L'âge ne signifie rien
La vague d'Hokusai

L'âge ne signifie rien

L’âge est une étiquette de plus

L’âge d’une femme ou d’un homme ne signifie rien. Ce qui a du sens, c’est l’expérience humaine, les épreuves de la vie que l’on a traversées, les combats que l’on a menés, les rencontres qui nous ont grandi, changé.

L’âge lui, ne veut strictement rien dire sauf à être un simple repère temporel.

Dans nos sociétés occidentales dites avancées, on a pris l’habitude de coller des étiquettes partout. On trie, on sélectionne les gens en fonction de leurs origines, de leur milieu social, du type d’études qu’ils ont effectuées, de la classe sociale à laquelle ils semblent appartenir.

Ici, l’âge est devenu un critère discriminant. Un de plus. Ce critère-là permet, comme d’autres, de séparer les générations en émettant des jugements de valeur qui, par essence sont faux puisque culturellement orientés.

La mauvaise foi n’allant jamais sans son corolaire, l’hypocrisie, il est de bon ton d’éviter le terme « vieux » pour le remplacer, (quel soulagement !) par « seniors »

Le changement ne se produit pas

Mais alors, un « senior » peut se permettre, à bon droit, de désigner les plus jeunes de « cadets » le terme de juniors étant réservé aux 30/40 ans. C’est évidemment ridicule, autant que de dire d’un cinquantenaire qu’il est un senior, ou de s’étonner qu’un soixantenaire ne soit pas en préretraite.

On sait, depuis longtemps, que des entreprises où règne le mélange des générations, où la transmission de l’expérience vers la spontanéité de la jeunesse produit ce qui se fait de mieux en termes de résultats (voir l’article de Huffpost https://urls.fr/RTwJa9)

Le changement vers la réintégration des gens d’expérience dans le milieu professionnel est nécessaire, mais il ne se produit pas. Ça bloque.

Une explication de ce phénomène incompréhensible serait le pli des habitudes, les règlements administratifs anti productifs et la grande paresse managériale dans nos entreprises en France.

Il est en effet plus facile de se laisser glisser sur la pente la plus accentuée, celle qui consiste à écarter les salariés dès 45/50 ans sans réfléchir, que d’emprunter une côte un peu raide. C’est pourtant ce chemin escarpé qui emmène au sommet. Ce comportement est tragique dans un monde où la performance et la productivité sont, paraît-il, des maîtres mots !

Quel sera le destin des jeunes d’aujourd’hui ?

Les jeunes d’aujourd’hui ont un destin inéluctable : ils seront les anciens/seniors de demain. Ils devront justifier de leur parcours, de leurs savoir-faire face à des jeunes qui les mépriseront comme eux l’ont fait quand ils étaient au faîte de leur réussite, de leur pouvoir. Est-ce là l’avenir que l’on espère, est-ce là la seule voie possible jalonnée de rejet, de mépris, de médiocrité et d’échecs ?

J’espère que cela n’arrivera pas. J’espère que ces futurs « vieux » n’auront pas à subir ce que leurs aînés sont en train de vivre. J’appelle de mes vœux un sursaut d’intelligence collective pour changer profondément les regards et les préjugés qui fondent, aujourd’hui, les règles déséquilibrées et, pour tout dire, stupides, du recrutement dans nos entreprises.

Les paroles d’HOKUSAI, la sagesse du temps qui passe

Relisons les mots du l’artiste japonais Hokusai, créateur de « La vague » sur la maturation de son art en fonction du temps qui passe :

« Depuis l’âge de six ans, j’avais la manie de dessiner les formes des objets. Vers l’âge de cinquante, j’ai publié une infinité de dessins ; mais je suis mécontent de tout ce que j’ai produit avant l’âge de soixante-dix ans. C’est à l’âge de soixante-treize ans que j’ai compris à peu près la forme et la nature vraie des oiseaux, des poissons, des plantes, etc. Par conséquent, à l’âge de quatre-vingts ans, j’aurai fait beaucoup de progrès, j’arriverai au fond des choses ; à cent, je serai décidément parvenu à un état supérieur, indéfinissable, et à l’âge de cent dix, soit un point, soit une ligne, tout sera vivant. Je demande à ceux qui vivront autant que moi de voir si je tiens parole.

Écrit, à l’âge de soixante-quinze ans, par moi, autrefois Hokusai, aujourd’hui Gakyo Rojin, le vieillard fou de dessin. »

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