La légèreté, grande oubliée de 2020

A l’heure où 2021 arrive à grand pas et où les confinements font presque partie de notre nouveau normal, rappelons-nous que le télétravail en 2020 a eu aussi un impact bénéfique: certains managers ont dû lâcher prise et se sont rendu compte que cette confiance n’empêchait pas la productivité de leur équipe. D’autres se sont révélés, en innovant dans leur mode de travail à coup d’applis numériques et de créativité en ligne.

Bien sûr, cela n’a pas réussi à certains, profondément isolés, qui n’ont maintenant qu’une hâte : revenir au temps d’avant. Cependant, travailler à distance, si les conditions sont réunies, apporte tellement de bénéfices qu’il serait dommage de laisser passer.

Quelle est donc la clé de réussite du télétravail? Peut-être tout simplement se forcer à garder de la légèreté aussi dans nos interactions numériques. Cela peut paraitre contre-intuitif, mais le lien social reste un vecteur nécessaire de notre engagement et de notre collaboration.

Petit best-of de mon programme télé(travail) 2020 en 4 séries sur la légèreté au boulot – testé avec soin par nos équipes.

Plus fun que « Caméra café »

A la fin du premier confinement, nous avons fini chez Microsoft par aller à l’essentiel et ne parler qu’à ceux à qui on doit parler. En septembre, pour éradiquer cet effet de relation transactionnelle, assurer notre cohésion ou exercer notre capacité à relâcher la tension, mon équipe a créé une nouvelle conversation « machine à café du 7e » sur lequel nous échangeons de la bonne humeur, le commentaire ou la blague du jour. J’y relate personnellement mon aventure palpitante à la fourrière de Foch, et aussi ma to-do de la semaine, avec ZERO action, juste pour partager. L’objectif ? S’aérer, rire, se rappeler d’apprécier la personne derrière le collaborateur, et aussi découvrir les sujets qui agitent le top-management et redonner du sens à notre contribution.

Plus facile que « Dessiner c’est gagner »

Face au télétravail, toutes les entreprises n’ont pas les mêmes prédispositions et la même culture. Chez Microsoft, les réunions à distance, le partage d’écran et le fameux OneNote sont la norme. J’ai un grand ami qui a même connecté tout ça pour que les outils dispatchent automatiquement les to-do à chacun, version Guerre des Etoiles. Mais personnellement, taper des notes structurées avant d’avoir modélisé notre plan à 3 ans par un schéma cryptique au Velléda vert avec des flèches de partout et des commentaires en pattes de mouche, c’est impossible.

Du coup, depuis plusieurs mois, j’ai repensé notre manière d’échanger en abusant du stylet : dans Whiteboard ou Klaxoon, dans les PowerPoint, et sur certaines pages de notre One Note d’équipe. En passant au dessin digital et au « gribouilli organisé », on fait retomber le formalisme et surtout on reprend des réflexes plus naturels de créativité, où on ne se bride pas sur le rendu et où on peut parler et construire sur le fond.

Plus créatif que « Qui est qui »

Une connaissance me disait en octobre « nous managers, sommes devenus les nouveaux youtubeurs, et nos collaborateurs sont nos followers. À nous d’animer les visioconf et donner envie, car eux ne nous ont pas choisis ». Le télétravail doit être une opportunité pour repenser, au moins partiellement, le décorum que nous nous imposons sans cesse. D’autant plus que Teams nous offre une palette d’opportunités – on peut se mettre en scène à sa guise, on peut choisir son décor en 30sec chrono. Pour ma part, j’ai opté pour Braveheart lors de notre dernière réunion d’équipe, en présentant les chiffres trimestriels d'un air impassible. Les sondages Polly qui pop-up spontanément dans les réunions sont aussi vecteurs de fous rires « Apprécies-tu ton collègue Xavier ? oui/yes/évidement – réponse non anonyme ». Je me souviens du petit trac sur les premières boutades lancées dans le chat de la réunion de ComEx, ou de mon nouveau fond d’écran Cat’s Eyes : on craint de se lancer mais cela rompt immédiatement le coté froid du télétravail, ce qui permet de créer du lien et d’amorcer les sujets de manière moins conflictuelle.

Plus interactif que « Eurovision »

Être inclusif, c’est tout d’abord comprendre que l’on ne s’exprime pas tous de la même manière et au même rythme.

En comparant les visioconférences que nous faisons chez Microsoft avec celles de mes amis, je me rends compte que chez nous, avec notre biais pour Teams, nous surjouons le coté multi-interactif durant nos réunions. D’abord, nous sommes tous connectés à la réunion et échangeons ensemble, la plupart en caméra allumée, et quelques rares qui se connectent en audio. Et puis, pendant que les principaux interlocuteurs présentent, il y a tout ceux par chat qui commentent la discussion : du plus formel en complétant la présentation par des liens, à l’incorrigible qui ponctue la discussion de GIFs (il se reconnaitra). Il y a aussi ceux qui s’expriment par emojis « pouce levé », « content » et « cœur ». Il y a ceux qui coupent la parole pour poser leur question, et il y a ceux qui attendent sagement leur tour en activant la fonction « main levée ». Enfin, il y a ceux que l’on n’entend pas du tout car ils sont à la bourre en train de modifier leur partie de la présentation en live, et ceux qui ne viendront que sur le sujet qui les intéresse.

Même si plus déstructurée et mouvante, cette façon de multi-interagir dans nos réunions chez Microsoft nous permet d’être actifs à notre manière dans une réunion (« laissez parler Camila, elle a la main levée depuis 15min ! »), et par conséquence de se maintenir engagés.

Conclusion: 100% des gagnants ont tenté leur chance.

L’étude Worked.Reworked montre que les collaborateurs et dirigeants voient de réels avantages à maintenir le travail hybride au-delà de la situation pandémique actuelle. Près de 90% des dirigeants sont prêts à adopter durablement le travail hybride et indiquent que leur entreprise est aussi productive depuis sa mise en place. 

Retrouver l’ambiance de l’open-space et ses collègues tout en se libérant du temps pour sa famille ou encore ses loisirs ne peut être que bénéfique pour tous.

Mais retourner au bureau parce qu’on n’a pas craqué le code du management à distance est une fausse solution à un vrai problème. Maintenant que les outils numériques ont été grandement déployés en 2020, il sera absolument nécessaire en 2021 de former les collaborateurs et managers sur un mode de travail plus responsabilisant et bienveillant, que celui-ci s’exprime en présentiel ou à distance.