La confiance. Nouveau capital ?
Période révolutionnaire : des billets de confiance sont émis pour face à la méfiance qui sévit à l'égard des assignats nationaux

La confiance. Nouveau capital ?

Paradoxalement, la confiance est en ce moment sur toutes les lèvres.

Ah bon ? Oui, confiance en soi, en nos élus, dans les médias, la technologie… confiance en l’avenir ! Les études se succèdent et font le portrait d'une France méfiante, défiante même. Et la tendance serait plus ou moins "mondiale". Du moins (et c'est un 1er point intéressant) elle s'installerait particulièrement dans les pays les plus "occidentalisés", entendons par là ceux qui jouissent d'un certain confort né d'un système apparu il y a deux siècles et dont ils semblent aujourd'hui prendre conscience de la caducité.

Pourquoi paradoxalement, alors ? Parce que c’est quand on en a le moins qu’on en parle le plus. Rupture technologique, défi climatique, crises économiques, scandales politiques, manipulations médiatiques… autant de coups portés à notre sens critique.

La condition de l’homme est d’évoluer dans l’incertitude tout en étant capable de vivre avec. Grâce à la confiance…

Mais en ce début de XXIe siècle - période de transition entre un monde que l’on quitte et un autre que l’on découvre autant qu’on l’invente - les incertitudes sont telles que notre confiance semble ne plus suffire pour les supporter. Pire encore : de plus en plus bafouée, on en viendrait presque à se méfier d’elle. Si l'on en vient à se méfier de notre propre confiance, à qui peut-on encore l’accorder ? La confiance se donne autant qu’elle se retire. Mais elle ne peut se garantir, se contractualiser. Malgré le « contrat de confiance » de Darty, habile idée de com' d'Havas Conseil mais oxymore quand même ;)  

Mais si une confiance trop aveugle peut s’avérer dangereuse, il en va de même pour la fiance. Douter est un préalable philosophique, constructif. Ne plus croire en rien ni personne - pas même en soi - est un préalable paranoïaque, tragique.

Ni optimisme béat, ni espérance illusoire, la confiance est un don fondamental pour la construction sociale. Sans confiance en moi je ne peux devenir véritablement moi-même. Sans confiance en autrui je ne peux devenir moi-même non plus, mais je nous empêche surtout de "faire société".

L’entreprise, dernier bastion de la confiance ?

Pourtant, dans ce climat d’angoisses et de défiance généralisées, l’entreprise semble incarner « le dernier bastion de la confiance », comme le pense la Responsable Monde de la division Entreprises d’Edelman, à l’origine du baromètre de référence en matière de confiance à travers le monde : « Trust ».

Paradoxe, encore. Cette même entreprise, présumée coupable de tromper notre confiance par ses artifices marketing (34% des français seulement font confiance en l’entreprise) et ses externalités négatives serait "en même temps" notre planche de salut ?

Qu’elles prennent à peine conscience de leur impact sociétal ou qu’elles aient déjà repensé leur « raison d’être » - à l’aune de ce dernier, de la loi Pacte ou du filon marketing qu'elles pensent flairer - les entreprises jouissent à ce jour de l'indice de confiance le plus fort, loin devant les autres institutions, pour changer le monde, et, le rendant ainsi supposément moins incertain, pour calmer nos angoisses... Où les causes de notre confiance rencontrent théoriquement leurs conséquences. Idéalisme ? Illusionnisme ?

Notre proximité quotidienne avec l’entreprise - par notre travail et notre consommation - ainsi que la capacité d’action qu’on lui prête - par le pouvoir économique qu’elle représente autant que par sa culture de l’"efficacité" - sont donc tout à la fois les critères par lesquels l’entreprise accède encore à notre confiance, et ceux par lesquels on la met face à des responsabilités outrepassant son cadre économique pour l’emmener, peut-être hâtivement, vers un cadre plus politique…

Dans ce contexte, qu’est-il raisonnable d’attendre de l’entreprise en matière d’engagement citoyen ? Où s’arrête la confiance et ou commence une certaine forme de nouvelle servitude volontaire ?

Et côté entreprise, comment (r-)établir une confiance durable avec ses différentes parties prenantes ? Quelles sont les entreprises qui parviennent à renouveler leur place et leur promesse vis-à-vis de la société sans prendre le risque de la trahir ? Que ce soit par pêché d'orgueil ou tentation régalienne ? Comment font-elles ?

Des questions qu’il devient urgent de se poser pour éviter tout abus de confiance. De qui la détient comme de qui la donne...

Des questions que j'aurai plaisir à développer prochainement lors de Connect'in Lorient, à l'occasion de la conférence de clôture de cette édition 2019. Rendez-vous sur place le 19 novembre prochain, ou à toute autre occasion propice à échanger sur le sujet.


Claire Manneville

En reconversion professionnelle --> objectif : travailler dans les métiers du bois (menuiserie, ébénisterie)

5 ans

Merci beaucoup pour la conférence d'hier soir très intéressante et instructive tant par le fond que la forme !

Yann et Stéphanie Poirier

Fondateurs YeS Harmonie | Approche globale du bien-être de la personne | Corps Coeur Ame Esprit 💫

5 ans

Merci pour la conférence d’hier soir très très intéressante qui amène beaucoup de réflexions.

Dominique Auffret

Directrice chez Mission Locale réseaux pour l'emploi du pays de Lorient

5 ans

Merci pour votre conférence ce soir..passionnante, inspirante !👍

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