Ils se dévouent aujourd’hui. Demain ils exploseront !

Ils se dévouent aujourd’hui. Demain ils exploseront !

Dans les milieux de la santé mentale, de la protection de l’Enfance et du handicap, les ados subissent des qualifications durant les rencontres cliniques, politiques qui les boucémissarisent. J’entends par là qu’ils s’offrent volontiers à subir des lectures de leurs comportements les désignant inadaptés à l’école, ... à la société.

Cela commence dès l’école primaire. « Consultez un neuro-pédiatre pour qu’il traite la pulsionnalité, l’agitation de votre enfant et nous le reprendrons en septembre ». Voilà le comportement, ses manifestations médicalisées. C’est donc bien le trouble qui est pris en compte en terme de soin plutôt que les carences d’une saine « contenance » qu’il pourrait recevoir de sa (ses) famille(s). Sur cette lecture étiopathogénique orientée, partiale, excluant un accord social large ; famille, école, médico-psy s’entendent pour externaliser sur l’ado la responsabilité des manifestations troublantes qu’ « on se reproche, dont on s’envoie les responsabilités ». Ce que je lis comme un affaiblissement dans l’exercice de la capacité contenante qu’ils attendent de parents, d’enseignants, d’éducateurs... Se compliquant, ces difficultés amènent ces jeunes dans des services spécialisés. Dans les réunions de synthèse, dans les réunions d’équipe, il n’est pas rare d’entendre les équipes assurer que tel jeune ne relève pas de leur prise en compte, les troubles du comportement se manifestant de façon incontrôlable. Ils échappent à la surveillance, ils agressent... Bref, un brin de médicalisation d’un problème qui, à priori, relèverait d’une action éducative « puissante », contenante, serait indispensable, déclare-t-on en réunion. Dans le cas contraire, cette équipe irait jusqu’au « droit de retrait », si on ne lui accorde pas que cet enfant sort du cadre qui est le sien. Cette externalisation, une des caractéristiques de l’adolescence, aurait-elle contaminer les encadrants ?

Dans de nombreux lieux de reflexions qui traitent des jeunes dits difficiles, incasables, patates chaudes, les débats semblent devenir symétriques entre jeunes en difficultés et professionnels. Cette perte de « contenance » serait généralisée. Un stress sociétal dont le burnout devient le thermomètre. Un accord secret entre parents et professionnels pour se renvoyer la responsabilité dans le jardin de l’autre.  

Ce constat ne condamne personne. Il nomme l’effort que doit entreprendre la société pour que les postures « parentales », familiales, éducatives, soignantes, scolaires... construisent ensemble les « bords » dont on besoin les jeunes pour se construire. Tous n’y participent pas à hauteur égale, mais la contribution de tous, comme en écologie, est indispensable.                                          Un équilibre urgent à établir dans une organisation sociétale qui 

aujourd’hui pratique le saucissonnage schyzophrénogène, véritable bombe à retardement comme le climat, pour rester dans la métaphore. 


Le ministre en charge des politiques de l’Aide à la Jeunesse semble oublier ce devoir quand unitéralement il décide que les jeunes manifestant des difficultés s’apparentant au handicap, à la santé mentale se verrait fermer la porte des IPPJ, s’ils étaient qualifiés en sus de délinquants. Entre les lignes, on peut en conclure qu’il considère qu’il appartient aux secteurs du handicap et de la santé mentale d’étoffer le financement des IPPJ qu’il réserverait aux « normaux »,  qualifiés 36.4. Ou, peut-être irions-nous dans la direction de ce qui se pratique dans les milieux adultes de la défense sociale ? N’aurait-il pas entendu les propos qui se tiennent sur l’intégration, l’inclusion....

Bref, ici, la politique est politicienne, elle tente de faire coûter ailleurs ce qui le pourrait. 

Nous sommes loin d’une réflexion entendue dans tous les cercles qui évoquent l’impérieuse nécessité de penser les politiques en faveur des jeunes dans la transversalité. Les parlements des trois niveaux de pouvoirs doivent exiger des éxécutifs que ces réflexions se construisent dans l’inter-institutionnalité. 

Ils sont en devoir d’en montrer le chemin.


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