Internet nous permet-il de satisfaire notre curiosité ou bien sommes-nous des objets de curiosités pour Internet ?
Sommes-nous motorisés par Internet ou bien sommes-nous le pilote de nos propres recherches sur le web ? Parlons-nous les langages du web comme des automates idiots ou bien sommes-nous capables d’orienter notre connexion pour lui donner un sens personnel et donc remarquable ? Sommes-nous libres de dynamiser notre activité de penser au travers des réseaux ou bien esclaves de ces algorithmes qui nous incitent en permanence à être de gentils internautes du XXIème siècle ?
On pourrait reformuler ce questionnement encore et encore jusqu’à exacerber notre penchant pour la paranoïa mais il n’en demeure pas moins que l’Internet ( comme on dit au ministère de la Culture ! ) a modifié notre rapport au savoir et nous incite à faire preuve de curiosité ne serait-ce que pour rentabiliser nos forfaits en tous genres.
C’est pourquoi je voudrais m’intéresser aux moteurs de recherche comme Google par exemple qui met constamment à l’épreuve notre sens du questionnement et donc notre curiosité ou qualité de celui ou celle qui a le désir de connaître, de savoir. C’est cette curiosité qui commande la recherche quelle qu’elle soit. La racine même du mot curieux nous renvoyant même à la cure c’est-à-dire au fait de prendre soin du savoir et donc au fait d’accorder de l’importance à nos interrogations.
Et même si nous pouvons noter au passage que la curiosité est tantôt considérée comme une qualité, tantôt comme le dit l’adage comme un vilain défaut, il reste que nous sommes stimulés par cette envie d’en savoir plus ou de trouver un petit quelque chose à se mettre sous les yeux.
Mais revenons à l’avènement d’Internet dans le monde en quelques dates :
1000 ordinateurs connectés en 1984,
10 000 en 1987,
100 000 en 1989
1 million en 1992.
10 millions d’ordinateurs en 1996
En 2000 on recensait 200 millions d’utilisateurs dans le monde.
En 2016 nous en étions déjà à plus de 10 milliards d’appareils connectés.
L’usage d’Internet et du mobile en 2017
Sur 7,476 milliards d’habitants, on dénombre :
· 3,773 milliards d’internautes, soit 50% de la population
· 2,789 milliards d’utilisateurs de réseaux sociaux, soit 37%
· 4,917 milliards d’utilisateurs de mobiles, soit 66%
· 2,549 milliards d’utilisateurs de réseaux sociaux sur mobile, soit 34%
Soit des chiffres sidérants !!!
Cela étant, j’en reviens à ma question de départ, soit notre rapport à Internet et la façon dont nous serions maître ou esclave de notre curiosité.
Histoire d’avancer dans ce questionnement je voudrais commenter un chiffre aussi intéressant et impressionnant à mon sens que celui des ventes d’ouvrages de développement personnel dans le monde soit 10% des ventes totales.
Selon différentes sources et études statistiques, 25% de toutes les requêtes de recherche sur Internet seraient liées à la pornographie. Cette proportion faramineuse devrait nous interroger sur notre angoisse vis-à-vis des moteurs de recherche ! Nos angoisses vis-à-vis de ce « rectangle blanc » qui n’attend qu’une chose, que nous soyons capable de lui demander quelque chose qui aurait véritablement du sens pour nous. Un questionnement qui semble bien difficile à formuler et se transforme régulièrement en recherches idiotes ou compulsives comme pour combler le vide et occuper le temps de connexion.
Ou comme le poétisait si justement en 1971 l’auteur de science-fiction, Stanislas Lem, dans Le congrès de futurologie :
« - La futurologie linguistique explore l’avenir d’après les potentialités évolutives du langage, m’expliqua le Pr Trottelreiner.
- Je ne comprends pas.
- L’homme n’est capable de maîtriser que ce qu’il peut concevoir. D’autre part, il ne peut concevoir que ce qu’il est capable d’exprimer ; tout ce qui est inexprimable est également inconcevable. En explorant les étapes successives de l’évolution d’une langue, nous arrivons à anticiper les découvertes, transformations et révolutions des mœurs dont celle-ci pourrait être un jour le reflet. »
Bref, ne serions-nous pas tout simplement universellement confrontés pour la première fois dans l’histoire de l’espèce humaine au mystère des effets du langage à travers le corps mais d’une manière totalement inédite et incroyablement bouleversante ?
Et cela au point de rendre notre époque comparable à un moyen-âge de la jouissance agrégative et synchrone s’agissant de toutes les formes d’informations.