« Je ne suis pas payée pour être gentille ! »

« Je ne suis pas payée pour être gentille ! »

Il est temps que j’assume enfin ma phrase fétiche.

Choquant lorsqu’on est manager et encore plus lorsqu’on est coach ? Je vous l’accorde, c’est gentiment provoquant : là où vous avez raison, c’est que par contre, je suis payée pour être bienveillante. Or ce n’est pas la même chose. 

Retour aux sources… La bienveillance tout d’abord c’est vouloir le bien et le bonheur pour autrui. Cela peut certes passer par dire des choses gentilles ; d’expérience, la "câlinothérapie" est parfois une réponse à court-terme mais elle a rarement fait progresser les autres sur le long terme. Combien de fois avez-vous pensé en recevant une pluie de compliments : « Ils disent ça pour me faire plaisir » …« Oui, je vois bien, mais ça c’est bateau comme qualité » … « C’est de la pommade avant de prendre les vraies critiques (bien sûr, négatives) » Et donc vous n’avez pas pu capitaliser sur ces retours pourtant potentiellement instructifs. 

La question est donc d’avoir le courage et la transparence de partager à l’autre des éléments factuels qui lui permettent de progresser. Même un feedback positif n’est pas gentil : car il se doit d’être étayé de faits, d’exemples concrets qui permettent à votre interlocuteur de prendre conscience de la qualité sous-jacente et de la mettre en action dans ses objectifs individuels (professionnels, développement personnel, projets de vie, etc). Valoriser les points forts (talents, atouts, ressources, forces, quel que soit le terme) mène plus loin que s’acharner à travailler un point faible. 

Étymologiquement, bienveillance implique vigilance. C’est votre qualité d’observation qui vous aidera à donc faire de meilleurs feedbacks, couplée à une forme d’indulgence ou plutôt de non-jugement. Acceptons que nous sommes tous des êtres de jugement (et au demeurant, c’est un comportement très utile dans bien des situations, j’y reviendrai sûrement dans un prochain article) ; accueillons le jugement qui nous vient à l’esprit pour extraire le fait de notre interprétation (notre cadre de référence, qui pour le coup, est très probablement différent de celui de nos interlocuteurs). Pour vous guider, très souvent, la différence entre un bon et un mauvais feedback ressemble à « tu as fait… » (observation d’un comportement) versus « tu es … » (généralisation & jugement). 

Bien entendu, je ne suis pas naïve, lorsqu’un comportement est inapproprié il faut aussi le signifier à la personne concernée. Que l’on soit coach, manager, collègue, employé, ami… Cela demande encore plus de courage et quelques fondamentaux que je vous partage (ou rappelle ?) :

-         demander l’accord de la personne (en général elle valide et si elle refuse, c’est que son état émotionnel ne lui permettra pas de toute façon de vous entendre, donc inutile d’insister sur le moment)

-         énoncer les faits observés (en une ou deux phrases)

-         partager l’impact que ce comportement a eu (e.g. sur vous, sur les personnes présentes, sur la personne elle-même, sur l’organisation)

-         laisser le temps à la personne d’accepter ou non cette observation (sans justification)

-         l’inviter à réfléchir à la mise en pratique pour intégrer ce feedback

 D’ailleurs, je partageais récemment une vidéo décalée sur le droit à l’erreur. Comment la corriger si personne ne nous la fait remarquer ? Ensuite si l’erreur se reproduit, la donne change (" Une erreur constamment répétée, ce n'est plus une erreur, c'est un choix. " Paulo Coelho).

 Je pourrais encore continuer des heures, mais je voudrais pas abuser de votre bienveillance et du temps que vous avez consacré à la lecture de mon article. 😊 J’espère que cela vous sera utile. 

En conclusion, pour le coach en particulier et pour tous en général, la bienveillance c’est donc de l’écoute, de l’ouverture, du soutien, le droit à l’erreur mais aussi de la confrontation, de l’exigence, de l’honnêteté, tout en maintenant le cadre de confiance dans la relation. Donc j’assume : « Je ne suis pas payée pour être gentille ! » La bonne nouvelle c’est que vous non plus, managers, n’êtes pas payés pour être gentils. La contrepartie, c’est que ça demande des efforts au début: heureusement, le pli est rapidement pris et largement récompensé par les retours gratifiants et les progrès de nos équipes. 

N’hésitez pas à commenter ou partager vos retours d’expérience (alignés ou contradictoires). Une prochaine fois, je m’interrogerai sur ma 2de phrase favorite et paradoxale « Je n’aime pas les gens ». A suivre… 😊



Lounissi ep Akrimi amel

Responsable des flux internationaux chez UIB - Groupe Société Générale

5 ans

J'aime beaucoup votre vision des choses je suis rassurée que d'autre personne partage mon point de vue sur le fait d'intégrer la bienveillance dans la manière de manager

Dominique B.

Responsable du Service Production chez CAISSE D'ASSURANCES MUTUELLES DU CREDIT AGRICOLE

5 ans

:-))

Mohamed BAGHANJA

Manager du site SAE Châtellerault le weekend

5 ans

Je partage egalement...

William Fanchtein

Responsable projets chez Carrefour Digital Factory Magasins

5 ans

Bel article. Je partage le point de vue. Merci à vous

Marie-Pascale Fayette

Directeur des Systèmes d'Information

5 ans

Manager avec bienveillance : un vrai challenge au quotidien pour les managers

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