Jusqu'où ira le CAC ?
Jusqu'au ciel ?

Jusqu'où ira le CAC ?

Les marchés financiers ont affiché en 2019 des performances exceptionnelles. Avec près de 6.000 points en clôture, le CAC 40  a signé une progression de 26,37%, sa meilleure depuis 20 ans. Sur les autres bourses européennes, les cours ont aussi fortement augmenté (plus de 28% en Italie, 25% en Allemagne…) dans l’élan des indices américains qui ont gagné eux-mêmes 22% pour le Dow Jones et 28% pour le S&P 500. L’année 2020 semble vouloir poursuivre sur un même rythme, le CAC 40 ayant déjà gagné plus de 1% sur les 10 premiers jours. L’optimisme semble donc toujours de rigueur…

Certes, les politiques accommodantes de la Réserve fédérale américaine comme de la Banque centrale européenne, marquées par des baisses successives de taux et des rachats d'actifs, stimulent les marchés. Certes, les perspectives de rémunération des placements monétaires ou des obligations poussent mécaniquement à chercher de la rentabilité sur les marchés d’actions. Mais cela peut-il suffire à justifier une progression continue des indices ? 

Comment ignorer les incertitudes qu’engendrent tant le climat géopolitique tendu que les entraves au commerce international imposées par certains dirigeants ? Comment négliger la nécessaire et urgente conversion des entreprises qui doivent s’adapter à un monde de ressources rares, donc aux inéluctables transitions environnementales et sociales, synonymes de changements de modèles, donc d’investissements massifs ? Ces arguments plaident pour la prudence…

Deux fois dans son histoire, le CAC 40 a atteint des niveaux aussi élevés qu’aujourd’hui. En août 2000, il culminait à près de 7.000 points. Il a dépassé les 6.000 points en mai 2007. Dans les deux cas, il a connu en suivant une chute retentissante, perdant jusqu’à 50% de sa valorisation dans les deux années qui ont suivi ces records. Bien sûr, les circonstances étaient différentes (flambée des valeurs internet en 2000, des produits dérivés des subprime en 2007), et les grands groupes qui tirent les indices ont vu depuis leurs profils changer et leurs résultats significativement progresser. Il n’en reste pas moins qu’à ces niveaux de cours, les perspectives de gains deviennent très incertaines. 

Il existe une alternative. Elle est encore trop peu développée en France. Celle des investissements dans les actifs non cotés, beaucoup moins sensibles aux aléas que les marchés boursiers. Parmi eux, les investissements à impact, qui adressent des projets par nature à l’avant-garde des nouvelles formes de production, permettent de réduire les risques de transition. Peu d’investisseurs ont à ce jour franchit le pas de souscrire dans des Fonds à Impact. La plupart sont encore hypnotisés par les contrats d’Assurance-vie et les Plans d’épargne en actions qui leur font miroiter leurs avantages fiscaux. Mais que deviennent ces avantages s’il n’y a plus ni rentabilité, ni plus-values ?

Pierre Rollin

Allocataire d'actifs

4 ans

Cher Collègue, Je me permettrais d'apporter deux nuances à vos propos, somme toute assez justes dans l'ensemble. D'une part, projeter des comparaisons historiques sur la base d'un indice CAC40 hors dividendes est délicat. Comme vous le soulignez, la composition de cet indice a changé, mais la distribution des dividendes ne peut être ignorée : 3,5%/an en moyenne, ramenée sur 10 ou 20 ans, c'est colossal. D'autre part, l'image que vous avez retenue, pour illustrer vos propos, laisserait à penser qu'une action, c'est finalement comme un arbre, ça ne peut pas monter jusqu'au ciel. Or, si l'on arrive fort bien, par des observations historiques, physiques et biologiques à expliquer pourquoi un arbre ne peut monter plus haut qu'une certaine hauteur, j'aimerais connaître l'explication qui vous pousse à penser que les actions subiraient les mêmes contraintes. Les lois économiques sont bien différentes des lois naturelles. Tant qu'une société accroît ses bénéfices et les redistribue à ses actionnaires, pourquoi son cours de bourse devrait chuter? 1/2

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