"Interférence vs Intersection : Réinventez la communication au travail"
Passer de l'interférence à l'intersection dans les relations professionnelles
Dans la dynamique des relations professionnelles, nous sommes souvent confrontés à des situations où nous nous retenons d'exprimer nos pensées, nos idées, ou nos ressentis. Cela peut être par crainte de « perturber » l'autre, de créer des tensions ou de franchir des frontières invisibles dans nos interactions. Ce phénomène, que l’on peut appeler l’interférence, est assez courant et peut prendre trois formes principales, que l'on va explorer à travers des exemples adaptés au monde du travail.
1. L’interférence passive : attendre que l'autre devine nos attentes
Imaginez une relation hiérarchique classique : Sophie, responsable d’équipe, rêve que son manager la reconnaisse pour son travail sans qu’elle ait à le demander. Elle se dit qu'un jour, son manager comprendra à quel point elle est investie et lui offrira une promotion ou une reconnaissance publique sans qu’elle ait besoin de le suggérer. Pourtant, Sophie reste silencieuse, ne voulant pas interférer, espérant que les actions viennent naturellement de l’autre. Mais en réalité, cette attente silencieuse crée de la frustration. Sophie attend que son manager devine ses besoins, ce qui est rarement productif dans un contexte professionnel.
Cette interférence passive peut mener à des incompréhensions et des déceptions. Plutôt que d’attendre que l’autre devine nos besoins ou nos attentes, il est essentiel de créer des moments d’intersection où les attentes peuvent être clairement formulées, dans un espace partagé de communication ouverte.
2. La peur des conséquences néfastes
Autre situation courante : Paul, un collaborateur dans une startup, remarque que certaines décisions prises par son équipe semblent contre-productives. Pourtant, il n’ose pas donner son point de vue par peur de créer des conflits ou de paraître négatif. Il se dit que s’il exprime ce qu’il ressent, cela pourrait générer des tensions dans l’équipe ou même affecter sa place dans l'entreprise.
Cette deuxième forme d’interférence est fréquente : la peur de voir son authenticité mal perçue. Pourtant, en se taisant, Paul participe à un non-dit qui peut finir par fragiliser l’esprit d’équipe. Ici encore, la clé est de passer de l’interférence à l’intersection, en créant un cadre où chacun peut s’exprimer en toute sécurité et où les divergences d’opinion sont perçues comme des opportunités de croissance collective, et non comme des attaques personnelles.
3. Le respect excessif de l'autonomie des autres
Enfin, il existe un troisième mode d’interférence : celui du respect excessif des choix des autres, par crainte d'empiéter sur leur liberté. Prenons l’exemple de Julie, chef de projet, qui laisse son équipe organiser ses tâches comme elle le souhaite, sans jamais donner de directives claires, par respect pour leur autonomie. Elle se dit qu’ils sauront gérer leur emploi du temps et prendre les bonnes décisions. Mais au fil du temps, Julie réalise que les projets avancent lentement, car chacun interprète les priorités différemment. Par peur d’interférer dans les méthodes de travail de son équipe, elle s’abstient de clarifier ses attentes, ce qui finit par ralentir la progression globale du projet.
Dans cette situation, Julie ne réalise pas qu’en ne fixant pas de cadres précis, elle laisse chacun opérer selon ses propres règles, sans aucune harmonisation. Ici, il est essentiel de créer une intersection : un espace où les attentes de chacun sont clairement partagées, tout en respectant la liberté individuelle dans l’exécution des tâches.
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Créer des intersections fructueuses dans les relations professionnelles
Alors, comment passer de l’interférence à une intersection productive et harmonieuse dans le cadre professionnel ? La clé réside dans l’intention.
Prenons l’image de deux cercles qui se rapprochent et qui, à un moment donné, créent une intersection : un espace commun. Cette intersection représente le point de rencontre entre deux individus dans une relation de travail. C’est là où se trouvent les points communs, où l’on peut partager des idées, des objectifs, des valeurs. Une relation professionnelle saine doit avoir une intersection suffisamment large pour permettre une collaboration efficace.
Lorsque vous voulez partager une idée ou exprimer un besoin dans un contexte professionnel, la première question à se poser est : quelle est mon intention ? Est-ce que mon objectif est de créer une meilleure connexion, d’améliorer la relation ou de manipuler un résultat ?
Si l’intention est de renforcer la relation en apportant une information constructive, alors il n’y a pas d’interférence, mais une création d’intersection. Prenons un exemple : au lieu de dire à votre collègue "Tu dois absolument faire ça comme ça", vous pouvez demander : "Serais-tu disponible pour discuter d’une idée que j’aimerais partager sur la manière dont nous pourrions améliorer ce processus ?". Cette approche permet d’ouvrir un espace d’échange où chacun peut apporter sa contribution sans se sentir attaqué ou envahi.
Dans l’intersection, il ne s’agit pas d’imposer son point de vue, mais de déposer ce qui est important pour soi dans un espace commun, où l’autre peut librement décider de ce qu’il souhaite en faire. Une fois que l’information est déposée dans cette zone d’intersection, chaque personne peut l’emporter dans son propre cercle, sa propre bulle, et faire ses choix en fonction de ses priorités et de ses besoins, tout en ayant pris en compte ce qui a été partagé.
Bâtir des relations professionnelles authentiques et enrichissantes
La peur de l’interférence découle souvent d’une crainte plus profonde : celle de la réaction de l’autre, celle de perdre la connexion, de générer des tensions ou des malentendus. Pourtant, en taisant ce qui est important pour nous, nous nous privons de la possibilité de créer des relations authentiques et enrichissantes.
L’objectif est donc de cultiver des intersections, où chacun peut exprimer ce qui est vivant pour lui, sans craindre de briser la relation, mais au contraire, en renforçant la qualité de la connexion. Plus vous donnez à l’autre des informations claires sur ce qui vous anime, ce qui vous motive et ce qui vous gêne, plus vous augmentez les chances de co-créer des projets et des environnements de travail qui rendent la vie belle et productive pour chacun.
En résumé, dans les relations professionnelles, passer de l’interférence à l’intersection est une question d’intention et de communication. En prenant soin d'ouvrir des espaces de dialogue, nous pouvons créer des intersections où chacun peut s’exprimer avec authenticité, ce qui renforce non seulement la qualité des relations, mais aussi l'efficacité collective. Plutôt que d’attendre que l’autre devine nos besoins ou d’avoir peur des conséquences de nos paroles, osons créer des intersections fructueuses où la collaboration devient un vrai plaisir partagé.