Intelligence artificielle : quel avenir ? Interview de Fadil Boodoo
Dans le cadre de la rédaction de ma thèse professionnelle au MBADMB, j'ai eu la chance d'échanger avec Fadil Boodoo, spécialisé en Intelligence Artificielle. Je suis heureuse de vous partager notre interview passionnante dans cet article.
Mahault : Bonjour Fadil, pourrais-tu te présenter et nous partager ton parcours ?
Fadil : J’ai fait une classe préparatoire puis j’ai intégré l’Ecole Polytechnique. J’ai une formation assez généraliste en mathématiques, en physique et en chimie. Ensuite, je me suis spécialisé dans l’aérospatial et j’ai commencé à travailler dans ce domaine. J’ai voulu me réorienter en intelligence artificielle. Actuellement, je suis donc en reprise d’études, plus spécifiquement en master en mathématiques et je me suis spécialisé en IA le but étant de devenir chercheur en IA.
En parallèle de mes études, je travaille déjà dans ce secteur. J’ai codé un perceptron from scratch , j’ai travaillé sur différents projets notamment celui de comprendre comment est-ce que les étudiants utilisent la plateforme Moodle pour essayer de créer une IA qui, par la suite, apprendrait comme les étudiants à travers cette plateforme. En ce moment, Google essaie de créer une IA qui soit capable de reconnaître les mouvements que l’on fait devant son téléphone : pour voir si on veut balayer à droite, à gauche, en haut, en bas. Je travaille sur ce projet d’IA qui serait capable de reconnaître les mouvements de la main et de les associer à un mouvement du téléphone.
Mahault : Tu travailles donc chez Google directement, ou en indépendant ?
Fadil : Je travaille surtout avec le LIP 6 (Laboratoire Informatique de Paris 6), qui est un centre de recherche à la Sorbonne Université. De ce fait, c’est un chercheur qui travaille sur le projet et moi je l’aide. Je suis des cours mais en même temps je fais déjà de la recherche, j’ai donc déjà un peu commencé ma carrière de chercheur.
Mahault : Qu’est-ce qui a fait que tu as commencé à t’intéresser à l’IA ? Comment es-tu passé de l’aérospatial à l’IA ?
Fadil : Alors c’est une vraie question existentielle ! En réalité, je me posais beaucoup de questions sur ce que je voulais faire de ma vie, beaucoup de questions personnelles. Je pense que lorsque j’étais enfant, je me demandais « Qu’est-ce que je veux faire ? Qu’est-ce que j’aime faire ? De quoi moi j’ai envie ? ». Après, j’ai compris que de la vie n’avait pas forcément trop de sens, elle est limitée aussi bien en temps qu’en nombre. Je vais vivre à peu près une centaine d’années, mais l’histoire de l’humanité elle est bien plus longue que ça. En plus, je ne suis qu’un parmi 7 milliards. Je me suis interrogé sur comment je pourrais contribuer à l’avancée de l’humanité, et je pense que l’IA sera l’une des technologies qui va devenir notre quotidien. Si l’IA et pourquoi pas si l’IA forte apparaît, ses retombées seront juste énormes. C’est ainsi que ça a commencé à faire sens dans ma tête. C’est ce qui m’a donné le courage et l’ambition de devenir chercheur en IA.
Mahault : Et quand tu parles de l’apparition potentielle de l’IA forte, j’aimerais savoir ce qui différencie pour toi l’IA faible donc, de l’IA forte ? Quelle est la limite ?
Fadil : Alors déjà, je pense que la notion d’IA forte est désormais présente dans la culture populaire. Les gens vont commencer à beaucoup l’utiliser, dans les médias, surtout avec le livre de Harari, Sapiens. Je pense que cette appellation vient surtout de là. Il faut savoir que dans la communauté scientifique, c’est une notion très débattue. Beaucoup de scientifiques n’y croient pas, ou n’aiment pas trop le terme d’IA forte. Il n’y a pas de définition très précise, c’est encore très flou parce que c’est encore très nouveau.
Cependant la communauté scientifique et la culture générale sont d’accord pour dire que l’IA forte fait surtout référence à une intelligence qui serait aussi intelligente que l’être humain.
Pour moi, l’IA forte c’est le jour où on sera capable de créer une intelligence qui soit capable de rivaliser avec l’intelligence humaine.
Ce qui est intéressant dans l’IA, c’est que ça a commencé dès le début de l’informatique, avec Alan Turing qui est le père de l’informatique. C’est lui qui, dès le départ, va introduire la notion de machine learning et c’est lui qui va dire que l’informatique sera un jour capable de rivaliser avec l’intelligence humaine, avant même que le premier ordinateur soit construit. Depuis le début, il y a une volonté de créer une IA.
Mahault : Et toi, quel est ton avis personnel et professionnel, en tant que chercheur et scientifique par rapport à l’IA ? Tu as quelque chose de collectif dans ton discours, dans le sens où tu voudrais laisser une trace, faire avancer l’humanité pour les autres. Mais tu n’as pas peur de l’IA forte ? Nous entendons de plus en plus de choses dans les médias, qui laissent penser que l’IA pourrait un jour dépasser et dominer les hommes.
Fadil : C’est une très bonne question. C’est justement là qu’il faut essayer de comprendre réellement ce qu’est l’IA pour essayer simplement d’adopter la bonne solution.
Ce qui est intéressant c’est de comprendre le domaine et d’essayer de lui apporter la meilleure réponse.
Pourquoi est-ce que personnellement j’y crois et pourquoi est-ce que je n’ai pas peur ? Ca repose surtout sur la question de “Qu’est-ce que c’est que la vie ?” et “Comment est-ce que l’on voit la vie ?” Je parle pour mon cas personnel, mais je pense que c’est une notion qui est très liée aux gens de la Silicon Valley, notamment Elon Musk, qui est l’idée qu’on ne sait pas vraiment à quoi sert la vie. Peut-être que le but de l’humanité ce n’est pas forcément de survivre à tout prix. Ca deviendrait un peu ennuyant si le but était seulement de rester des milliers d’années sur Terre, avec les mêmes technologies, avec les mêmes avancées, si nous n’en faisons rien. Et donc, nous pouvons prendre le risque d’essayer et d’avancer, d’essayer de mieux comprendre notre univers.
Concernant la notion de peur, il est peut-être question d'orgueil. A ce jour, on pense qu’avec suffisamment de sécurité, on serait capable de créer une intelligence capable d’être bénéfique plus que maléfique. Quand on regarde un peu le passé, le nucléaire c’est quelque chose de très dangereux et ça ne nous a toujours pas détruits, on a réussi à le maîtriser. Je pense qu’on pourra quand même arriver à créer une IA forte bénéfique, ça c’est une première chose. Deuxième chose, il faut repenser à l’histoire de l’humanité et au Big Bang. C’est important pour moi de me replonger dans cette frise chronologique, ça nous permet de mieux comprendre la vie.
Si on commence par le début on a le Big Bang, ensuite la création des étoiles, ensuite des planètes, la planète Terre, ensuite le vivant, ensuite les mammifères, et ensuite l’humain. Et par la suite, l’humain a commencé à créer des choses qui le dépassent. On peut considérer internet comme étant une intelligence, c’est une base de connaissances qui dépassent l’individu. Il se peut que du coup la prochaine étape, après l’intelligence humaine, soit l’IA, de façon logique.
Mahault : Et si nous avions découvert autre chose que les technologies qui font et améliorent l’IA, nous aurions peut-être eu un autre but que l’IA. Ne pourrait-il pas y avoir un autre fil de pensée ? Qu’en penses-tu ?
Fadil : Tout à fait, il y a aussi cette théorie. Par exemple, supposons que nous avons été créés par des extra-terrestres qui ont décidé de revenir à l’an 3000. Si nous nous amusons à créer l’IA forte qui nous détruit, c’est dommage parce qu’en l’an 3000, il n’y aura plus d’humains. Et pourtant nous aurions pu apprendre beaucoup de la venue des extra-terrestres.
Toutes les théories sont possibles.
C’est pour ça que je suis aussi de ceux qui ne souhaitent privilégier l’IA forte au détriment de l’espèce humaine.
En réalité, je ne pense pas qu’un jour on soit amenés à ce choix. Et puis surtout, si on réfléchit comme ça, il y a de fortes chances que l’IA forte arrive plus ou moins au moment où une partie de l’humanité sera sur Mars.
Mahault : C’est une vision très intéressante, pourrais-tu m’en dire plus sur le potentiel transfert de l’humanité sur Mars ?
Fadil : Elon Musk, figure très importante du transhumanisme, a envie d’aller sur Mars. La NASA veut elle aussi organiser une mission sur Mars, après sa mission sur la Lune. Est-ce qu’on arrivera un jour à déplacer toute l’humanité sur Mars ? Cette réponse, je ne l’ai pas, mais en tous cas des institutions publiques comme la NASA y réfléchissent. D’ici 2050, je pense que des astronautes seront sur Mars. Et si des astronautes peuvent aller sur Mars, alors la possibilité de coloniser Mars devient davantage envisageable puisque technologiquement nous arrivons à accéder à cette planète.
De plus, je ne pense pas non plus que l’IA forte arrivera sous peu, cela va encore prendre du temps. Comme pour la conquête de Mars, je pense que les premières IA fortes apparaîtront plus ou moins à l’horizon de 2050.
Mahault : A ce jour, comment peut-on avoir autant de discours centrés sur l’IA forte alors que l’on ne l’a pas encore ? Qu’est-ce qu’il manque aujourd’hui pour atteindre l’IA forte selon toi ?
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Fadil : Dans la communauté scientifique, il y a deux courants distincts.
D’un côté, on retrouve les chercheurs qui disent qu’on va réussir à créer l’IA forte, puisque c’est dans la lignée des choses.
Reprenons un point clé et la découverte de Turing. Il a réussi à prouver que tout raisonnement logique réalisé par un cerveau humain pouvait être mis sur papier et décrit de manière mathématique. Cette étape a été révolutionnaire : elle signifie donc que la réflexion logique n’est pas propre à l’humain et qu’un ordinateur peut très bien le faire !
Dans ce cas-là, l’ordinateur est théoriquement capable de réfléchir et de penser comme un humain, alors l’IA forte n’est peut-être qu’une question de temps.
Ce qui interroge maintenant c’est la question des émotions, puisque l’on sait aujourd’hui que l’intelligence est également émotionnelle. Des chercheurs ont apporté une première réponse finalement assez simple à cette question, en énonçant qu’une émotion était peut-être une réaction logique face à une situation. Dans ce cas, l’ordinateur peut apprendre à ressentir logiquement comme un humain. La seconde réponse serait que finalement, on n’a pas besoin de créer une IA qui soit capable de ressentir réellement. Qu’est-ce que cela signifie réellement ressentir d’ailleurs ? On ne le sait pas vraiment. Au final, si cette IA est capable de donner l’impression de ressentir quelque chose, c’est bon. C’est comme dans le film Her !
Maintenant, il y a des personnes davantage pessimistes dans la communauté scientifique. Cela vient du fait qu’il n’y a rien de nouveau dans l’IA.
Actuellement, ça fait un tabac dans les médias, mais c’est en réalité très lié au début même de l’informatique dans les années 1950, notamment avec Turing dont on a déjà parlé précédemment.
L’intérêt pour l’IA a repris un peu plus tard lorsque l’on a observé que les résultats étaient bien meilleurs avec les données et la puissance de calcul. A partir de là, c’est devenu très intéressant, on réussit à faire des applications révolutionnaires devenues indispensables ! Mais là encore, personne ne peut affirmer avec certitude que l’on arrivera à créer réellement une IA forte.
Pour mieux appréhender ce raisonnement plus pessimiste, on peut faire l’analogie avec l’aviation et les fusées. Les hommes ont réussi à créer l’avion et certains ont donc pensé que si l’on arrivait à voler, on pouvait se rendre dans l’espace. Or, on sait à ce jour que c’est impossible. On peut faire le parallèle actuellement avec l’IA forte. Autrement dit, l’IA comme on la construit actuellement ne permettra pas à long terme d’accéder à l’IA forte. On sait aujourd’hui que l’optimisation du machine learning ne permettra pas d’accéder à cette sorte d’IA, il faut repartir d’une feuille blanche et trouver autre chose. Seulement, si on regarde le temps écoulé entre le premier avion et la première fusée, il y a environ un demi-siècle.
Mahault : Et selon toi, à ce jour, y-a-t’il des preuves tangibles qui pourraient certifier l’arrivée de l’IA forte ?
Fadil : Prédire le futur est très délicat, les experts en IA donnent d’ailleurs très peu de prédictions précises. Lors de la création d’Internet, tout le monde s’est trompé sur ce qu’il allait devenir. Créer une nouvelle technologie ne signifie pas que l’on comprend tout de suite toutes les répercussions à venir.
Concernant l’IA forte, beaucoup affirment qu’elle n’arrivera jamais, car ils regardent ce que l’on est fait actuellement en IA, et ils ont raison. Cependant, c’est comme pour l’avion et la fusée, on peut tout à fait repartir de zéro et tout à fait atteindre l’IA forte.
De plus, il est selon moi très important de préciser que le futur ne se crée pas tout seul. Il se crée parce qu’il y a des hommes et des femmes qui se réveillent le matin et qui le font avancer. Actuellement, il y a tout de même Elon Musk et les GAFAM qui mettent énormément d’énergie dans l’IA. Il y a également les trois plus grands scientifiques en IA, que l’on appelle les Godfathers , dont Yann Le Cun, qui ont pour passion et obsession de créer l’IA forte. Tout cela me permet de dire que je pense que l’IA forte va finir par naître.
Mahault : En quoi est-ce que tu penses que l’IA forte va bouleverser notre société et notre économie ? Entre quelles mains on laisse l’IA et comment en limiter les dérives ?
Fadil : Et si maintenant l’humanité se basait sur un nouveau modèle de construction : non plus sur les états mais sur les entreprises ? Aujourd’hui, on est en présence d’entreprises qui donnent un sens plus profond à l’humain. Il y a de plus en plus de personnes qui se sentent appartenir à une entreprise, notamment parce qu’ils l’ont choisie, plutôt qu’à un pays. La Silicon Valley en est l’exemple parfait, elle regroupe des gens du monde entier réunis pour partager leur passion et pour prendre une certaine direction pour l’humanité de demain. Les grandes entreprises se chargent progressivement des missions et rôles des états et on en a vu les exemples pendant le COVID-19.
Ce sont les grandes entreprises qui s’accaparent l’IA forte, c’est également elles qui veulent le plus qu’elle apparaisse. En parallèle, ces grands groupes développent de plus en plus une vision humaniste, et personnellement, je ne suis pas inquiet par les acteurs qui ont aujourd’hui l’IA entre leurs mains. Les hommes et les femmes qui occupent ces postes ont une vision assez large de l’humanité et sont ouverts sur le monde, ils ne pensent pas seulement à gagner de l’argent pour leurs entreprises.
Ensuite, si jamais on arrive à créer l’IA forte, tous les métiers seront transformés et le monde de l’entreprise évoluera à tous les stades. On peut d’emblée imaginer que l’on aura une IA pour produire une tomate, une IA pour la transporter du champ jusqu’au magasin et on en aura une autre pour la ramener chez soi.
Les IA n'ayant a priori pas besoin de salaire, on pourra produire de la nourriture de manière presque gratuite.
A ce jeu-là et si on arrive à tout automatiser, on pourra progressivement tout produire gratuitement. Il n’y aura donc pas besoin d’être « riche » pour manger à sa faim ou avoir un toit sur la tête.
Mahault : On peut donc imaginer une nouvelle société qui ne reposerait plus sur l’argent ? Les inégalités financières persisteraient-elles ou seraient-elles minimes d’après toi ? Est-ce que des personnes seraient toujours très riches ?
Fadil : Il faut différencier la richesse par la somme d’argent sur le compte bancaire et la richesse en terme de biens matériels et confort de vie. Il faut s’attaquer aux inégalités de confort de vie et non aux inégalités financières selon moi. Si l’on arrive à tout automatiser grâce à l’IA, je pense que l’on va pouvoir essayer de rééquilibrer le niveau de vie. En produisant en quantité plus importante et plus rapidement, on pourra distribuer les aliments de manière équitable.
La richesse en réalité a également une autre fonctionnalité, surtout lorsque l’on est milliardaire, c’est qu’elle permet de créer le monde de demain. Quand on est investisseur, on peut investir dans des start-up ou des entreprises dans lesquelles on perçoit un réel intérêt pour l’humain de demain. On est capable de donner ou non la chance de se réaliser à des entreprises et à des projets. Au-delà de faire avancer le niveau de vie, l’argent donne surtout cette capacité à pouvoir modeler le monde de demain.
Mahault : Dans ton discours ressort une vision assez humaniste, et dans le cadre de ma thèse, j’aimerais savoir comment tu perçois le transhumanisme ? Comment appréhendes-tu que l’on veuille repousser les limites de notre corps, voire celles de notre mort grâce aux avancées biotechnologiques et à l’IA ?
Fadil : L’humain a toujours voulu survivre le plus longtemps possible, c’est inscrit dans nos gènes. Pour ce qui est des transhumanistes et du projet de l’immortalité, je pense qu’il faut bien distinguer l’immortalité et l’invincibilité. Pour moi, l’immortalité signifie que l’on est programmé a priori pour ne jamais mourir, mais l’on peut mourir d’un accident de la route par exemple, ce qui n’arriverait pas si on était invincible. L’immortalité est paradoxale car elle pourrait entraîner une peur des choses quotidiennes de la vie. Cumuler immortalité et invincibilité serait alors la meilleure solution pour ceux qui ne veulent pas mourir ?
Selon moi, le collective learning ou la capacité des humains à transmettre leurs connaissances aux générations suivantes a fait drastiquement avancer l’humanité. Ce collective learning a été possible et a aussi bien fonctionné car les hommes savaient qu’ils finiraient par mourir un jour. Si l’on acquiert l’immortalité, les gens ne seront-ils pas davantage égoïstes plutôt que collectifs ? D’un point de vue des connaissances et de la transmission des apprentissages, mais également d’un point de vue financier. Pour moi, l’immortalité risque d’être plus négative que positive d’un point de vue humain, je l’imagine associée à des comportements individualistes.
Mahault : Pour toi, quelles sont les limites éthiques aux progrès technologiques ? Et plus spécifiquement, quelles seraient tes mises en garde concernant l’usage de l’IA ?
Fadil : Je favorise l’humanité plutôt que l’individu. Très simplement parce qu’on est très limité en tant qu’individu vis-à-vis de l’humanité et qu’en plus de cela on n’arrive à peu de choses seul. Je crois foncièrement au collectif qui permettra de créer des choses beaucoup plus fortes.
Pour l’IA faible, la question éthique qui se pose selon moi est celle des données et des libertés individuelles. Au niveau technique, je suis d’accord avec tout ce que dit Tim Cook le PDG d’Apple : il n’y a vraiment pas besoin de connaître la vie individuelle des gens pour pouvoir créer une IA qui soit intéressante, on peut complètement anonymiser les données avant de les utiliser. Pourquoi ne pas le faire ?
Au niveau de l’IA forte, la vraie question à se poser c’est selon moi : est-ce qu’on appuie sur le bouton on au risque de détruire l’humanité ou est-ce qu’on ne le fait pas au risque d’errer ad vitam aeternam sur Terre sans vraiment avancer. Sincèrement, c’est une question très difficile et je n’ai pas de réponse à cela. Parfois, je me dis qu’il faut tout de même tenter l’IA forte puisque l’on est plus ou moins condamnés à rester sur Terre, et si ce n’est pas l’IA qui détruit l’humanité, ce sera notre propre bêtise humaine.
Beaucoup disent que le secteur privé aura le choix ou non d’appuyer sur ce “bouton on /off ”, notamment Google. Pour tenter de résoudre la problématique éthique, ils ont justement créé un comité consultatif qui prend ce genre de décisions pour lesquelles les investisseurs et PDG n’ont pas d’autorité.
Executive Assistant
4 ansUne interview très intéressante qui pose des questions aussi bien éthiques que philosophiques, bravo !