par ce qu'il aurait appris en faisant des études, soit par son expérience. 

Et certains métiers ne peuvent clairement pas s'exercer sans en avoir fait les études pour. On se verrait effectivement mal laisser opérer par un chirurgien qui n'aurait pas fait les études et valider les diplômes nécessaires.

Mais la question peut se poser, est-ce que tous les métiers nécessitent d'avoir le diplôme s'y rattachant pour être compétent ?

Au vu de mon parcours, je répondrai non.

Cela fait près de 10ans que je suis rentré dans le monde du travail, et depuis très longtemps on tente de m’expliquer que sans diplôme, je suis voué à un échec professionnel ou à finir dans un placard.

Pourtant, ça ne m'a jamais vraiment déstabilisé, et à force de travail et de détermination, j'ai toujours pu m'imposer et être un élément moteur des équipes dans lesquelles j'ai évolué. Je repense même aux personnes, diplômées ou non, que j’ai formées lorsqu'elles sont arrivées dans ces équipes.

Donc j’ai beau entendre le discours sur la nécessité des diplômes pour que j’évolue dans mon métier mais j’ai du mal à le comprendre.

Aujourd’hui encore lorsque je postule dans une autre entreprise pour exercer le même métier afin de challenger ma carrière ou découvrir de nouvelles méthodes de travail, on me répond que mon parcours scolaire ne correspond pas.

En interne, on m’explique qu’il faudrait que je fasse une validation des acquis pour valider mon expérience et obtenir un diplôme avant de postuler. Non pas pour acquérir les compétences nécessaires au poste auquel je postule, mais afin de pouvoir indiquer « Bac+… » sur mon dossier et correspondre au "profil typique" recherché.

• Mais quel est l’importance réelle pour une personne qui exerce un métier depuis un certain nombre d’années de valider ses compétences par un diplôme ?
• Si pour « valider » toutes mes années d'expérience je dois obtenir le diplôme, celui qui a obtenu le diplôme, doit-il pour le valider, obtenir le même nombre d'années d'expérience que moi ?

Les réponses à ces questions ne permettront peut-être pas à faire changer les mentalités car on est ancré dans ce modèle depuis de trop nombreuses années. Mais je pense que le débat mérite d’être soulevé.

Peut-être que je devrais me conformer à ce que la société a défini comme normal, typique et allant de soi et m’atteler à passer des diplômes sur les sujets que je maîtrise déjà, et ainsi valider mon expérience et mes compétences pour un métier que j'exerce déjà.

Ou peut-être devrais-je continuer de me former uniquement pour acquérir des compétences que je n'ai pas et non des diplômes de complaisance, afin d’être efficace et autonome dans les métiers que je choisis d’exercer… ou l’entreprise que je choisis de créer.

J’ai tendance à me percevoir comme ce lion dans une meute de loup à qui l’on demande de justifier, par un examen, sa capacité à chasser. Mais qui continue de casser les codes et qui grâce à sa détermination devient le leader de la meute, quitte à se balader avec écrit sur le front :

Hashtag : Je suis atypique !