La chronique du sens : Mon sens à moi

« Un travail qui a du sens » est parfois présenté comme une évidence. Tout le monde serait censé savoir ce que l’on y met. Y aurait-il une liste de métiers qui ont du sens « par nature », pour tout un chacun ? Des métiers « essentiels » peut-être ? Nous avons vu à quel point cette notion fait débat !

Le sens au travail, rappelons-le, reste une question principalement individuelle. Ce qui me fait vibrer ne fera pas vibrer mon voisin. La notion d’utilité, souvent avancée pour apprécier le sens d’une activité, est elle-même relative. Bien entendu, certaines activités et certains secteurs ont collectivement du sens, car ils ont une utilité sociale difficilement contestable. Dans l’absolu, soigner a du sens, protéger a du sens, produire de bons aliments a du sens, protéger l’environnement a du sens, enseigner a du sens (liste non exhaustive). Tout cela est collectivement important, utile, mais vous avez le droit de dire que ce n’est pas ce qui donne du sens à votre travail. Il existe tant de sources de sens !

Du sens, on peut en mettre dans ses activités quotidiennes, dans ses conditions de travail - qui peuvent a contrario être destructrices de sens– ou encore dans le secteur choisi. Faire un travail manuel, voir un résultat concret sont des éléments indispensables pour certains. D’autres vont s’animer à l’idée de faire gagner de l’argent à leur entreprise, ou encore de créer un nouveau produit ou une illustration. Certains ne trouveront du sens que dans le domaine agricole car la terre, c’est l’histoire de leur famille. Cela peut aussi passer par la satisfaction de voir un tableau de bord cohérent, une gestion à l’équilibre, ou de savoir que les collaborateurs de l’entreprise seront payés à temps. D’autres vont vibrer à l’idée d’organiser un projet de A à Z, un évènement culturel ou la construction d’un immeuble de 12 étages. Et la liste est longue, très longue … toutes les activités humaines sont là. Le sens que l’on y trouve va dépendre de son histoire, de ses valeurs, de ses besoins aussi, à un instant donné.

Donner du sens à son travail

La question est donc : « qu’est-ce qui donne du sens à mon travail ? ». Cela en laisse plus d’un perplexe. Il se peut d’ailleurs que la question soit totalement incongrue car « cela tombe sous le sens » ou la quête de sens n’est ni un objectif, ni une priorité.

Si en revanche le sens est une préoccupation majeure, une quête, et que son absence entraine une souffrance ou un mal-être, le sujet mérite approfondissement. Et là, au bord du chemin, deux paysages se dessinent : l’absence d’appétence pour quoique ce soit (absence de désir ?), comme une terre aride sur laquelle on marche depuis longtemps, ou au contraire la profusion d’intérêts, sorte de jungle avec cette impression qu’on ne trouvera jamais la bonne branche sur laquelle se hisser. Vide ou chaos. Dans les deux cas, l’objectif est de faire émerger ses priorités, à titre individuel, en se dégageant des influences collectives du genre : « 10 métiers qui ont du sens ».

Le questionnement et l’investigation, avec ou sans test, permettront de comprendre davantage ce qui anime chacun. Cela permet également de faire le tri entre tout ce qui est généralement emmêlé dans nos esprits : conditions de travail, contenu du travail, environnement dans lequel on souhaite être, salaire, etc. Bref, toutes les briques qui permettent de construire un avenir professionnel à court moyen ou long terme, un projet qui a du sens, pour soi. Comme toujours, se connaitre soi-même est un bon début, et il n’est jamais trop tard : « J’ai découvert bien tard que j’ai suivi ma voie toute ma vie » nous dit Edgar Morin.

Alors bon remue-méninge pour peut-être un petit remue-ménage.

Nathalie PAREIN, consultante à l'Apec de Rennes.

A lire ou à relire : « Pendant toute ma vie, j’ai rêvé de ma mère » - Edgar Morin, Le Monde.