L'Étreinte des Ombres et des Roses
Cette histoire se déroule dans un royaume où les forêts s'étendaient à perte de vue, un château dissimulé derrière des brumes éternelles. En son sein, vivait une créature que l'on disait plus terrible que la nuit elle-même : la Bête. Mais peu savaient que cette créature n'était pas née de ténèbres ; elle était l'œuvre d'une malédiction ancienne, une magie aussi cruelle qu'inévitable, qui s'était abattue sur un jeune prince au cœur jadis aussi pur que la rosée du matin.
Le château, autrefois éclatant de lumière et de festins somptueux, était devenu un sanctuaire silencieux, où les horloges ne marquaient plus le temps et où les miroirs ne reflétaient que le vide. La Bête errait, solennelle, dans les couloirs déserts, ses pas lourds comme ceux d'un être condamné à l'éternité. Mais sous ses griffes redoutables et son apparence monstrueuse, battait encore un cœur d'homme, en quête de rédemption, d'amour… ou peut-être seulement d'une fin à son supplice.
Dans un village lointain, vivait Belle, une jeune femme aux yeux si lumineux qu'ils semblaient contenir tous les secrets des étoiles. Son esprit était aussi vaste que les pages des livres qu'elle dévorait sans cesse. Tandis que les autres jeunes filles rêvaient de bals et de prétendants, Belle rêvait d'aventures, de contrées inconnues, de mystères à découvrir. Et c'est ce rêve, en partie, qui la conduisit un jour jusqu'au château de la Bête.
La forêt elle-même semblait se plier à la volonté du destin lorsque Belle franchit ses frontières, son cœur empli de curiosité mais aussi de crainte. Les arbres bruissaient de murmures anciens, comme s'ils pressentaient l'issue de ce voyage. Et lorsque les portes massives du château s'ouvrirent devant elle, elle ne s'attendait pas à découvrir ce qu'elle allait voir.
La Bête, dans toute sa majesté terrifiante, se tenait devant elle. Son regard d'or, empreint de tristesse et de solitude, rencontra celui de Belle, et pour un instant, le silence du château sembla se suspendre. Ce fut comme si le temps lui-même hésitait, contemplant la scène d'un amour naissant, d'une promesse fragile. Car dans ces yeux monstrueux, Belle ne vit pas la laideur, ni même la terreur. Elle y vit une âme perdue, désespérément en quête de lumière.
Au fil des jours, une danse subtile se joua entre eux. Les paroles étaient rares, mais les silences étaient lourds de sens. Chaque moment passé ensemble effaçait un peu plus les chaînes invisibles qui enserraient le cœur de la Bête. Belle, par sa douceur et sa force, apprit à voir au-delà des apparences, à comprendre que la véritable beauté ne résidait ni dans les traits d'un visage ni dans les formes d'un corps, mais dans la noblesse d'une âme.
Et la Bête, qui avait cru son cœur à jamais endurci, sentit naître en elle une flamme oubliée, celle de l'espoir. Mais cet espoir était fragile, tout comme la rose enchantée qui, à chaque pétale tombé, lui rappelait que le temps était compté. Car la malédiction ne serait rompue que si un amour sincère venait à briser les chaînes du sort avant que la dernière pétale ne s'effondre.
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Les jours passèrent, et avec eux, les nuits étoilées où Belle et la Bête contemplaient ensemble le ciel infini, parlant des mystères de l'univers, des contes anciens et des rêves non réalisés. Dans ces moments suspendus, ils étaient libres, libres d'être eux-mêmes, libres de se découvrir. La Bête, avec sa sagesse de créature immortelle, et Belle, avec son cœur ardent de jeunesse.
Mais l'amour, aussi profond soit-il, doit affronter des épreuves. Lorsque Belle dut retourner auprès de son père malade, elle fit une promesse : elle reviendrait. Pourtant, l'ombre de la malédiction pesait encore lourdement sur le château, et la Bête, craignant de la perdre à jamais, laissa son cœur sombrer dans le désespoir. Chaque jour sans elle était une agonie, chaque heure un rappel cruel de sa condition.
Mais Belle, fidèle à sa promesse, revint, et lorsqu'elle découvrit la Bête, affaiblie, mourante, elle comprit l'étendue de ses sentiments. C'est dans un baiser d'amour véritable qu'elle scella le destin de la créature. Et dans cet instant, où le dernier pétale chutait doucement, la magie noire se défit.
Le monstre disparut, et le prince ressuscita. Mais à vrai dire, peu importait à Belle qu’il ait retrouvé son apparence humaine. Ce qu'elle aimait n'était pas la beauté physique ; c'était l'âme qu'elle avait vue au-delà des griffes et des crocs. Car, comme elle l'avait découvert, l'amour ne fait pas de distinction entre la beauté et la laideur ; il se forge là où les cœurs battent à l'unisson.
Et ainsi, dans ce château redevenu lumineux, un amour éternel naquit, plus fort que les malédictions, plus fort que le temps lui-même. Un amour qui, tel une rose immortelle, continuerait de fleurir à travers les âges.