« La force du vide »
Une chose qui m’a profondément bouleversée lorsque j’ai commencé à me poser des questions existentielles, c’est lorsqu’un homme m’a demandé ce que je faisais dans ma journée. Facile de répondre voire presque fière de dire que je pratiquais du yoga, du reiki, du gi qong (pratiques physiques, énergétiques et méditatives orientales), que je m’occupais de ma famille, de moi, et patati et patata. J’avais l’impression de ne faire que des choses « bien ». Bien pour moi, bien pour les autres, donc rien à dire !
Très serein, il m’a alors simplement dit, qu’il fallait que je supprime la moitié de mes activités.
Rien que ça !
Je sentais immédiatement en moi une forte réaction de négation totale de ce qu’il venait de me suggérer alors que je criais intérieurement que je ne faisais que de bonnes choses pour moi et les autres ! J’avais conscience (ou plutôt devrais-je dire que j’avais une certaine conscience) qu’il fallait s’occuper de soi pour pouvoir s’occuper des autres. Et j’étais très appliquée à bien faire « pour être équilibrée et heureuse ».
En admettant que cette personne ait eu raison, qu’était-il possible de supprimer alors que tout était indispensable à mon équilibre !
Une vieille pensée zen dit « si tu as le temps, médite 20 minutes par jour. Si tu n’as pas le temps, médite 40 minutes ».
Ajouter la méditation aux activités qui étaient déjà trop nombreuses, c’était probablement une idée des plus stupides. Mais je l’ai fait.
En effet, non seulement, cela me rajoutait une activité, mais en plus, des milliers de nouvelles pensées apparaissaient dans mon esprit en commençant par, « de toute façon, comment méditer ? ».
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Le mental va vite prendre sa place en s’agitant et cherchant toutes les excuses et prétextes possibles pour ne pas disparaitre ! Après tout, imaginons que d’un seul coup, notre propre existence soit menacée ! Pour le mental, c’est la même chose. Il doit survivre. La méditation est une menace. Et il va chercher à nous convaincre que perdre du temps à ne « rien faire », c’est tout bonnement stupide et bien évidemment totalement improductif ! Il y a tant d’autres choses à faire avant de ne rien faire !
Ah la productivité ! Nous avons été élevés avec cette conviction qu’il faut être productif, qu’il faut être équilibré, qu’il faut avancer, qu’il faut s’améliorer, qu’il faut, qu’il faut, qu’il faut….
La méditation, c’est la révélation d’un espace où le mental peut se poser. Notre mental, c’est parfois comme l’eau d’une rivière agitée qui dévale les rochers (certes pour certains, c’est plutôt un torrent en crue, pour d’autres, une rivière de montagne, ou un ruisseau dans les bois). La méditation offre un espace à la rivière pour se calmer, laisser les alluvions se déposer au fond du lac, et permettre à la surface claire de refléter enfin les couleurs du ciel et l’éclat du soleil.
En réalité, il se trouve que même le mental apprécie cet espace qui lui est offert pour se poser, s’éclaircir et se recentrer.
Il est évident qu’en premier lieu, méditer, c’est un risque à prendre. Oui, c’est un risque parce que le vide fait peur, l’espace enivre, la perte de contrôle terrorise la personne que nous croyons être et à laquelle nous nous accrochons. En réalité, le vide permet à la vie-même de prendre sa place et de se manifester d’une nouvelle manière.
La vie est bien faite. Elle est intelligente. Bien plus que le plus intelligent des cerveaux. Laissons-lui la place de nous guider, de nous surprendre, de nous transporter et de nous animer. Elle a besoin d’espace pour s’exprimer, elle a besoin de vide pour nous révéler de nouveau.
Cette place, nous pouvons la lui offrir.