L'Éthique du journalisme
Une neutralité remise en question
Historiquement, le journalisme était censé fournir une présentation factuelle et équilibrée de l'information. La mission d'un journaliste, telle que définie par les codes de déontologie journalistiques, est de relater les faits de manière impartiale, sans porter de jugement, et en laissant les lecteurs ou téléspectateurs se forger leur propre opinion. Toutefois, cette norme semble aujourd'hui mise à mal par la montée en puissance des médias engagés et des journalistes aux opinions très tranchées.
Les élections américaines récentes, tout comme les débats politiques en France et durant nos élections législatives 2024, ont mis en lumière la manière dont certains médias officiels, souvent qualifiés de "mainstream", ont abordé l'information avec une coloration idéologique évidente. Ce phénomène a été largement critiqué par des observateurs et téléspectateurs qui ont vu dans ces biais une tentative de manipuler l'opinion publique en réduisant la diversité des points de vue exprimés. Des chaînes d'information, qu'elles soient américaines ou françaises, ont ainsi dépeint certains candidats de manière souvent caricaturale, ne laissant guère de place pour une analyse équilibrée.
Le contenu de certaines émissions ou vidéos publiées sur le web*, bien que destiné à informer le public, soulève une question légitime : la neutralité des médias.
* (hors créateurs et YouTubers)
Que ce soit en France pour nos propres élections ou aux États-Unis, on y constate que des animateurs et des journalistes se sont laissés aller à des expressions émotionnelles, presque militantes, face aux résultats inattendus des élections.
Ce manque de distance critique montre que la ligne entre le journalisme d'information et le commentaire partisan s'est largement estompée.
La Subjectivité des journalistes
Le phénomène n'est pas sans conséquence pour la confiance du public envers les médias. Lorsque des journalistes ou des animateurs adoptent une attitude militante, il devient difficile de faire la distinction entre information et opinion personnelle. La question qui se pose est celle de la transparence : dans quelle mesure les journalistes devraient-ils expliciter leurs propres biais et engagements politiques ? Un parallèle peut être fait avec les règles imposées aux influenceurs en ligne, qui doivent clairement mentionner les partenariats commerciaux ou les placements de produits, en utilisant des mentions telles que "contenu sponsorisé" ou "communication commerciale".
De même, on pourrait imaginer que les médias, qu'ils soient français ou américains, lorsqu'ils prennent position sur des questions politiques ou sociétales, soient tenus de signaler explicitement leur orientation éditoriale.
Cette transparence pourrait aider les consommateurs d'information à mieux évaluer la pertinence et la crédibilité des contenus qui leur sont proposés. Une telle mesure permettrait aussi d'éviter la confusion entre un média objectivement engagé et un média qui prétend faussement à la neutralité.
Recommandé par LinkedIn
Les limites de l'engagement des médias
L'engagement des médias peut être légitime, notamment dans le cas des médias dits "de conviction", qui assument leur orientation idéologique. Le problème survient lorsque cet engagement n'est pas clair, et que le public se retrouve face à une présentation biaisée de l'information, alors qu'il s'attendait à de l'objectivité. Cette question est particulièrement pertinente lorsqu'il s'agit des grands médias publics ou des chaînes d'information en continu qui se targuent de représenter l'ensemble de la population, en France comme aux États-Unis.
Il est évident que chaque média, tout comme chaque journaliste, possède ses biais. Toutefois, pour préserver le rôle des médias en tant que garants de la démocratie, il est primordial que ces biais soient identifiés et assumés, afin de ne pas tromper le public. Une couverture partiale des événements, sans avertissement préalable, érode non seulement la confiance des citoyens, mais aussi favoriser la polarisation de la société.
Une responsabilité partagée
La question de la neutralité des médias ne peut être résolue simplement par des règles imposées de l'extérieur. Elle nécessite une prise de conscience collective, tant de la part des journalistes que du public.
Les journalistes doivent se rappeler que leur premier devoir est envers la vérité et la pluralité des perspectives, tandis que le public doit apprendre à diversifier ses sources d'information et à développer un esprit critique vis-à-vis des contenus qu'il consomme.
Encore une fois, si les médias souhaitent retrouver la confiance de leur audience, il est essentiel qu'ils jouent la carte de la transparence, qu'ils assument en informant clairement les spectateurs de leurs positions lorsque c'est le cas, et qu'ils fassent la distinction claire entre information et opinion.
La responsabilité de la qualité de l'information est partagée entre ceux qui la produisent et ceux qui la consomment.
🎭 Comédien 🎬 | Chanteur 🎙 | Musicien 🎹 | Compositeur 🎼 | Auteur ✏
1 moisExcellent article, Aurélien. En effet aujourd'hui trop d'émissions sont annoncées comme informations ou "débats journalistiques" alors qu'elles ne rassemblent en fait que des chroniqueurs autour d'un "journaliste" certes, mais hors contexte éthique, validant les idées des uns et des autres selon sa propre opinion. Si la forme est tout à fait légitime elle manque cruellement de clarté, se présentant systématiquement comme impartiale alors que c'est tout le contraire. L'honnêteté intellectuelle voguant malheureusement rarement de concert avec le concept, et tout le monde n'étant pas informé du "who is who" des médias, l'idée d'imposer un logo ou avertissement - sans jugement de valeur mais clarifiant la nature des opinions émises sur le plateau - me semble à approfondir....
🎙 Voix Off - Voice Over with professional studio for remote sessions 🎧 CEO Noizless Madness Silent Events Belgium
1 moisMerci pour ce post. Aujourd’hui « l’information » est polarisée et de plus en plus monomaniaque dans chaque camp. En fait le mot information est totalement galvaudé. On est bien plutôt dans la fabrique d’opinion que dans l’information. On est plus dans le factuel, mais dans l’émotionnel, pas non plus dans le questionnement, mais dans le prêt à penser. Et malheur à celui qui n’est pas d’accord, le débat n’est plus possible. C’est blanc ou noir, pour ou contre, et il faut faire taire le camp d’en face, coûte que coûte, quitte à le censurer et à piétiner le principe de liberté d’expression. C’est désastreux sur le plan démocratique.
🎙️ Comédien Voix off avec Studio Pro 💻 | Livraison rapide ✅ | 30 années d'expérience | Narrateur de documentaires primés 🎬
1 moisL'avez-vous ressenti, vous aussi, cet agacement ?