La diversité au cœur de la performance des entreprises
Crédit photo: iStockphoto

La diversité au cœur de la performance des entreprises

+38,5% (1) en 15 ans

 Qui peut se vanter d’une telle embellie en matière d’emploi ? Il s’agit pourtant d’une réalité ! Le taux d’emploi des 55-64 ans a bondi de 37% en 2003 à 51% en 2017 (1). Flatteur au regard de l’évolution du nombre de demandeurs d’emploi de catégorie A inscrits à Pôle Emploi sur la même période : +30% (2).

Mais cette performance cache pour autant une situation moins enthousiasmante.

Tout d’abord, la France reste à la traine sur ce sujet quand le Japon, la Norvège et la Suède dépassent allègrement les 70% (3). Ensuite en 15 ans, le taux de chômage des 55-64 ans a été multiplié par 1,5 et 62 % des chômeurs sont sans emploi depuis plus d'un an (1).

Un taux d’emploi des 55-64 ans mécaniquement boosté par les réformes des retraites…

En y regardant de plus près-Graphique 1, les inflexions de la courbe du taux d’emploi sont principalement les conséquences mécaniques des mises en application des réformes des retraites successives:

    


  •  Loi de 2003 : allongement progressif à compter de 2009 de la durée de cotisation -> 41 ans en 2012;
  • Loi de 2010 : relèvement progressif de l’âge légal de départ à la retraite (62 ans en 2017) et de l’âge d’obtention automatique d’une retraite à taux plein (67 ans en 2017);
  • Loi de 2014: Allongement progressif de la durée de cotisation -> portée à 43 ans pour les générations 1973 et suivantes.

La réforme AGIRC-ARRCO de 2015 aura probablement également un impact sur le taux d’emploi. Voir cet article Impacts de la réforme des retraites complémentaires AGIRC et ARRCO et axe de réflexion.

… mais peu d’actions concrètes sur l’emploi des seniors ou qui se sont soldées par des échecs

La première véritable prise de conscience date de l’arrivée massive dans cette tranche d’âge des baby-boomers mais malgré quelques entreprises innovantes et précurseurs, les actions concrètes et d’envergure tardent à arriver.

Lors de son mandat, François Hollande a bien tenté via son "contrat de génération" d’encourager l’embauche ou le maintien dans l’emploi de seniors mais ni la subvention de 4000€, ni les exonérations de chargent sociales, ni même les éventuelles pénalités n’ont convaincu les entreprises. Après 2 ans d’existence, seuls 51 800 contrats ont été signés et le dispositif a été supprimé en septembre 2017.

 Des clichés qui ont la vie dure

Balayons rapidement les 2 arguments les plus régulièrement avancés pour ne pas maintenir à son poste ou recruter un senior.

Les seniors sont moins performants – De récentes études (4) ont démontré que la performance au travail était principalement influencée par les conditions de travail –hors tâches physiques. Par ailleurs, l’éventuel déclin des capacités physiques et cognitives est largement compensé par l’expérience acquise lors de la vie professionnelle.

Les seniors sont réfractaires aux changements – Fin des 30 glorieuses et évolution du modèle organisationnel des entreprises, développement de l’informatique et du secteur tertiaire … sont autant de changements majeurs auxquels les seniors d’aujourd’hui ont dû faire face. Les seniors de demain auront quant à eux connus l’émergence du big data, de l’IA ou de l’holacratie. L’adaptation au changement n’est pas une question d’âge mais d’état d’esprit.

Des atouts bénéfiques à la performance des entreprises

Il est pourtant étonnant de constater que déjà en 2008, 85% des entrepreneurs considéraient que les 50 ans et plus présentaient un atout en termes d’expérience et de savoir-faire par rapport aux salariés plus jeunes (1).

Il est vrai qu’il s’agit là de véritables facteurs de performance car permettant

  • Prise de recul pour poser un diagnostic
  • Appréciation du risque au-delà des procédures en place
  • Traitement plus rapide des opérations courantes
  • Compréhension de la culture d’entreprise
  • Développement d’un réseau interne et externe
  • Compréhension des besoins et préoccupations des clients internes ou externes –notion évoquée dans cet article La relation client et l’offre de service : Les planches de salut des banques

L’expérience et le savoir-faire contribuent également indirectement à la performance globale des entreprises par le biais de la diffusion du savoir lorsque les plus expérimentés participent à la formation des plus inexpérimentés. L’association intergénérationnelle étant le terreau à l’émergence de solutions innovantes pour tous types de client.

Il est aujourd’hui temps que les entreprises se saisissent de ce sujet alors que l’INSEE prévoit un vieillissement progressif de la population. En 2050, la population des 20-59 ans aura diminué de 13% alors que celle des 60 ans et plus aura augmenté de 38%.

Vous et moi serons un jour ‘catalogués’ comme seniors. Serons-nous pour autant moins performants et réfractaires aux changements ? L’avenir nous le dira mais je suis optimiste : Louis Pasteur avait 63 ans quand il a découvert le vaccin antirabique et Gustave Eiffel en avait 55 quand il a construit la tour Eiffel !!!

Sylvain Koczorowiez

Les propos et opinions développés dans cet article n'engage que son rédacteur

Sources

(1) – DARES Analyses L’opinion des employeurs sur les seniors & Emploi des seniors - Septembre 2010

(2) - Pôle emploi –Demandeurs d'emploi inscrits à Pôle emploi par Catégorie -Données CVS-CJO – Avril 2018

(3) EUROSTAT - Taux d'emploi par sexe, âge et pays de naissance (%) – Avril 2018

(4) – ANACT - La performance au travail ne s'amoindrit pas forcément avec l'âge. État des connaissances – Juillet 2014




Identifiez-vous pour afficher ou ajouter un commentaire

Plus d’articles de Sylvain Koczorowiez

Autres pages consultées

Explorer les sujets