La Commission IA a raison : soyons (vraiment) ambitieux sur l'IA !

Le rapport de la Commission de l’Intelligence Artificielle « IA, notre ambition pour la France » instaurée par le Gouvernement était très attendu, il est sorti le 14 mars, remis au Président de la République et donc vous pensez bien qu'on l’a lu avec attention. Voilà ce qu’on en pense côté Simplon.co et Simplon Foundation .

D’abord des rapports comme ça, on en a lu des centaines et celui-ci est très bien fait, précis et circonstancié, bon ça c’est grâce aux experts mais quand même chapeau. Le document est est clair sur la direction générale et on partage très clairement les éléments structurant suivants : 

• L’IA est décrite comme “incontournable”, les IA génératives comme une “étape importante” et ses effets comme irriguant “tous les domaines d’activité”.
• L’importance de se tenir à égale distance des positions extrême, qu”elles soient “pessimistes” ou “optimistes” et de chercher une “voie du milieu” équilibrée
• La position clé de la France et de l’Europe sur le sujet de l’IA et de l’IA générative

Ensuite le rapport est ambitieux et on aime beaucoup ça à Simplon l’ambition, surtout quand elle place en premier dans ses “six grandes lignes d’action” le fait de “lancer immédiatement un plan de sensibilisation et de formation de la nation” (recommandations 1). Côté Simplon, nous sommes sur cette priorité depuis 2018 puisque c’est au moment de la Stratégie IA dites Villani que nous avons démarré les “Écoles Microsoft by Simplon” qui ont permis de former, de certifier et d’insérer professionnellement plus de 1000 personnes sans emploi au métier de “développeur-euse en IA”. 

Nous proposons avec la Simplon Foundation des hackathons solidaires IA génératives pour aider des associations en partenariat avec Big Bloom, nous déployons un programme de formation financé par l’Union européenne pour former les TPE PME en France, en Belgique et en Espagne aux enjeux d’IA (et de cybersécurité), nous travaillons avec le programme “Les Intrépides de la Tech” à l’acculturation du jeune public dans les collèges en partenariat avec l’Education Nationale et des partenaires entreprises et plus récemment nous avons annoncé une initiative avec Meta pour sensibiliser à l’IA générative 30 000 françaises et français. 

Donc mille fois oui pour aller plus loin du côté de la formation initiale, continue, dans la formation professionnelle (recommandation 7) comme dans l’enseignement supérieur. Nous pouvons même habiliter des organismes publics (nous le faisons déjà pour des acteurs publics comme les GRETA et privés) à délivrer le titre professionnel “Développeur-euse en IA” que nous avons fait enregistrer et renouvelé récemment à France Compétences et ainsi former et insérer plus de personnes dans les métiers de l’IA qui recrutent.

De la même façon, nous partageons l’idée qu’il faut que l’IA accorde “davantage de pouvoir aux citoyens et aux travailleurs”, que des “lieux d’expérimentation et d’appropriation de la technologies” permettent de toucher tous les publics (on sait pas ce que c’est que les “cafés IA” cités dans le rapport mais on sait que les 75 écoles Simplon dans les quartiers, les zones rurales et les Outremer peuvent être une partie de ce lieux). Cela passera également par des actions de littératie numérique IA que nous proposons déjà à des demandeurs d’emplois, à des actifs en situation de “fracture numérique” ou en obligation de montée en compétences (recommandation 12) et aussi à des agents publics de collectivités locales.

Là où on est moins raccords, c’est sur : 

• L’optimisme économique que l’IA “devrait argumenter la prospérité collective et (...) contribuer à l'amélioration de la qualité du travail et à la réduction des inégalités”. Nous partageons que cela doit être un des objectifs clés et que ça sera vraisemblablement le cas. Mais nous pensons que cela ne se fera pas sans volontarisme dans les politiques publiques en matière d’éducation, de formation, d’insertion et de mesures spécifiques pour accompagner les acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) à bien gérer les mutations qui sont en cours. Le bouleversement des compétences et des emplois qui s’annonce peut en effet mettre en difficulté les acteurs de l’insertion et du handicap qui emploient des personnes pour des tâches automatisables par l’IA. Les personnes fragiles et en situation de handicap peuvent bénéficier concrètement de cas d’usages dérivés des IA génératives mais aussi en être exclues. Donc pour nous la recommandation 2 (“Investir dans l’observation, les études et la recherche des impacts des systèmes d’IA sur la quantité et la qualité de l’emploi”) doit être une priorité pour tous les emplois, y compris ceux de l’ESS.

• La répartition des crédits d’investissement sur 5 ans, nécessités par les recommandations du rapport, nous semble déséquilibrée entre l’enseignement supérieur (1,2 milliards d’euros) et la formation professionnelle (200 millions d’euros), sauf à ce qu’on nous rassure sur le fait que parmi les 3,6 milliards d’euros dédiés à l’investissement massif “dans les entreprises du numérique et la transformation des entreprises il y ait des crédits qui seront alloués à la formation des actifs et au passage à l’échelle des solutions que nous proposons pour accompagner les entreprises dans leurs recrutements, l’upskilling et le reskilling de leurs équipes. 

• Le centrage très “franco-français” et européen du rapport. Cela va certainement être prochainement le cas (on me murmure dans l’oreillette l’imminence d’un Sommet Méditerranée de l’AI) mais nous aurions également apprécié que le rapport comporte une dimension diplomatique plus large et fasse une place plus centrale à une “francophonie de l’IA” et plus précisément à l’Afrique et aux Africain-es qui tentent de se doter de stratégies nationales en matière d’IA et de faire émerger des écosystèmes locaux. La France peut encore jouer un rôle, c’est e n tous cas ce que Simplon Africa et Simplon Maghreb tentent de faire à leur niveau en Afrique de l’Ouest et au Maroc au bénéfice des populations locales et des acteurs nationaux.

• La charge anti-américaine du rapport (“l’IA des autres”) car dans ce domaine, nous pensons non seulement que toutes les entreprises ne se valent pas sous prétexte qu’elles sont énormes et de provenance américaine, mais surtout nous pensons qu’elles participent déjà - et doivent participer encore plus - au plan ambitieux qui est décrit dans le rapport. Nous sommes les témoins et les bénéficiaires des soutiens de la part de ses acteurs “américains” qui sont présents en France depuis plusieurs décennies, qui créent des emplois en France et apportent leurs financements, leurs expertises, leurs technologies aux programmes de formation des Français et aux entreprises françaises. Nous ne voulons pas choisir : nous sommes “fans” de Mistral, Lighton, Aleia, Numspot, DUST, Hugging Face et de tous les autres qui sont des preuves du dynamisme de notre pays en matière d’IA. Mais nous sommes également “fans”de l’engagement de Microsoft France en faveur de l’IA responsable, des cas d’usages “for good” et pour l’employabilité, la diversité, l’inclusion, le handicap (notamment au travers de nos écoles IA Microsoft by Simplon soutenues depuis 6 ans). Nous sommes aussi “fans” de la recherche en IA réalisée en France et ailleurs par Meta et FAIR dont la plupart est mise à disposition de manière ouverte et c’est une entreprise américaine et Yann LeCun promeut l'open source en tant que français enseignant chercheur à la NYU et que responsable scientifique de l’IA chez Meta. Hugging Face est une entreprise américaine fondée par des Français, Poolside une entreprise américaine qui vient s’implanter en France, bref… Peut peut être qu’on pourrait se dire que ce sont la qualité des modèles et leur transparence via leur caractère open qui devrait faire la différence et non pas la nationalité…

Le dernier point que l’on veut partager avant de continuer à travailler sur le terrain à faire que l’IA générative soit une chance pour les compétences, l’emploi, l’impact et les territoires, c’est que nous espérons de tout coeur que les 27 milliards du plan proposé seront identifiés rapidement et investis pour faire de cette “ambition pour la France” une réalité tangible. Pour cela on ne peut pas grand chose mais pour tout le reste, vous pouvez compter sur Simplon et ses partenaires. Sinon, ce rapport n’aura servi à rien et les jérémiades sur la souveraineté, l’humanisme et les Lumières numériques à la Française resteront des injonctions sans effet. En conclusion nous disons donc : vive l’IA responsable au service des Français-es et de la planète, qu’elle soit souveraine, ou pas !

Tout cela, nous aurons le loisir d’en discuter lors de la semaine de l’IA et des IA génératives que Simplon organise la semaine du 22 avril prochain. Restez connectés d’ici là ;)