L’écume d’une déclaration XXX.
Est-ce que ma perception à travers ton regard devait répondre à des registres différents, parce que l’eau coulait dans le jardin, le soleil rayonnait sur le paysage, c’était le petit matin, la nuit venait de passer, une nouvelle journée commençait et les larmes me coulaient quand les yeux fermés allongés sur l’herbe, loin de penser en amont un plan comme croire que la séparation d’une relation pouvait venir d’une quelconque vérité, alors soudainement la béatitude m’enlaçait comme une vague recouvrant le rivage, peut-être parce que l’importance du désir était un chemin et non un objectif à atteindre, ce qui semblait contradictoire, parce que la tristesse m’empoignait à cause de ton éloignement.
Les larmes traduisaient non pas une peur de la séparation mais du bonheur, parce que cela purifiait l’âme, et que le bien procuré rendait l’existence plus légère, et comme une Danaïde qui verse sa cruche pour remplir la fontaine, le niveau d’eau montait, j’écoutais tes chants et comme un jardinier souriant à la vie, ce n’était pas une voie mais une multitude de voies qui s’ouvrait, et tout le problème était de choisir, au fond j’étais triste parce que trouver le bonheur alors qu’on était séparé, je me demandais quelle serait l’idée du bonheur si je te retrouvais !
Qu’est-ce qui nous rassemblait et qu’est-ce qui nous différenciait car j’aimais chez toi quand tu prenais tes distances avec la politique, j’aimais aussi ton honnêteté et ton côté nature ainsi que ton rire, et je m’interrogeais sur le fait qu’une fille aussi bien que toi reste seule, c'est-à-dire à quel moment cela avait déconné pour que tu te retrouves dans cette situation, je me demandais avec quel Dieu tu avais baisé et si t’aimais toujours la baise, parce qu’à ce jeu comme une partie de poker qui m’aurait dépouillé parce que je n'étais pas joueur alors qu’un joueur aime jouer, j’aurais été curieux de savoir si la sagesse était un mythe ou une réalité, car à mes yeux, tu avais ce petit goût de citron qui rappelait l’amertume et non l’acidité !
Quelle idée de tenter de te cueillir au bord d’un précipice comme si le déroulement de l’histoire pouvait apporter une réponse, cela semblait perdu d’avance et j’insistais dans une tâche impossible, c'est-à-dire courir avec courage à tenter de te séduire au risque de chuter et de dégringoler dans la nuit, car l’amour comme la beauté d’une femme drainait un certain goût pour l’esthétisme mais ne se voyait pas avec les yeux mais avec l’esprit, c’était comme une clé ouvrant une porte, se penchant sur les cieux d’une voûte étoilée, rassurant devant la folie de ce monde, c’était une lettre avec ton odeur sur le papier, un baiser qui s’envole pour finir sur ta bouche, une plume qui écrit sur une feuille un poème, des oiseaux qui prenaient leur envol.
Ne me prenais-tu pas pour un fou, fallait-il prévenir en dénonçant l’erreur au médecin aliéniste, n’était-ce pas plutôt le fou qui était fou, c’était peut-être le voyage d’un fou lucide dans un monde d’aliéné, les sens n’écoutaient plus la raison et sur la route de l’inconstance, je riais, je pleurais et j’avais faim, la barque dérivait et les vagues remuaient, l’horizon enfonçait les sentiments frileux somnanbulant sur l’inspiration de chaque instants, j’avançais entre deux eaux comme un aliéné certains de savoir ce qu’il avançait, le flot de parole tenu par la meule emportait la raison, le doute me cernait car perdu dans tes silences que l’émotion cueillait, je me figurais que les mains posées sur le visage cherchaient à dissimuler pour ne pas voir, et pareil à des voiles flottant aux fenêtres de nos âmes, nos doutes et certitudes pleuraient sur les blasphèmes, alors dérivant sur le calme plat de la mer qui n’en finissait pas d’avancer sur les espaces toujours plus vaste comme le temps s’étire et donne à la durée des moments de plaisir et de douleur, une multitude de souvenirs caressaient ma mémoire comme les souvenirs d’enfance ou les crayons de couleurs remplaçaient les cendriers, je me demandais à quel âge avais-tu connu ton premier amour et quel avait été l’effet de découvrir le chant des cathédrales différents, au fond étais-tu heureuse car le pécheur suivait les lois naturels, et qu’est-ce qui faisait que tu y renonçais comme si la preuve de ta chasteté passait pour une croyance, pareil à une vertu devant le jugement de Dieu !
Je me disais que pour la séduire, je devais la faire rire mais l’inverse se produisait, elle ne riait pas, et devant le froid le silence glaçait mes pensées, je dépensais toute ma fortune, il ne restait plus rien, le vertige s’éternisait, mais plus le spectre d’une mort artificielle approchait et plus le désir brûlait, la peur de ne pas oser n’était pas le problème, je devais mettre à nu mes dernières résistances mais c’était jamais assez, et devant l’absence, rire des dérisions et de toutes les absurdités, était le lien qui nous rassemblait, pas celui d’effrayer et d’imaginer une improbable histoire à travers des souvenirs négatifs, c’était de laisser glisser et d’apprendre à faire confiance, et voir que ce que tu récoltais, devait suffire à me rendre heureux.
Mais tu sais prendre la lumière, déjouer les pires vices, et orchestrer à marcher dans l’ombre de ton ombre sans pouvoir boire de ton eau, c’était pareil à se regarder dans un miroir sans reflet, et comme un amnésique qui aurait perdu la mémoire et qui cherchait son adresse, tout le mal venait que je t’avais trouvé et que tu me laissais sur le palier !
Alors que tu te détournais d’une interaction jouissive, pensais-tu vraiment que je réagirais avec colère, et que de te voir spectatrice de ma colère, et que tu te réjouisses à prendre plaisir que si j’attaque, tu me repousserais sans me montrer le courroux, ainsi quel était donc cette aversion, parce que la confiance d’un engagement sincère avait peut-être été brisée par un homme, ceux qui ont le pouvoir de la parole et de briser les cœurs, alors affrontant une certaine vision de la fatalité, le dégoût me prenait devant la difficulté à changer ton regard, j’y voyais quand même de la gentillesse par un certain égard que tu me mettes à l’abri, en attendant le courant était coupé et quitter la pièce était la solution que tu avais adoptée !
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Peut-être attendais-tu le moment propice avant de te réveiller et d’ouvrir tes sentiments à quelque chose de nouveau, car je refusais de voir la réalité telle qu’elle était, que le stylo que je t’offrais tu le déclinais, que toute l’œuvre construite, tu la balayais, et que peut-être en attendais-je pas moins, car au bout du rouleau, j’étais découragé.
Était-il possible que sans compétence, il n’y est pas d’art, car c’était comme t’annoncer d’éviter le chemin de l’imperfection, quelle sorte de correction dans le sens de la sagesse pouvais-je accomplir pour te plaire, j’étais à bout du célibat ça me sortait pas les trous de nez, et elle me repoussait comme le vent souffle et laisse le silence remplir les espaces, alors désespéré elle apparaissait comme une fleur que le Printemps fait naître et aussitôt disparaissait après avoir pris les rayons du soleil, ainsi comme une preuve d’attention, elle me laissait sous perfusion et me nourrissait au goutte à goutte, c’était une chute plus en profondeur d’autant plus que la faveur était grande, je cherchais un sens parmi l’absurde dans le fait de chercher des repères et d’être privé de contextes, c’était demandé à un aveugle de voir…
Conscient de garder la tête hors de l’eau, je résistais devant les assauts qui tentaient de m’emporter, elle avançait ses pions sans se dévoiler, et là était le piège quand je doutais à forcer, lui racontant n’importe quoi, alors qu’il suffisait juste d’être présent, le masque du mimétisme s’échappait pour embrasser la fuite, fallait-il plutôt rire ou pleurer, je préférais rire mais elle esquivait toujours parce que elle seule avait la réponse, et là était le tort parce qu’une relation se fondait sur l’échange, c’était la réponse d’une éclaireuse déjà perchée en haut de l’échelle et l’image du miroir lui disait « Qui es-tu ? »
Je ne pouvais m’empêcher de penser à elle, comme si l’obsession déguisée en rêve envahissait mes pensées, je pleurais devant la place que tu prenais dans la réalité, ou ton absence perçait à jour l’abcès, que de croire que tout abandonner semblait absurde, parce que lutter n’était pas important, il était donc stupide d’insister, alors qu’au contraire continuer à rêver parce que cela faisait chavirer un cœur tendre, l’azur de mes vingt ans attendait de cueillir les roses mais les sourires n'y étaient plus…
Avais-tu pensé qu’à contempler la Danaïde que j’y voyais, tout pouvait s’en aller, avais-tu pensé qu’attaché l’un à l’autre et refusant de voir la vérité, celle décidée par les hommes, ton orgueil pouvait basculer comme l’eau de pluie s’écoule dans le caniveau après une tempête, avais-tu pensé qu’à force de percevoir le désespoir, le néant pouvait se jumeler au nihilisme, avais-tu pensé qu’une âme légère à force d’aimer puisse en être écœurée, croyais-tu que j’étais comme les autres, celui dont les paroles pouvait te blesser, croyais-tu possible que le sacrifice de se tuer par amour pour survivre dans l’infortune, puisse à la fin ne restant plus rien me tuer, si je connaissais tes lois morose et que ton esprit ne me donne pas ces deux choses le bonheur et la pensée alors j’apprendrais qu’il est absurde de chasser, avais-tu idée que rêver plutôt que voir l’obscur des choses était pareil à un lever de soleil qui reversait la nuit, ne me laissant pas loin de toi prendre un chemin ridicule fait d’hypocrisie, avais-tu pensé aux pleurs de tous les jours ou ton sourire aimant savait m’aider, plutôt que de te nourrir d’amertume, avais-tu pensé à regarder les étoiles, avais-tu honte de m’appeler à tes fêtes et de voir que je restais froid, avais-tu peur que passer un certain âge, je jette des mauvais sorts, avais-tu peur d’éveiller un homme qui demandait réparation à la vie, avais-tu peur de démasquer chez l’espion la méchanceté et l’horreur d’une nouvelle déception, préférais-tu cesser de souffrir parce qu’il était trop dur d’aimer ?
Je sentais que tu m’échappais, devais-je rester à te conquérir en cessant de croire qu’aimer était l’exigence d’un tout, ou bien devais-je abattre les dernières cartes, celle du désespoir d’un monde fini qui cherche une réponse alors que la réponse se trouvait sur le chemin, devais-je t’avouer qu’à te chercher et ne pas te trouver, c’était pareil à deux silex qui se frottaient pour faire un feu, et l’énigme c’est que le feu ne prenait pas alors que mon cœur en brûlait d’envie, ton regard tranchait comme la lame d’un couteau affûté qui sans prévenir pouvait frapper dans le dos, peut-être allais-tu retourner ta veste et me saisir pour m’embrasser, me dire je t’aime et commencer une histoire, ainsi le masque tombé, ton visage dévoilé, étalait sur cette drôle d’époque, l’amertume d’un spleen ou héros des regrets et des joies que l’on ne devinait pas, la poésie reliait nos âmes, et la racine portait dans la nuit un grand chêne ardent et triste, le chaînon manquant pour un avenir meilleur.
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