L'énigme du type 6: comment vivre avec le doute?
Revenons au théâtre: sur la scène du monde, un sixième personnage intervient. Plutôt circonspect, il considère de loin l'équipe des trois personnes et commence un monologue: «Qui donc représente l'autorité ici? Ces trois-là semblent très sûrs d'eux… Mais peut-on vraiment leur faire confiance? J'ai bien aimé le calme de celui qui m'a précédé. Avec lui et l'artiste, nous pourrions peut-être former un contre-pouvoir... Ne devrais-je pas prendre mon courage à deux mains pour les aborder?» … (à suivre).
Si je suis un 6 sur l'ennéagramme, je sais profondément ce que signifie le courage. J'ai l'impression d'en avoir perpétuellement besoin pour atteindre mes buts. La vie est remplie de tellement d'incertitude qu'il faut être constamment sur ses gardes et avoir l'œil à tout. C'est pourquoi j'aime avoir un cadre stable où je retrouve mes repères. Je n'aime pas être pris au dépourvu. J'ai l'habitude d'anticiper et je pose pas mal de questions. Les autres me trouvent souvent pessimiste et rabat-joie: pourtant ils auraient intérêt à écouter mes avis dans une perspective de prudence et de prévoyance.
J'ai aussi besoin que les règles soient claires et que l'autorité soit fiable. Une fois que je suis sûr de pouvoir faire confiance, je suis alors loyal, dévoué et affectueux. Mais si les autres ne respectent pas la parole donnée ou les règles du groupe, je le ressens comme une trahison.
Sous l'emprise de la crainte, j'ai tendance à imaginer le pire. Quand je suis taraudé par le doute, j'ai tendance à m'isoler et les pensées négatives tournent en rond dans ma tête, générant toujours plus d'angoisse.
Au fond, la question de la confiance est au centre de mes besoins. Mais c'est d'abord la confiance en moi qui me fait défaut, j'ai souvent l'impression que je ne vais pas être à la hauteur de ce qu'on attend de moi. Je suis d'ailleurs hypersensible à la critique.
Lorsque les difficultés sont réellement là, je suis dans mon élément et je fais face; je peux même prendre le leadership, le temps de résoudre la crise.
«À toute proposition ou question je commence par dire non, dit une jeune femme 6, c'est une manière de prendre du recul et de me laisser le temps de la réflexion. Après, il m'arrive d'être d'accord avec mon interlocuteur, cela ne me pose pas de problème.» Un autre 6, contre-phobique (les 6 appelés «contre-phobiques» masquent leur peur sous une apparence de grande assurance et des pointes d'agressivité), est capable d'argumenter très longtemps pour donner tort à son interlocuteur. Comment ce dernier peut-il prétendre connaître la «Vérité»? Il a aussi le don de pointer le détail qui ne joue pas et ne dira qu'après que «le reste est pas mal». Ses réponses favorites, dans l'ordre, sont «non», «oui, mais…» et «certes», cette dernière proférée avec toute l'ironie dont les 6 sont capables.
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Une 6 phobique a demandé un coaching dans le but de se mettre à son compte. En marge des problèmes concrets inhérents à toute démarche de création d'entreprise, nous avons travaillé sur les obstacles dus à son type de personnalité. Tout d'abord le fait que le 6 n'endosse pas facilement le rôle de leader et préfère être un bon second au service d'une cause ou d'une personne qui a gagné sa confiance. Ensuite la difficulté à prendre rapidement des décisions: il y a toujours un doute qui empêche de trancher. Enfin la question commerciale: avec une confiance en soi chancelante, il n'est pas aisé de vendre, de convaincre et de se mettre en avant.
Comment alors aider le 6 à résoudre son énigme? Le doute est là: la question n'est pas de savoir comment le faire disparaître, mais bien de trouver comment vivre avec et le transformer en facteur d'efficacité.
L'essentiel du travail portera sur le mécanisme de défense habituel du 6 : la projection. Le 6 projette sur autrui ses craintes ou son manque de confiance en lui. Il devra prendre conscience qu'il interprète souvent ce qu'on lui dit comme des critiques, parce que lui-même se sent critiquable. Un exemple parlant est celui d'une femme de type 6, dont le mari lui désigne le joli sac d'une de ses amies en lui proposant d'acheter le même: elle interprète cela comme une critique («Parce que le mien n'est pas assez bien?») au lieu de l'entendre comme une marque d'attention…
Le 6 peut apprendre à se méfier de ses pensées négatives en confrontant systématiquement ses interprétations de la réalité avec celles de son interlocuteur. Partager ses angoisses, dialoguer et vérifier les intentions réciproques vaut mieux que de s'enfermer dans les non-dits.
Chaque fin de semaine, vous retrouverez ici un nouveau chapitre de mon petit livre "A quoi sert l'ennéagramme?". 21 chapitres, autant de questions. Vous n'avez pas la patience d'attendre? Commandez l'e-book à mcfagioli@icefagioli.ch pour 10 CHF ou 10 €.