La culture collective, une clef face à l'uberisation selon Jérôme Wallut
Jérôme Wallut fait partie des “praticiens assidus, qui aiguisent leur curiosité en permanence” du digital. Refusant l’étiquette d’expert dans un monde où chaque certitude est systématiquement remise en question, il guide les entreprises dans leur transformation digitale.
Alors qu’il envoie son premier email en 1995, il sent déjà les prémices des révolutions digitales qui vont affecter les entreprises. Dans son livre, Patrons, n’ayez pas peur !, il s’attache à déconstruire les idées reçues qui freinent les entreprises dans leur évolution digitale. Il nous offre des clefs, venues de 20 années à croire au digital et à accompagner les entreprises dans leur évolution.
Patrons, n’ayez pas peur ! Manuel à l’usage des patrons qui s’interrogent sur l’ubérisation de leur activité
Le titre de ce livre de Jérôme Wallut met déjà en avant deux éléments qui sont des clefs d’entrée pour comprendre l’écriture de ce livre. Le digital a révolutionné notre société plus rapidement que la machine à vapeur, la transformation industrielle de l’agriculture, ou encore l’adoption du nucléaire. Cette 4e révolution a généré l’adhésion du grand public en moins de 10 ans. Aujourd’hui, en France :
- on consulte son smartphone 220 fois par jour
- 73 % des français possèdent un smartphone et 78% un ordinateur*
La réussite du digital a été soutenue par un taux d’équipement électronique croissant rapidement. Dans ce contexte, les entreprises historiques en France ne peuvent plus mettre le digital de côté. Et pourtant, selon le titre de Jérôme Wallut, le digital effraie. Le digital implique de ne plus maîtriser à 100% son sujet, de devoir se remettre à jour par une veille quotidienne, et surtout de se remettre en cause en plaçant sa cible au centre de son entreprise.
Avec Patrons, n’ayez pas peur !, Jérôme Wallut nous présente sa recette pour contribuer à la réussite de sa transformation digitale de son entreprise :
- Exciter la curiosité de chaque métier
- Intégrer des digital natives parmi les collaborateurs
- Empêcher l’entreprise de ne pas penser au digital chaque jour
Mais pour y parvenir, cette transformation nécessite de prendre conscience de nos idées reçues, particulièrement pour les non digital natives. Il s’agit ici d’accepter d’apprendre, de ne pas se contenter de ce qui est mis en place. Finalement, on parle principalement de sortir de sa zone de confort pour que son entreprise prenne sa place dans cette société aux nouveaux enjeux.
Ce conseil est valable pour tous : néophytes du digital ou à l’aise avec les nouvelles technologies. En effet, Jérôme Wallut ouvre également les yeux aux lecteurs digital friendly afin qu’ils aillent au-delà de leur propre performance digitale. Pour réussir la transformation digitale d’une entreprise, ces personnes doivent rendre accessible le numérique à l’ensemble des collaborateurs. Ce travail d’évangélisation permet d’inclure le numérique dans la stratégie globale pour la rendre cohérente aux nouveaux enjeux, et non plus comme un bonus pour l’entreprise.
Mettre sa cible au centre de toute sa stratégie
Il ne s’agit plus de penser d’abord à son produit, mais bien à son prospect. Le digital a permis de faciliter cette façon de penser grâce aux 4 vagues de la révolution digitale mises en avant par Jérôme Wallut.
Oui, la révolution digitale a d’abord été une révolution technique (1e vague) avec l’arrivée des PC puis d’internet qui a entraîné des questions de sécurité à s’en donner des cheveux blanc aux DSI. Mais elle a rapidement été suivi d’une révolution dans la place des publics. La vague que Jérôme Wallut associe à la conversation (2e vague), a vu l'avènement des chats, blogs ou forums qui ont libéré la parole des citoyens.
C’est ce qui a entraîné le succès incroyable d’Internet : les échanges, le partage et l'interactivité. En plaçant l’Homme comme média, certains ont compris les entreprises elles-mêmes pouvaient utiliser Internet de cette façon en mettant en avant de nouveaux enjeux pour elles, comme la visibilité, la réputation et leur influence.
Par cette prise de conscience et avec l’arrivée des nouveaux entrants, le public a transformé les usages liés au digital (3e vague). Les nouveaux acteurs comme Amazon, AirBnB ou Blablacar ont su répondre aux nouvelles exigences tout en ayant foi dans les nouvelles technologies. Mais pour la plupart des anciennes entreprises, cette prise de conscience impliquent de remettre en cause son modèle économique, sa manière de travailler et sa relation avec son prospect.
Cette révolution est encore loin d’être terminée, avec l’importance majeure des data et de l’intelligence artificielle (4e vague). Transformant encore davantage la relation entre les entreprises et leurs cibles, les patrons vont-ils prendre en compte cette ubérisation pour transformer profondément leur entreprise ?
Création d’une culture d’entreprise
En créant de nouveaux services pour optimiser l’expérience cliente à moindre coût, ce qui peut être une définition de l’uberisation, les nouveaux entrants ont imposé aux marchés traditionnels de nouvelles habitudes et de nouveaux modèles.
Jérôme Wallut démontre que pour ne pas perdre pied, les entreprises traditionnelles doivent construire une culture collective. Cette construction passe par le choix primordial de ses collaborateurs, sans avoir peur des digital natives qui sont également là pour partager leur expériences. Mais il s’agit également de sortir de sa zone de confort, de bousculer ses habitudes pour penser différemment et ainsi anticiper les nouveaux enjeux.
Finalement, réussir sa transformation digitale est avant tout un état d’esprit, une volonté qui doit gagner les patrons, afin d’atteindre et convaincre leurs collaborateurs.
Pour citer, Jérôme Wallut, dont je ne peux que vous conseiller le livre, Patrons, n'ayez pas peur ! :
“ Cette transformation est une affaire de culture et d’expérimentation permanente”
*Baromètre du numérique 2018