La dissolution serait la seule alternative
La lumière froide de l’hiver est cruelle pour Emmanuel Macron et fait couler le fard avec lequel il s’était grimé depuis 18 mois.
Les hérauts de la bien-pensance ont maquillé le résultat de son élection en triomphe.
Triomphe de la jeunesse et de la modernité face aux partis cacochymes, triomphe de la France des startsup contre la France ringarde ou obsolète, triomphe de la famille « tendance » contre la famille traditionnelle, triomphe du citadin contre les B.O.F de province… !!!
Cette cosmétique a, un temps, un temps seulement, fait oublier qu’Emmanuel Macron ne disposait que d’un socle de 23% des votants, guère plus ; 23% qui ont, aujourd’hui, rétrécis comme peau de chagrin. Et que donc plus de 75% des Français ne se sentaient pas engagés par ce vote.
Rappelons quand même que la victoire de 2017 ne découlait pas d’un choix raisonnable mais d’un choix fabriqué : une justice utilisée pour abattre l’adversaire – François Fillon – et une diabolisation constante du FN rendaient, une fois passé le premier tour, l’issue du scrutin sans surprise.
L’Assemblée Nationale, élue dans la foulée des élections présidentielles, est à l’image de ce scrutin : en trompe l’œil. En passant du septennat au quinquennat et en faisant ainsi concorder les élections législatives et les élections présidentielles, on a insidieusement bouleversé, et notre vie institutionnelle et les fondements même de la Vème République.
Une élection par défaut ne vaut pas adhésion à un programme ou à un homme : depuis deux mois l’explosion de la crise des gilets jaunes en fait la démonstration. Celle-ci restera un marqueur intransigeant et féroce pour le pouvoir en place, bien à la peine aujourd’hui dans la guerre de mouvement imposée par les contestataires, pour toute la suite du quinquennat.
Et la consultation nationale annoncée pour répondre à la colère du peuple n’est qu’un faux semblant, un artifice qui provoquera, à coup sûr, l’insatisfaction des citoyens tant ils se sentiront encore une fois bernés ; car le pouvoir ne changera pas sa politique. Emmanuel Macron l’a clairement affirmé lors de ses vœux.
Seule une dissolution et l’annonce de nouvelles élections législatives permettront de redonner du souffle à notre démocratie et d’en arrêter la dérive autocratique.
Elle seule permettra de débattre, programme contre programme, et d’envoyer au Parlement une représentation nationale conforme à l’état réel du pays.
Charles MILLON
Ancien Ministre de la Défense
Siddheswari University College
4 ansVictory of humanity, joyguru
Stratégie et développement économique
5 ansM. Macron est le problème, une dissolution de l'Assemblée comme un remplacement de 1er Ministre n'équivaudrait qu'à masquer le problème... La France ne s'appartient plus, et Mitterrand l'a très bien expliqué dans le livre de Benamou, "Le dernier Mitterrand" Un échange avec François Asselineau, M. Le Ministre ?
Secretaire general adjoint chez Agrasc
5 ansMonsieur Millon, Le parti LR a clairement été désavoué et mis à la porte à l’occasion des dernières élections présidentielles ! N’œuvrez pas pour qu’il revienne par la fenêtre seulement 18 mois après des élections démocratiques ! Les élections législatives ont confirmé par ailleurs l’élection de Monsieur Macron et lui ont conféré un mandat clair pour 5 ans ! Expliquez moi en quoi vous les considérez en trompe l’œil ? Et pour votre information, j’ai voté Monsieur Fillon au 1er tour ... mais il faut arrêter avec les attitudes conjoncturelles opportunistes ! Laissons Monsieur Macron et son gouvernement travailler et nous les Jugerons à l’occasion des prochaines élections ! Ainsi va la démocratie !
Définir et gérer la cybersécurité et la cyber-résilience des entreprises. La protection des données, assurer la conformité réglementaire et normative, et en apporter les preuves.
5 ansCes propos sont justes, et qui plus est, sont très bien écrits. C'est très rare dans les débats actuels. On reconnaît la prise de hauteur d'un ancien ministre de la Défense, qui aurait pu, aussi, être Ministre des affaires étrangères sur de nombreux sujets portant, par exemple, sur l'Afrique. Et bien d'autres encore. Charles Millon a raison dans son analyse. Mais le sujet actuel est tel qu'il va aussi falloir savoir convaincre une société dans une situation d'affrontement. Avoir raison n'est qu'une première étape. Et c'est ainsi que notre pays trouvera une solution à la crise actuelle. Il faut sans doute oser un scénario de dissolution d'ici quelques semaines si le "grand débat" ne donne lieu à rien. C'est l'une des prochaines cartes possibles en cas d'échec. Mais, il faudra alors de l'intelligence pour réunir et convaincre, si de nouvelles élections sont organisées, sans laisser les discours extrêmes triompher, ni laisser la place aux opportunistes, anciens ou nouveaux, travaillant pour eux-mêmes. Convaincre et rassembler : l'assemblée nationale a été dissoute le 30 mai 1968 et une manifestation de près d'un million de personnes a été organisée dans le calme sur les Champs Elysées pour arrêter le massacre après quelques premiers tirs à balles réelles, au même moment. Sommes-nous capables de le refaire ? C'est un scénario à envisager. Avec la difficulté que les partis politiques d'aujourd'hui ont perdu de leur crédibilité. Il reste à revenir aux valeurs fondamentales pour permettre des travaux pluridisciplinaires alliant la modernité, la diversité et la France traditionnelle avec toutes les populations qu'elle comporte. Merci, en tout cas, pour cet article très lucide.