L’écume d’une déclaration XCI.

L’écume d’une déclaration XCI.

Avais-tu pensé que je m’interdise de te séduire, que je retienne mes affects pour te rendre transparente afin d’ignorer la chance de t’avoir connu, et qu’avançant dans la vie, il me semblait préférable d’être seul qu’être à tes côtés, parce que tu ne prenais pas la mesure des évènements, pensant par tes frustrations à séparer la foule, tout ça pour un besoin de reconnaissance, que tu ignorais l’essentiel parce que te sacrifier semblait invraisemblable, à croire que tu préfèrerais faire comme tout le monde, te comparer comme un pot de cornichon pour faire partie des meilleurs, alors d’accord la société de l’immédiateté n’aidait pas, parce que la réflexion n’avait pas le temps de digérer, mais à quoi bon t’aimer si en retour, c'est silence radio…

M’interdire de te séduire, aussi curieuse que pouvait paraitre l’idée, pouvait être un sentiment pour te séduire, comme si ne te donnant rien, tel une bête affamée, dans l’attente, tu ferais le premier pas, parce que désirant te rendre désirable tu ne pouvais retenir tes instincts, alors voir ton dur cœur plier à ma volonté, et voir que tu embrasses la vie parce que les contraires s’assemblent et qu’en t’ignorant toujours, les sentiments tournaient à la folie, parce que le vide te tourmentait comme une question restée sans réponse, cela ne faisait que t’attirer davantage…

Mais à ton âge avancé, malgré les funèbres prévisions, avais-tu pensé que voulant cesser réellement te voir, quel pli pouvait prendre notre destin, et puis tout compte fait, qu’aurions-nous perdu à éviter de se fréquenter, à ne pas connaitre ce que nous aurions dû vivre, à oublier nos souvenirs et tracé un trait pour faire table rase du passé, regretterais-tu ce que tu aurais pu connaitre, parce qu’à m’interdire de te séduire, je souffrais de me retenir, je souffrais d’aimer et de ne pas te le dire, je souffrais de peur que la folie m’emporte, parce que me priver de ton sourire qui avait la couleur du ciel, et me priver de ta voix qui rendait les nuits douces, m’interdire que le feu dévore mon ventre, mal dormir, et à penser sans arrêt à t’embrasser sans y réussir et me dire que c’est possible, c’était éteindre la lumière qui faisait que les plus belles histoires ne marchent pas…

Ton ombre faisait fuir les mots sur l’escalade de la tendresse, savais-tu que la folie n’était pas un cadeau pour être compris des autres et comprendre le monde, parce que l’orgueil et les tourments d’un monde rendu à la folie ne trouvait plus de sens entre le passé et le présent, l’avenir paraissait bien sombre, et tu peux le croire, c’était terrible d’avoir un destin d’incompris, le tragique mettait nu les apparences pour y modeler les intentions qui paraissait bien vaine aussi qu’utile, les blessures nourrissaient la créativité sinon c’était crever, être écorché vif, c'était porté le monde sur le dos, c’était la tortue face au bison, tu sais, les émotions pour un hypersensible sont un calvaire à réguler parce qu’elles sont malaisées, la peur d’un imaginaire pétrit de fragilité se sentait victime devant le naturel, et à voir dans le miroir le reflet, l’âme se sentait déformée, la folie projetait en avant les peurs qui combattaient pour avancer, il était compliqué d’y voir clair, le gouffre abyssale des injustices se perdaient devant l’errance et le système y appuyait précisément pour faire mal là où la blessure se trouvait, alors lutter quand la contrainte s’enracinait dans une autre contrainte, car sur la crête des sensations, l’équilibre semblait constamment en danger, parce que chaque genre épousait les mystères des essences de la vie, parce que lorsqu’un domaine semblait en paix, dix autres domaines tombaient en guerre, les morts tel un champ de batailles recouvraient le sol, le tumulte brulait les forêts et rasait les maisons, le vide se recouvrait de néant approfondissant l’obscurité lointaine d’un royaume ou la faim et la soif aride éclatait dans la souillure des douleurs, alors perdu dans le labyrinthe des pensées, les cris intérieurs restaient enfermés, comme si voulant sortir mais qu’ils leur étaient impossibles d’y arriver, les cris se résignaient dans d’affreuses souffrances, alors murés dans une prison ou les frontières s’arrêtaient dans un chemin sans issue, le regard s’effaçait devant l’imagination déréglée, les variations troublaient la paix, il fallait en faire deux fois plus que les autres pour le même résultat, pareil à la mouche crevant dans le coin de la pièce et tirant son dernier soupir devant une pauvre bougie avant que la flamme s’éteigne, la mort enlaçait de son œil sinistre la pale nuit, ou de l’ombre descendait les cendres, vois-tu ce qui se passe dans ma tête, c’était l’aliénation d’un mental épris de vertige, cherchant toujours à se rassurer en se disant « tout va bien », mais jusqu’à quand, car chercher à aimer avec toutes ces difficultés, le sommet de la montagne à gravir semblait inatteignable, mais le propre de la folie, c’est que la folie des fous en est toute la folie, alors la montagne paraissait recouverte d’or, la lumière arrosait de douleur un sens qui échappait au monde, la logique aussi s’y perdait, la pluie rendait les pentes glissantes, les repères tombaient comme si le lien de toute chose s’effaçait devant l’orchestre sombre des êtres rampants, les prévisions s’écroulaient et bien que cela pouvait déranger, il semblait beau de voir le tragique souffrir comme s’il mordait la poussière et de rendre beau ce que les autres ne voyaient pas, alors que tous les psychiatres rendus à affirmer que les plus forts doivent conduire pour tirer le wagon, la douceur empoignait les flots pour battre la rime comme l’on bat les œufs en neige, et la mélancolie s’étirait, éprouvant par-là la douleur jusqu’au plaisir, pour tenter de traduire un désir, et dans ce marasme d’avoir reçu un paquet puant car c’était le lot des hasards de la vie, la folie s’accrochait à survivre en créant comme « Le Sisyphe de Camus », la folie tentait de trouver la clé d’un paradis perdu, ainsi à creuser, renifler ou pister, les pieds sur terre, la folie donnait des ailes comme une histoire pour rendre l’existence plus légère afin de remplir les cases vides, ou les réponses rationnelles ne pouvaient apporter de réponses, de toutes de façon la science devait bien se résoudre à ne pas pouvoir tout expliquer, la question se trouvait entre le réel et l’imaginaire et non entre le vrai ou le faux, étions-nous incapables de croire au surnaturel, de rendre même le surnaturel naturel, et comment dans l’époque actuelle, au vu du culte des individualités ou l’égo roi sur les réseaux sociaux transgressait, rassembler dans un récit collectif, tout modèle paraissait abstrait, et non pas seulement les religions, les petits groupes par-ci par-là, les psychologues, les professeurs de tennis et j’en passe, pourquoi fabriquions-nous des histoires et cherchions-nous à nous battre pour qu’elles soient écoutées, parce que si la société nous rejetait, il y avait plus besoin de croire, mais ne plus croire semblait un aller simple faire le désespoir, et la pire peine semblait l’exil, alors les êtres imaginaient ce que les histoires ne permettait pas de répondre, une sorte d’expérience ou neuf fois sur dix on t’éteint la flamme quand tu l’as porte dans la main, alors comme une charge de plomb ou le poids porté ralentissait pour avancer, à force d’insister, l’effort se faisait oublier, et le handicap devenait une force et la mécanique plus puissante, et qu’à force d’abnégation, l’espoir apparaissait dévoilant l’éclaircie, ou me remettre à aimer, pouvait redonner de la vie à la vie, les choses stagnaient devant les murs gris qui couvraient le vis-à-vis des ombres pensifs qui cachaient l’horizon, la folie façonnée d’abstrait, séjournait sur les tristes sentiers des plus émouvantes peintures du chagrin, évidement l’avenir ne pouvait prédire ce qui allait arriver, c’est juste que le désordre saturait les couleurs et trouver les remèdes aux maux intérieurs en cherchant dans l’autre les reflets d’une passion alors que l’autre n’y voyait que son égo, le chemin serpentait à la place d’aller droit pour trouver la rivière, le chemin s’échappait vers ou on ne savait, loin de la tranquillité et s’éloignant, le chemin dessinait des excès regrettable, et hélas ce qui ne comptait pas pour beaucoup, c’était le sillon prenant au corps les mouvements de la vie…

Le problème en dehors de la folie ou tenter de la séduire semblait pareil à une désillusion devant la médiocrité d’une époque, parce qu’elle se perdait dans le superflu tout en essayant de garder les restes d'un semblant de cohésion qui se cassait la gueule, pensant ainsi que baigner dans le spleen commun d’une bien-pensance à travers l’agneau de Dieu qui protégeait en portant les péchés du monde, la spiritualité d’une humaine condition respirait les battements d’une ville, ou l’extérieur paraissait simple mais à l’intérieur, les complications étaient dures, les valeurs d’aujourd’hui semblaient renverser le grand créateur, l’époque aimait y trancher des têtes, elle était bourreau et sauveur à la fois, au nom d’un principe commun et de toutes les opinions, elle demandait d’avoir aucune tache sur la blouse, le code moral était intransigeant de sorte que la lutte des classes n’existait plus, les coupeurs de têtes se gargarisaient de décapiter une œuvre s’il la jugeait immorale, alors comment dissocier l’artiste de son œuvre, et comment distinguer l’artiste voleur, de l’artiste truand ou malfamé, et comment l’intégrer dans une société lisse et sans à-coup, comment retrouver l’inspiration d’une méthode qui marchait autrefois, au fond, cela n’avait rien d’anormal sauf pour l’artiste, car c’est bien connu, la différence fait que justement l’artiste est artiste, mais avec le capitalisme grandissant, les mœurs manipulées, la politique qui instrumentalisait les petits et grands, toutes les libertés qui grandissaient aux profits des puissants, le danger était la disparition de l’art, que le hasard s’évade du monde, que tout soit calcul, que le désordre soit banni, que le monde soit aseptisé de tout blasphème, colère et émotions négatives, au nom d’une superficialité recouvrant la grogne et la misère, c’était marcher avec des bottes dans la neige et refuser que l’imperfection puisse apporter des réponses, qu’au nom du confort, les prévisions se devaient d’être étiqueté dans la salle de classe, ce monde beaucoup de gens le haïssait, car l’égalité se dégradait, les injustices augmentaient, on n'avait rien vu venir et surtout rien choisit, on nous avait imposé ce monde, et si en bannissant les révoltes et les différences, le flambeau risquait de s’éteindre, vers quoi nous dirigions-nous, l’ennui, la dictature, le totalitarisme, la forme qui se divulguait donnait froid dans le dos, car être artiste dans un monde ou l’art n’avait plus sa place mais serait politique, c’était un pied dans la tombe pour la liberté, la provoque et le rire, tenez, demandez au poète d’écrire sur les femmes et qu’il reste dans l’ascèse, c’était être courroucé par le mildiou, car créer quand l’inspiration est poison, quelle pouvait être la saveur des lendemains sans couleurs ?


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