LA CROISSANCE REPART, LE CHOMAGE AUGMENTE : UN PARADOXE…
Bizarre autant qu’étrange. La croissance repart (un peu) et le chômage progresse (pas mal). Voilà qui plonge les commentateurs dans la perplexité. Depuis le temps qu’on nous raconte qu’avec un peu plus de croissance, plus de confiance des industriels comme des ménages (ce qui est le cas), le nombre des demandeurs d’emploi va fondre comme neige au soleil…
Patatra ! les chiffres de Pôle emploi font apparaître une augmentation du nombre de demandeurss d’emploi de 0,6% en août -après +1% en juillet, soit +1,3% sur les trois derniers mois- ce qui conduit à exploser le compteur avec un nouveau record de 5,95 millions de personnes à la recherche d’un emploi (France entière, y compris ceux qui ont eu une activité en cours de mois).
Alors bien sûr, on peut évoquer la réinscription de ceux que le gouvernement précédent avait envoyés en formation. On peut -ce que fait le gouvernement- se réfugier dans les chiffres des enquêtes -par sondage- de l’INSEE (conformes à la méthodologie du Bureau international du travail) qui montrent un recul du chômage de 0,1% au deuxième trimestre.
A quoi bon s'inscrire à pôle emploi...
Mais le phénomène -croissance en hausse et chômage en augmentation- tient peut-être à une autre cause. Lorsqu’on se réfère au passé, ou aux pays étrangers, on observe toujours à peu près la même évolution : lorsque le chômage est très élevé, que la croissance est faible, que les entreprises font triste figure, que les embauches marquent le pas, bref quand on stagne dans le chômage de masse sans apercevoir aucune perspective pour en sortir… un grand nombre de sans-emploi, surtout les chômeurs de longue durée, peu ou pas indemnisés, se retirent carrément du marché du travail. A quoi bon s’inscrire à pôle emploi puisque cela ne servira à rien !
Mais voici que les trompettes de la croissance se remettent à jouer, qu’un jeune Président arrive, bardé de bienveillance, d’optimisme et d’espoir, et que même les embauches dans le secteur privé se remettent à vibrer… et alors l’espoir d’en sortir se manifeste à nouveau chez ceux qui avaient commencé de désespérer. Les voici qui vont à nouveau rechercher un emploi, s’inscrire à Pôle emploi ou/et être recensés par l’INSEE.
Ce phénomène de gonflement des chiffres du chômage en phase de reprise est un grand classique, difficile à contourner. Ce ne sont sans doute pas les circonvolutions autour des résultats escomptés des ordonnances qui vont y contribuer : faciliter les licenciements favorise-t-il vraiment les embauches ? on peut pour le moins en douter. Plus prometteuses sont les pistes de réforme en profondeur de la formation professionnelle. Mais on demande à voir…
Bref, prévisions de croissance favorables, climat des affaires qui s’améliore… les chiffres livrés par l’INSEE sur la conjoncture économique iraient plutôt vers l’éclaircie sauf que… plus ça va mieux pour l’économie, plus ça va mal -selon l’apparence des chiffres- pour l’emploi.
Pour être saisissant, le paradoxe est finalement explicable et peut-être provisoire.
Sylvain GOUZ (www.mediagouz.fr)
(27/09/2017)