Quel devenir pour notre Société ?
Si pendant des années j’ai eu la tête dans le guidon travaillant dans la protection de l’enfance où l’on ne traite finalement que les situations extrêmes, avec les moyens du bord avec une demande de rentabilité de plus en plus présente, je fais un triste constat aujourd’hui en m’installant en libéral…
Dans une société qui se veut être de plus en plus libre, sans jugement, je constate que finalement c’est le contraire. Pour tous les maux, certainement pour se déculpabiliser et trouver toujours une responsabilité ailleurs, on étiquette chaque trouble comme si c’était une pathologie. Un enfant qui était considéré avant (dans ma jeunesse ;) comme tête de linote, agité, difficile est maintenant porteur d’un trouble à la mode, le TDAH. Un enfant qui était intelligent est maintenant devenu zèbre, HPI, ce qui lui autorise d’être différent, soit solitaire, soit tyrannique, soit en échec scolaire. Un enfant qui était insolent est maintenant un enfant porteur d’un TOP, trouble d’opposition par provocation.
Les adolescents qui cherchaient leur orientation sexuelle et la trouvaient dans un schéma différent de la norme, font aujourd’hui partis des LGBT qui se déclinent en plusieurs groupes. Ces adolescents qui revendiquent finalement d’être considérés comme tout autre ado se stigmatisent eux même en se revendiquant queers, aromantique, etc…
Ma pratique en libéral est peu connue. Elle m’oblige à rentrer dans cette mouvance, alors que mon cœur de métier est de m’occuper de l’enfant dans sa singularité sans lui mettre une étiquette et en l’accompagnant à être mieux dans son contexte de vie malgré ses difficultés. Je me vois aujourd’hui devoir faire une formation au programme Barkley pour tenter de me spécialiser pour accompagner les parents dont les enfants sont diagnostiqués TDAH. Un programme intéressant mais qui n’est autre que la mise en mots et en pratique d’une éducation normale, sensée, avec un cadre éducatif qui se perd peu à peu à cause de tous ces courants de pensée à la mode sur l’éducation bienveillante et positive qui, en plus de culpabiliser les parents de mal faire, entrainent les enfants dans une toute puissance angoissante au cours de leur évolution.
Quelle joie de découvrir Caroline Goldman et ses podcasts qui m’ont convaincue que mes inquiétudes étaient fondées ! Mais voilà… Revendiquer haut et fort que je ne colle pas à cette mode, à cette monétisation de tous ces troubles, à cette déresponsabilisation sociétale de tout le monde, des parents, des enfants, des professionnels, me fait prendre le risque de ne pas avoir de clientèle.
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De plus en plus j’interviens pour des parents dont les enfants sont devenus tyranniques, et à chaque fois le constat est clair et les parents, dans une démarche de changement le réalisent : le cadre éducatif est défaillant car trop bienveillant, car trop empêché par la culpabilité que véhicule cette société qui donne des leçons et des méthodes très théoriques. Alors je les aide à reprendre confiance en eux et à se déculpabiliser de dire « non » sans avoir à expliquer des heures pourquoi ils disent « non ». Souvent ça évolue positivement et ils redécouvrent leur enfant et le plaisir d’être avec lui autrement.
Et c’est grâce à ces interventions que j’ose aujourd’hui faire ce post et dire vraiment le fond de ma pensée.
La question qu'il faut se poser à mon sens : pourquoi aujourd'hui, beaucoup de professionnels sortent de leur coeur de métier pour s'intéresser à la guidance parentale si ce n'est parce qu'il y a une problématique à ce niveau là ? Pourquoi je vois de plus en plus de psychologues afficher sur leur site de présentation qu'il font de l'accompagnement à la parentalité, pourquoi ai je entendu il y a deux jours une "pédiatre" qui se spécialise dans l'accompagnement à la parentalité, pourquoi de nombreux coachs formés en 2/3 jours le week end se revendiquent spécialistes de la parentalité et proposent des méthodes miracles ?
Je vous laisse y réfléchir...
EJE
2 ansBonjour, Je vous votre analyse très pertinente. Néanmoins, je ne suis pas d'accord sur ce point " le cadre éducatif est défaillant car trop bienveillant ". Je suis une EJE de crèche et une maman bienveillante, car je reconnais l'émotion de l'enfant et je le considère comme une personne. Mais le cadre éducatif existe : si je dis NON, c'est NON ! C'est un peu réducteur de parler de "trop de bienveillance ". Les parents ne comprennent pas le besoin de cadre avec fermeté et le fait de considérer l'enfant comme une personne avec ses émotions.
Cabinet Éducatif et Parental Educlib.fr
2 ansJe partage totalement ces réflexions…. Le contre courant est souvent difficile à défendre, le sens et l’éthique sont malmenés dans un rapport marchand, le bon sens et l’écoute doivent être enseignés dans une méthode pour être crédibles…. Sans parler des diktats littéraires qui empêchent les parents d’être « suffisamment bons » en imposant une inaccessible soit disant perfection. Dans toute ma carrière, j’ai pensé que notre rôle était d’être un repère dans les dérives et les modes… Mais ne jetons pas toute l’eau du bain pour sauver le bébé … Les neurosciences, le développement de théories , notamment celle de l’attachement, les expressions de mal-être … apportent matière à réflexion. Sur ce, je file voir ce que raconte Caroline Goldman….
Psychologue clinicienne
2 ansMerci de dénoncer les écueils de l'éducation positive telle qu'elle a été transformée par des "spécialistes auto-proclamés" français. Elle est bien plus complète honnête et cohérente dans le monde angle saxon qui l'a faite naître. Dans le texte du conseil de l'Europe par ex on encourage à offrir des punitions non violentes telles que le Time out ou "mise à l'écart temporaire hors de l'espace commun" pour limiter l'enfant sans aucune conséquence négative sur sa structuration psychique par ailleurs. Il faut véhiculer cette méthode diabolisée en France par ces pseudos spécialistes et qui pourtant est la meilleure solution pour ne tomber ni dans le laxisme ni dans les veo !