(Hebdo. 2-8 Avril 2018) - Une lueur d'espoir concernant l'ALENA (CAD & MXN dans les starting-blocks)...L'euro victime de nouvelles banderilles ?
Source: LeMonde

(Hebdo. 2-8 Avril 2018) - Une lueur d'espoir concernant l'ALENA (CAD & MXN dans les starting-blocks)...L'euro victime de nouvelles banderilles ?

Coup d'oeil rapide sur les évènements clés à suivre cette semaine sur les marchés des changes.

Le maintien de l'ALENA en bonne voie ?  (CAD & MXN) : Alors que les craintes de guerre commerciale entre Chine et Etats Unis restent vives - d'autant plus depuis l'officialisation dimanche par Pékin de taxes (entre 15% et 25%) sur 128 produits américains - on voit poindre dans ce ciel ombrageux un rayon d'espoir concernant le maintien des accords de libre-échange nord-américain (ALENA). Plusieurs sources révèlent ce mardi une volonté du camp américain d'obtenir un accord préliminaire avant le sommet des Amériques qui se déroulera les 13 et 14 avril prochain à Lima (Pérou). Les négociations devraient donc s'accélérer cette semaine alors que l'on évoque dans les médias la venue mercredi à Washington du ministre mexicain de l'économie et jeudi de la ministre canadienne des affaires étrangères. Voyant la menace d'un retrait des Etats Unis comme une épée de Damoclès au-dessus de leur économie respective, Canada et Mexique accueilleraient avec un grand soulagement un accord tripartite… même perfectible. Cela pourrait alors déclencher un large mouvement de revalorisation des devises canadienne et mexicaine. Après une rebond de près de 9% entre janvier et mars et l'atteinte d'un pic de 8 ans à C$1,6150, la paire EUR/CAD est susceptible revenir rapidement vers son support de C$1,55. Concernant la paire EUR/MXN, il ne serait pas surprenant de la voir retomber sur ses plus bas niveaux depuis octobre 2017, sous le seuil de MXN 22,0. Une zone d'ombre demeure et pourrait constituer un frein à la signature d'un accord : la question de l'immigration mexicaine vers les Etats Unis, laquelle a été une nouvelle fois sévèrement critiquée par Donald Trump le weekend dernier. 

L'euro victime de nouvelles banderilles ? Le couloir $1,22-$1,24 en danger (EUR) : Alors que le premier trimestre 2018 vient tout juste de s'achever sur un nouveau rebond de la paire EUR/USD (+2,7% au T1) - le 5ième successif ou la plus longue série depuis la période 2007/2008 - ce qui frappe aux yeux des observateurs est la relative stabilité du cours de change depuis deux mois, lequel a globalement oscillé dans une fourchette de prix de $1,22-$1,24. Alors que l'on pensait celle-ci "brisable" par le haut (tentative de retour à $1,25), c'est actuellement vers le bas que l'on craint voir la paire de change sortir de ce couloir de fluctuation. Les récentes enquêtes d'activité en Zone Euro (enquêtes PMI) semblent signaler un début de ralentissement de l'économie sur le début d'année 2018. Par ailleurs, la région continue de souffrir d'une absence de pressions haussières sur les prix dont on craint, du côté des investisseurs, qu'elle pousse la BCE à revoir ses plans de hausse de taux, si ce phénomène était amené à perdurer dans le temps. Le retour de la "peur" sur les marchés financiers n'est pas non plus un contexte favorable à l'euro, celui-ci étant généralement délaissé lors de périodes troubles ; comme celles que l'on vit actuellement ; au profit de devises considérées plus stables comme le yen japonais, le franc suisse...et le dollar américain. Une accentuation des incertitudes liées à la faiblesse de l'inflation et un rapport "solide" de l'emploi aux Etats Unis pourraient, tous deux combinés, faire "sauter" le support technique de $1,22.

Source: Reuters

Évènements clés de la semaine : 

• Mercredi (11h00) : Accélération attendue des indices général/de base de prix en Zone Euro. Une hausse de l'inflation dissiperait les doutes autour de l'euro.

• Jeudi (14h30) : Statistiques commerciales aux Etats Unis & Canada. Les médias évoquent également une rencontre à Washington entre la ministre canadienne des affaires étrangères et le représentant américain au commerce.

 Vendredi (14h30) : Baisse du chômage à un plus bas depuis 2000 (cons: 4,0% vs 4,1%) et accélération des salaires (cons : 2,7% A/A vs 2,6%) attendues aux Etats Unis.

Tour d'horizon de la semaine sur les marchés des changes (Commentaires détaillés - Biais euro):

EUR : Les fondamentaux économiques décevants et le contexte de volatilité actuelle (tensions commerciales entre Pékin et Washington + fébrilité des marchés actions américains causée par la mauvaise performance des valeurs technologiques) sont défavorables à la devise européenne. Si cette dernière a fait preuve d'une bonne résilience ces dernières semaines malgré l'absence de signaux "favorables" de la BCE sur ses plans futurs, l'euro voit l'enthousiasme des marchés à son égard se réduire peu à peu compte tenu la multiplication de signaux suggérant une activité économique moins soutenue en Zone Euro sur ce début d'année 2018 (indices PMI). À chaque fois qu'elle s'est trouvée au bord du gouffre, la devise européenne a su trouver les ressources pour résister aux pressions baissières qui lui faisaient face. Bis repetita cette semaine ? Les nouveaux chiffres d'inflation joueront très certainement un rôle clé dans la future direction (à court terme) de l'euro.

USD : Si globalement le dollar américain se nourrit des peurs des marchés, la situation est quelque peu différente ici puisque les tensions commerciales qui pèsent actuellement sur le sentiment des investisseurs - lesquels sont peu enclins à prendre des risques - concernent directement l'économie américaine. Pékin a prévenu aujourd'hui, par l'intermédiaire de son ambassadeur aux Etats Unis, qu'elle n'hésiterait à répondre avec "la même amplitude et la mesure magnitude" aux Etats Unis en cas de nouvelles mesures protectionnistes ciblant des produits chinois. La Chine, en tant que 3ième pays d'accueil des exportations américaines (derrière le Canada et le Mexique) et 1er créancier de dette souveraine américain, a les moyens de se lancer dans un bras de fer avec Washington qui pourrait avoir des dommages collatéraux importants pour l'économie américaine. Un apaisement des tensions permettrait aux investisseurs de recentrer leurs intérêts et attention en direction des fondamentaux. Les résultats des enquêtes d'activité dans le secteur privé et les nouveaux chiffres de l'emploi publiés vendredi pourraient regonfler un peu le moral des observateurs et initier de nouvelles prises d'achat en dollar américain.

GBP: La livre sterling pourrait profiter des difficultés actuelles de ses pairs et du détournement global de l'attention générale du Brexit et de ses incertitudes pour tirer son épingle du jeu et se revaloriser. Dans cette entreprise, elle pourrait être soutenue par des signaux positifs ; ou du moins rassurants ; envoyés par l'économie britannique. Les regards seront attentifs aux résultats des enquêtes PMI publiées tout au long de la semaine ; entre mardi et jeudi ; lesquels pourraient, sauf décrochage non attendu, donner un peu plus de crédit à l'hypothèse d'une nouvelle hausse de taux par la Banque d'Angleterre en mai (probabilité estimée à 73% sur les marchés à terme). La présence de niveaux techniques importants et la volatilité récente de la livre sterling sur la fin du 1er trimestre (fort rebond) semblent néanmoins limiter le potentiel haussier de la livre britannique. Les récents évènements nous ont démontré - une nouvelle fois - que briser le support de £0,87 n'était pas une tâche aisée pour la paire EUR/GBP (barrière qui résiste depuis juin 2017)...tout comme peut l'être le seuil de $1,42 pour le câble (GBP/USD).

JPY : Le retour de la "peur sur les marchés" - initiée par les tensions commerciales sino-américaines et le décrochage des actions de grands "poids lourds" du secteur technologique aux Etats Unis (Facebook, Intel, Tesla, Amazon) - en ce début de 2nd trimestre vient contenir toute hypothèse de correction baissière importante de la devise japonaise malgré un rebond de plus de 3% face à l'euro et de presque 6% face au dollar américain lors des trois premiers mois de l'année. Un accord trouvé sur l'ALENA pourrait raviver l'espoir que la Maison Blanche n'est pas totalement fermée au dialogue, et donc amorcer un début de détente chez les investisseurs. Cela ne devrait pas être suffisant pour initier un retrait significatif des positions "acheteuses" de yen, à moins que la relation tumultueuse entre Pékin et Washington se normalise quelque peu dans les prochains jours. Un scénario possible mais néanmoins difficile d'anticiper avec certitude. Pour le moment, le contexte hostile actuel soutient une stabilité du cours EUR/JPY dans un couloir étroit de ¥130-¥132 / le cours USD/CNY dans un couloir étroit de ¥105-¥108.

CHF : La paire EUR/CHF reste globalement résiliente aux fondamentaux mitigés en Zone Euro et au retour des incertitudes sur les marchés financiers mondiaux. Les divergences monétaires entre la Zone Euro et la Suisse (à nouveau mises en lumières la semaine dernière après les propos très accommodants d'un membre de la Banque Nationale Suisse, Andrea Maechler) restent pour l'heure un facteur moteur maintenant la paire sur un niveau très élevé, dans la partie supérieure du couloir de fluctuation de ₣1,17-₣1,18. La paire de change pourrait restée sensible à ce catalyseur, d'autant plus si l'on observe une divergence de dynamique entre les chiffres d'inflation en Zone Euro (mercredi) et en Suisse (jeudi). Le consensus table sur une légère accélération de la dynamique annuelle de prix en Zone Euro (1,4% vs 1,2% précédemment) et une dynamique stable en Suisse (0,6% vs 0,6% précédemment). Le contexte global, actuellement dégradé, devrait néanmoins maintenir la paire aux portes du palier "psychologique" des ₣1,18. A l'occasion d'une nouvelle sortie publique programmée ce jeudi de A. Maechler (18h00); pourrait réaffirmer l'idée, déjà soutenue la semaine dernière, d'un non-empressement de changement de cycle monétaire en Suisse, et l'argument d'un franc actuellement "hautement valorisé". De tels propos viendraient à nouveau annihiler toute tentative de rebond de la devise suisse.

PLN : Les nouvelles statistiques d'inflation publiées mercredi matin en Pologne (10h00) pourraient soutenir le mouvement de revalorisation amorcé par le zloty depuis la fin mars, après que celui-ci ait chuté à son plus bas niveau depuis 4 mois face à l'euro (Pic de PLN 4,2427 recensé sur la paire EUR/PLN le 21 mars). En effet, les économistes voient l'inflation générale se redresser légèrement au mois de mars et s'éloigner de son plus bas niveau depuis 14 mois atteint le mois précédent (cons.: 1,65% vs 1,40% en février). Si un tel résultat est susceptible de se révéler insuffisant pour convaincre les banquiers centraux polonais de changer leur fusil d'épaule lors de la réunion monétaire qui aura lieu la semaine prochaine (pas de hausse de taux prévue cette année), il pourrait cependant relancer les spéculations autour d'un scénario d'une intervention en 2019. Cela pourrait, à défaut de déclencher un large rebond du zloty, au moins valider un retour de la paire EUR/PLN sous le seuil de PLN 4,20.

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