La lumière, une monnaie vivante, naturelle et universelle

La lumière, une monnaie vivante, naturelle et universelle

De la nécessité à la liberté

Si vous imaginez un monde dans lequel les hommes ne s’échangent plus de l’or, de l’argent ou du papier mais seulement de la lumière, autrement dit une masse infinitésimale d’unités de compte, alors il est probable que le comportement moral et matériel des personnes sera profondément différent de celui d’un monde où tous les échanges sont matériels et pesants. Je suis persuadé que seule une réflexion sur de nouvelles formes de monnaies adaptées à nos enjeux vitaux permettront d’entreprendre les transformations que nous voulons.

En se plaçant dans une perspective évolutive et pas seulement de développement, il est intéressant de définir le processus économique comme un jeu de transformation permanent de la matière en lumière et de la lumière en matière. Dans cette optique, nous allons donner quelques indices permettant de distinguer ce qui relève du domaine de la lumière et ce qui relève du domaine de la matière. Pour ce faire, nous partirons des quatre catégories de la logique modale – nécessité, possibilité, impossibilité et contingence - et posons que :

-           Ce qui est matériel est de l’ordre du nécessaire.

-           Ce qui est lumineux est de l’ordre du possible.

La révélation de la lumière dans le domaine socio-économique et politique se définit donc comme l’apparition d’une liberté de choix supplémentaire, d’un champ de possibilités nouvelles et donc par extension d’un champ de conscience élargi. A l’inverse, une situation purement matérielle se définit comme une nécessité absolue dans laquelle les capacités de choix et l’étendue des possibilités à notre disposition sont quasiment nuls.

Pour faire une analogie avec le monde de l’entreprise, nous pouvons dire que les dettes à court terme (à moins d’un an) sont de l’ordre d’une nécessité matérielle alors que le free cash flow d’une entreprise coule en elle comme une lumière et déploie un champ de liberté. La lumière est une information qui nous laisse totalement libres dans ce que l’on en fera. Comme on le voit ici la monnaie ne doit pas nécessairement être projetée à une échelle infinitésimale pour devenir lumière… ou matière, car cela tient fondamentalement à sa nature double. La monnaie est à la fois lumière et matière, cause et effet, signe et support, fonds et forme, émission et réception, entrée et sortie, mouvement et immobilité… etc

Lorsqu’un investisseur souhaite déterminer le moment où l’entreprise atteint son point de bascule, c’est-à-dire le moment où le montant des charges d’exploitation (qui permettent de calculer le besoin de trésorerie) est dépassé par le montant des free cash flow (qui permettent de calculer la profitabilité du capital), on peut considérer qu’un tel moment est celui du passage de la matière à la lumière car il est celui où les dettes à court terme (donc la matière) sont transformées en revenus récurrents et cycliques (donc la lumière). Comme on peut le voir, dans les activités économiques les rapports entre la matière et la lumière sont permanents, mais comment s’en étonner quand on situe cela dans une physique générale ?

L'univers et nous

Comme nous l'enseignent les dernières découvertes en astrophysique, il existe un rapport d'équilibre dynamique entre matière et lumière au sens où la matière se transforme en lumière et que la lumière se transforme en matière. Ce qui suggère qu'il n'existe ni gain ni perte en terme d'énergie dans l'univers et que celui-ci produit toute chose à partir d'une valeur d'énergie zéro (très semblable à une comptabilité dont l'équilibre de l'actif et du passif est toujours égal à une valeur algébrique nulle). L'entropie que l'on définit assez sommairement comme un principe de fragmentation, de déstructuration et dégradation de l'énergie et de la matière liée au passage du temps peut être lue différemment quand on la regarde sous l'angle de la lumière : le cours du temps consiste à aller vers plus de morceaux de lumière, vers une prolifération de la présence des particules de lumière dans l'univers.

L’univers a un sens qui n’est pas d’aller vers toujours plus de désordre, comme on l’entend si souvent. Comme l’eau s’écoule toujours de haut en bas le long d’une pente, en suivant un cours qui relève du hasard, l’univers suit une logique révélée par nos puissants télescopes. Les défis planétaires posés à l’humanité prennent un autre sens quand ils sont mis en perspective dans le cours de l’histoire de l’univers c'est à dire de nous-mêmes. Est-il vrai que « l’univers aurait pu ne pas être beau ? », demande le poète François Cheng. La réponse se trouve dans la lumière, à la fois conteuse et actrice de l’histoire de l’univers. Grâce à elle, la matière s’organise depuis le Big Bang, des premiers atomes jusqu’à la vie, en passant par les étoiles et les galaxies. Nous avons tous déjà cassé un verre mais qui, parmi nous, peut se vanter d’avoir vu des morceaux de verre s’assembler pour former un verre ? Cela semble impossible. Pourtant, c’est ce que fait l’univers depuis 13,8 milliards d’années…

C'est en renouvelant la lecture que nous faisons du second principe de la thermodynamique, c'est en observant l'activité souvent invisible de la lumière derrière les phénomènes d'irréversibilité physique que nous serons en mesure de proposer un autre scénario sur l'histoire de l'univers, sur son évolution, et sur ses capacités de transformation. Dans tous les cas, une humanité évoluée est une humanité qui sera capable de fonder son action, non plus seulement sur les lois apparentes et souvent grossières de la matière, mais sur les lois subtiles et non apparentes de la lumière. La compréhension des interactions nombreuses, variées et souvent complexes entre matière et lumière est la clef de ce saut évolutif. La lumière est le lien entre nos conceptions physiques et métaphysiques, mais aussi économiques et sociales. Elle est une toile de fond indissociable de nos existences.

L'interview donnée par l'astrophysicien David Elbaz à ce sujet est d'une clarté sans appel. La lumière est la force cachée du développement de l'univers, c'est à dire de nous-mêmes. Les récentes découvertes de l'astrophysique nous apprennent bien des choses stupéfiantes : la pensée est une information qui se structure grâce à la lumière. La lumière structure la matière comme un sculpteur. 1kg d'être vivant rayonne 200.000 fois plus de lumière que 1kg de soleil. Nous sommes la plus belle ruse de la lumière, la structuration de la matière la plus efficace pour faire de l'entropie. La vie semble un phénomène inéluctable dans l'univers car elle est le principe actif le plus efficace pour produire de la lumière. Les conclusions de l'astrophysique rejoignent les plus hautes inspirations du poète mystique Djalal Ud Din Rumi.... Au final il semblerait que notre univers soit porté à se développer vers toujours plus d'expressivité, de vie, de liberté, d'organisation, de complexité, et... de lumière.

La nature de la monnaie

L’introduction de la lumière dans les échanges humains questionne sur la nature de la monnaie elle-même et annonce probablement des changements fondamentaux. L’idée qui consiste à considérer la monnaie non pas seulement comme une matière mais comme une énergie possède un lien fort avec la volonté de sortir d’un système économique purement matériel pour tenter de poser les bases d’une économie de vie. En effet, l’une des plus grandes perversités du néo-capitalisme est qu’il est censé donner à chaque agent les moyens de vivre et de se développer en paix, mais il est en train de le faire en détruisant le vivant. Dans notre analyse, cela tient à la trop forte proportion de matière dans l’économie, ou pour le dire autrement, à un trop faible niveau de structuration, de complexité et d'expressivité dans notre vie matérielle. Comme si en se coupant de la lumière, l'homme n'évoluait plus. Ou comme si tout dans notre vie dépendait de notre capacité à transformer la lumière en lui donnant toutes les formes matérielles que nous voulons. Ce que seul notre corps sait faire.

Comme le disent les écologistes, la production de marchandises dans son ensemble consiste à transformer de la matière vivante en matière morte. Dans un tel cercle vicieux, la croissance économique matérielle a pour conséquence la destruction programmée de nos écosystèmes. Pour sortir de ce cercle vicieux, il convient de procéder au rééquilibrage de la matière et de la lumière, ou pour le dire autrement de la matière inanimée et de la matière animée. Or la monnaie peut nous aider à ce rééquilibrage dès lors que l’on cesse de la considérer uniquement comme un objet théorique et abstrait issu de la division et de la séparation de soi et du monde, afin de prendre conscience du fait qu’elle peut également s’inscrire dans une expérience perceptive d’ordre sensorielle et participative capable de rendre compte du lien entre soi et le monde. Dans la perspective du monde de la vie – c’est-à-dire de notre mode sensoriel et pré-théorique de présence au monde – la monnaie devient un phénomène qui trouve son sens et sa valeur en tant qu’amplification, intensification, extensibilité d’expériences sensorielles.  

Les théoriciens économiques s’appuyant sur les premières théories de l’ethnologie et sur la fameuse antinomie entre la nature et la culture, ont toujours rejeté l’idée que la monnaie puisse être un objet de nature et ils ont décrété que la monnaie serait un objet culturel pour ne pas dire technique et artificiel dont l’existence repose exclusivement sur les conventions particulières. L’introduction de la lumière détruit ce bel édifice en attribuant pour la première fois à la monnaie une cause naturelle de portée universelle. Même si une telle initiative sera probablement combattue par tous ceux qui veulent depuis toujours évacuer toute dimension naturelle de la vie sociale et humaine, elle n’en demeure pas moins selon nous l’une des pistes les plus prometteuses pour une future réforme de l’instrument monétaire. Reconnaître que la monnaie a de tout temps été une chose naturelle dans sa composition matérielle et énergétique, c’est revenir sur son histoire réelle depuis l’invention des cauris (coquillages marins) qui partout dans le monde ont servi à stocker de la valeur.

Les conventions sociales et juridiques basées sur la notion juridique de propriété apprennent à chaque personne à défendre les valeurs de SA vie, SA famille, SA maison, SON travail, SON entreprise, SON pays. De telles perspective permettent d’organiser et de justifier la concurrence pour l’appropriation des ressources et la rareté qui en résulte, notamment sur le plan de la monnaie réduite à propager un tel système de valeurs. Or si nous prenons ce problème à l’envers pour reconnaître aux supports monétaires une dimension naturelle universelle qui se manifeste particulièrement bien dans le phénomène de la lumière, alors il est fort probable que le système de valeur qui en résultera sera beaucoup plus coopératif et durable, car il ne s’agira plus de défendre SA vie mais LA vie dans son ensemble, il ne s’agira plus de travailler pour SA famille mais pour LA famille humaine dans son ensemble, il ne s’agira plus seulement d’appartenir à SON entreprise ou à SA nation, mais d’entreprendre pour la seule nation qui nous relie tous : LA planète dans son ensemble.

Une perspective inversée

L’économie matérielle se fonde sur une définition de la richesse qui est essentiellement corporelle et substantielle. Dans de telles conditions, 1 million de dollars représente une grande puissance matérielle tandis que 0,0000001 dollars représente une puissance matérielle infinitésimale et ridicule. Dans cette approche ordinale des grandeurs ordinaires, 1 million de dollars est plus grand que 1000 dollars et 1000 dollars est plus grand que 100 dollars. Dans une telle approche, 1 million de dollars est divisible en parties plus petites, si bien que l’on peut dire par exemple que 10000 billets de 100 dollars forment une valeur totale de 1 million de dollars. Cette compréhension des rapports économiques renvoie à un référentiel que nous qualifierons selon les termes suivants : réalité, plein, statique, distance, absence, représentation, séparation, hiérarchique, échelonné, quantitatif, réductionniste et essentiellement métonymique. Toutes ces opérations qui semblent pour beaucoup de personnes la seule et unique réalité se fondent sur le principe mathématique de l’addition inversée qui organise toutes nos données économiques et comptables.

Toutefois cette perception s’avère illusoire au regard des découvertes de la physique quantique et de la physique des particules qui nous enseignent que les atomes qui composent toutes les molécules formant la matière contiennent 0,0000001 % de matière (le noyau et les électrons) et 99,999999% de vide. Ainsi, dans le monde réel que décrit la physique quantique, le vide est rempli d’énergie et d’information. Dans cette perception inversée allant de la réalité au réel, c’est la part matérielle qui représente 0,0000001 dollars tandis que c’est la part énergétique et informationnelle qui représente 1 million de dollars. L'économie infinitésimale qui est une économie de l'information et de l'énergie repose sur l'opération mathématique de la multiplication inversée : les valeurs de l'infiniment grand s'inversent dans les valeurs de l'infiniment petit et vice versa. Le macro est comme le micro, la partie est comme le tout. Il est possible de passer de l'un à l'autre en ne travaillant plus sur des quantités mais directement sur des grandeurs. Dans une telle perception métaphorique, le référentiel devient le suivant : réel, vide, dynamique, proximité, présence, expression, holonique, holarchique, unificateur, qualitatif, scalable, microcosme, macrocosme.

La lumière est le langage de l'énergie. Elle nous invite à étudier l'énergie, non pas comme le font les physiciens, à coup d'impacts, de forces, de collisions d'atomes (Pléroma), mais sous l'angle d'un champ de production de différences et de nuances d'où découlent toutes les valeurs (Creatura). S'intéresser à la lumière en tant qu'être humain revient à s'interroger sur les différentes façons de faire parler l'énergie partout présente dans la nature. C'est comme fonction d'expression de l'énergie que la lumière a été de tout temps associée à la parole, mais pas n'importe quelle parole ! Le Logos est une parole investie par la lumière, une parole capable d'exprimer en la manifestant l'existence mystérieuse de l'énergie universelle. Cette parole a le pouvoir de nous transformer : Rapportant toute chose à la lumière, chaque homme peut devenir enfant de lumière. C'est à cet endroit absolu que commencent toutes les vraies révolutions, car celui qui rencontre la lumière possède la force d'amour suffisante pour unifier l'univers et l'aider à faire retour.

Quand on étudie le langage de cette énergie, une idée intéressante est l’équivalence entre le vide et la lumière qui a été posée et reconnue universellement, tant au niveau scientifique que dans les principales formes de sagesses et de spiritualités. Le vide se définit classiquement comme le domaine des fonctionnalités et de l’utilisation des choses, alors que la matière se définit comme le domaine de la masse et de la propriété des choses. Il est clair que la croissance économique pousse inéluctablement d'un monde "vide" à un monde "plein", alors que la décroissance économique pousse au contraire d'un monde "plein" vers un monde "vide". Le vide renvoie à ce que nous nommons le Réel qui se compose d’énergie et d’information, tandis que la matière renvoie à ce que nous nommons la Réalité spatio-temporelle. Quand apprendrons-nous à travailler consciemment en nous appuyant sur cette relation entre les différentes dimensions constitutives de notre univers ? Il est intéressant à ce titre de rappeler que le mot "Réel" a été créé au XX ème siècle par le psychanalyste Jacques Lacan en inversant le mot allemand "Leer" qui signifie "vide".

Réel et Réalité sont selon nous dans un rapport d’inversion à tous les niveaux, au sens où ce qui est considéré comme pauvreté pour l’un est tenu comme richesse pour l’autre, ce qui est considéré comme négatif pour l’un est tenu comme positif pour l’autre, ce qui est considéré comme une tragédie pour l’un est tenu comme une bénédiction pour l’autre…. Ces champs de valeurs inverses et complémentaires ne doivent pas être clivés mais réunis dans notre expérience d’un monde en devenir dans lequel le Réel épouse la Réalité pour l’aider à se transformer. Cette unité du Réel et de la Réalité, du Potentiel et de son Actualisation, de l'état de Richesse et de l'état de Pauvreté, est vécue subjectivement comme un flow, c’est-à-dire un état de fluidité absolue dans notre rapport au monde qui s’apparente à un état de grâce et d'illumination. Une telle expérience est intimement liée à notre état de conscience, source de toute énergie, de toute information et de toute matière, conscience qui est elle-même intimement liée au niveau de compréhension de l'univers où nous vivons.

Réflexivité monétaire

La lumière est-elle le chaînon manquant entre l’esprit et la matière ?

Ou plus exactement, la lumière et le vide sont-ils constitutifs d’un espace « incréé » entre la matière et l’esprit ?

De nombreux philosophes étudiant le « problème corps-esprit » semblent commencer par la présomption que l'existence peut être divisée en « esprit » et « matière », et que cette division est globale. Les problèmes traditionnels en découlent. La philosophie et la science, la technologie et l’économie occidentale sont construites sur ce présupposé de la division du corps et de l’esprit qui est celle de la vision mécanique héritée de l’approche cartésienne.

Mais qu'en est-il de la lumière ? Curieusement la plupart d’entre nous disons « c’est clair ! » quand nous sommes certains d’une chose, ou encore « je vois ! » pour dire « je comprends ! » ? Derrière ces expressions familières se cachent les vestiges d’une antique conception de la vérité, qui a permis pendant des siècles à la philosophie d’associer la lumière à l’idée du vrai et du bien. Mais au-delà de ces conceptions métaphysiques de la lumière, existe-t-il des débats spécifiques en philosophie de l'esprit concernant la lumière et la conscience - par exemple, si elles sont identiques ou différentes, si elles sont liées les unes aux autres et, si oui, quelle est la nature de cette relation ? De façon générale, la lumière surgit-elle dans ces débats philosophiques de façon pratique, concrète et factuelle ?

La première réponse qui vient est « non » : les philosophes qui discutent du problème corps-esprit ne parlent presque jamais de la lumière comme d'un phénomène qui nécessite une attention particulière. La lumière n’est donc pas vraiment un sujet philosophique contrairement au corps et à l’esprit. Essentiellement, s'inspirant de la physique quantique, ils considèrent la lumière comme physique car elle est constituée de photons, qui sont des « particules » ou des entités explorées et expérimentées en physique. Ainsi, de ce point de vue, la relation entre la lumière et la conscience est exactement la même que la relation entre la matière (ou toute autre entité physique) et la conscience.

Cependant, philosophiquement et même scientifiquement, la question de la lumière demanderait beaucoup plus d'attention.

Nous savons par la physique que la lumière (sous forme de photons - qui sont des quanta d'action) est très différente des autres particules explorées en physique. Les photons n'ont aucune charge (c'est également le cas, par exemple, des neutrinos). Et, parce qu'ils voyagent à la vitesse de la lumière, ils transcendent le temps (à la vitesse de la lumière, le temps s'arrête). Et parce qu'un photon ne consomme pas d'énergie lorsqu'il voyage dans l'espace, cela revient à dire que les photons transcendent également l'espace.

Nous avons donc ici une entité « physique » qui n'a pas de charge (et n'interagit donc pas avec des particules chargées), et transcende le temps et l'espace. En d'autres termes, un photon de lumière est un système clos et proche de la description de quelque chose de non physique (par exemple, un esprit ou une conscience). En fait, cette idée est l'idée centrale qui sous-tend le travail cosmologique du mathématicien Arthur Young (voir L'univers réflexif). Young affirme que le photon, en tant que quantum d'action, est un quantum d'action intentionnelle. C'est-à-dire que le photon est la source à la fois de la matière ou de l'énergie manifeste ("action") et de l'esprit ou de la conscience manifeste ("but"). Dans son état non manifesté, dit Young, le photon est précisément la « Lumière divine », potentiel non actualisé dont les mystiques ont très souvent parlé à travers les âges. Il identifie le photon comme esprit ainsi :

Formule de la « Conscience -Energie » :

« quantum = photon = lumière = esprit = acte »

La conscience sensible nous rend réceptifs à l’énergie. Et l’énergie est une perception intérieure, psychique, potentialisée de la matière physique. C’est, pourrait-on dire, de la matière en train de se transformer sous l’effet de la volonté ou du désir de celui qui la regarde. Le « quantum d'action intentionnelle » de Young est une autre façon de décrire ce que le courant panpsychique appelle dans des termes plus subjectifs « l'énergie ressentie ». Tout comme l’intention (conscience) ne peut pas être séparée de l'action (l'énergie), la relation (énergie) est intrinsèque à la sensation cognitive (conscience). Ils vont toujours ensemble.

La relation ou la sensibilité (conscience ou esprit) est la capacité intrinsèque de la matière-énergie à se ressentir, à se connaître et à se représenter elle-même. La conscience (en tant que but) crée l'intentionnalité (la conscience est toujours conscience de quelque chose) et cela se manifeste par l'action transformatrice (énergie). En soi, l'intention ou le but (la conscience) génère l’action ou l’énergie qui lui correspond. Il en découle un rapport à la matière marqué par la plasticité, que l'on peut définir comme un processus de transformation semi-intérieur et semi-extérieur qui relie les formes et les qualités de la matière au contenu de la conscience humaine qui les regarde et les transforme par cette action.

Ce qui est si remarquable à propos de la lumière, c'est qu'elle comprend à la fois l'intention (conscience) et l'action (énergie) regroupées dans un petit paquet indivisible - le quantum d'action. La lumière constitue une unité de valeur d’action complète : une conscience-énergie de transformation.

Par conséquent, une façon de « résoudre » le problème corps-esprit est de méditer sur la lumière intérieure et d'expérimenter dans nos vies quotidiennes comment la conscience et l'énergie sont intimement liées. Bien sûr, lorsque nous le faisons, le problème corps-esprit s'évapore parce que nous ne sommes plus préoccupés par les distinctions conceptuelles et que nous sommes engagés dans l'expérience réelle de notre propre nature spirituelle naturelle incarnée. Sachant que la monnaie est un symbole du lien corps-esprit humain, penser la monnaie comme une unité de lumière peut nous aider dans la matérialisation de nos idées et dans l’idéalisation de nos matières. Il y a ici une convergence d’idées et de concepts qui est propice à nous fournir des valeurs pour l'action.

The Réflexive Universe de Young est difficile à trouver. Mais c'est un livre visionnaire qui mérite d'être cherché pour accéder à la conscience de la lumière.

La valeur feu

Selon le philosophe Héraclite, le feu est la raison de toute chose. Il s’agit littéralement d’introduire de la lumière dans toutes nos productions, nos échanges, nos consommations et nos transformations en considérant que chaque produit et chaque service de l’économie possède une valeur matérielle et une valeur lumineuse. En effet, chaque chose peut en s’illuminant, c’est-à-dire en revenant à sa nature matérielle originelle, retrouver sa valeur lumineuse (ou valeur-feu). Inversement, le feu s’éteignant (ou la lumière disparaissant) évolue vers une forme matérielle (qui selon Héraclite prendra successivement l’aspect de l’eau, de la terre et de l’air). A travers tous les échanges cosmiques, le feu change de forme mais toujours se conserve, ce qui atteste de sa nature d’énergie : rien ne se perd, rien ne se gagne, tout se transforme. C'est à cette règle fondamentale qu'il convient d'accorder nos actions.

Certains produits et services valent plus que d’autres. A quoi tient la valeur-or, la valeur d’échange des marchandises et des services ? De même, pourquoi certaines choses ont plus de valeur-feu que les autres ? Qu’est-ce qui fait la valeur de la lumière ? D’après Héraclite, le feu est ce qu’il y a de plus incorporel, et il est en « perpétuel écoulement ». Si le feu est ce qu’il y a de plus incorporel, au point qu’il n’est même plus nécessaire de distinguer entre la lumière du soleil et la lumière de l’esprit (car entre eux la différence n’est pas de nature mais de degré), il est encore corporel. Toutefois il convient de retenir qu’il est le corps qui ressemble le moins à un corps, car il est celui qui a le moins l’atonie des corps : il est pure mobilité. Dès lors, tous les composants de la matière (qu’Héraclite nomme air, eau et terre) auront une valeur-feu d’autant plus grande qu’ils auront en eux plus de mouvement. Ce qui fait la valeur d’échange d’une chose, c’est donc sa quantité de mouvement. De cette manière Héraclite pose les bases d’une économie temporelle du changement et du devenir.

Dans la philosophie d’Héraclite, la lumière est une valeur absolue, un référent aussi important qu’il peut l’être en physique dans la théorie de la relativité restreinte d’Einstein. Voilà pourquoi Héraclite affirme que « toutes choses sont échangées contre le feu ». On peut donc affirmer que dans une économie de l’énergie, la lumière joue le même rôle de substitut et d’équivalent universel que l’or dans une économie de la matière. En effet, dans la vision du cycle cosmique, le feu et le non-feu deviennent chacun, l’autre : le feu (la lumière) produit le non-feu (la matière) et le non-feu (la matière) produit le feu (la lumière). Cela signifie-t-il que pour Héraclite, il existe une quantité déterminée et mesurable de matière et de lumière (ou d’énergie) dans l’univers ? Très probablement. Mais ce qu’il importe de retenir ici c’est que contrairement à la mesure de l’équivalence matérielle qui se fonde sur le poids, la densité ou le volume des matériaux, l’équivalence en lumière n’a aucun rapport avec le poids, la densité ou le volume des choses que l’on échange. En effet, la lumière ne s’échange que contre ce qui la vaut, or la seule chose qui peut être considérée comme équivalente à une lumière, c’est une autre lumière. Le champ lumineux de vision dont dispose chacun des agents du système économique est représentable comme un faisceaux de vecteurs en interaction. Finie l'asymétrie d’information.

« Ce monde, le même pour tous, n'a été créé par aucun dieu ni par aucun homme. Mais il était toujours, il est, il sera, feu toujours vivant, s'allumant avec mesure et s'éteignant avec mesure ». Le feu Héraclitéen n'est pas juste l'un des quatre éléments de la nature que l'on pourrait trouver dans une classification de la physique, mais il est une matière vivante, une énergie en perpétuelle transformation, et aussi un Logos universel. Ce feu vivant est désigné comme le logos universel, la raison commune à tous dont l'harmonie est le résultat des tensions et des oppositions qui constituent la réalité. Ne peut-on pas considérer que ce Feu Universel possède la même nature que l'Esprit Divin lui-même ? Il n'est pas anodin de relever à ce sujet que le mot Feu Universel se traduit en grec par "Kath'holon" dont la parenté avec les chrétiens "Catholiques" ne fait aucun doute. Ainsi, le système de valeur feu d’Héraclite apparait dès l'origine comme une infusion de l'Esprit de la Vie qui semble anticiper avec deux mille ans d’avance cette célèbre réflexion du philosophe Bachelard dans Etudes: « Ce n'est plus la matière qui doit fournir la première leçon. C'est le rayonnement. C'est la lumière. L'échec du matérialisme spatial est complet. Il ne faut plus expliquer la lumière par la matière. Il faut expliquer la matière par la lumière, la substance par la vibration ». La lumière constitue une éternelle unité de monnaie solaire.

Lux et Lumen

Fiat Lux ! Au commencement était la Lumière (et le Verbe). La Table d’Emeraude que l’on attribue tantôt à Apollonios de Tyane, tantôt à Hermès Trismégiste, référence absolue pendant des siècles pour les alchimistes, résume le problème : “ La première chose qui parut fut la lumière de la parole de Dieu. Elle donna naissance à l’action, l’action au mouvement et celui-ci à la chaleur. ” Il y a donc continuité au départ entre le spirituel et le matériel, dans notre culture, comme dans les autres, puisqu’on retrouve celle-ci en Chine, en Inde et dans l’Islam. Le lien entre l'esprit et la matière est l'énergie que l'on appelle la lumière. Comme on peut le voir ici également, la production de chaleur (donc d'entropie) arrive en fin de chaîne, ce qui nous fournit une description valable autant spirituellement que scientifiquement. En revenant aux fondamentaux, nous pourrons peut-être enrayer la dissociation progressive entre les deux ordres de connaissances objective et subjective.

L'unité du Logos et de la Lumière est une affirmation constante des sagesses et des religions qui ne connaît aucune exception et que l'on retrouve partout dans le monde. Retrouver cette lumière du Verbe, ou ce Verbe de lumière, c'est accéder à la réparation et à la régénération de l'énergie qui permet de lutter contre toutes les formes de dégradation et d'entropie. Nous pouvons donc concevoir des unités de compte monétaires sous la forme de pures unités de lumière bienfaisante pour l'humanité. Contrairement aux apparences, il ne s'agit pas d'une pratique seulement spirituelle mais qui possède des effets physiques observables, pour peu qu'on veuille bien y prêter attention. Il s'agit de mêler des considérations provenant du sacré et des considérations provenant d'une démarche scientifique puisque le crédit (credere) est à la fois une forme de croyance spirituelle, de confiance morale et de créance matérielle. Ainsi, à la question "de quoi la monnaie est-elle constituée ultimement ? ", répondre en désignant la lumière sera une approche psycho-physique pertinente. Mais quelle lumière ?

Depuis l'époque gréco-romaine, il existe deux termes pour désigner la lumière : lux qui est la lumière divine, et par conséquent la lumière intérieure, lumière de l'esprit ou lumière psychique (selon les termes de Jacques Perriault), d'origine surnaturelle, et lumen qui est la lumière physique produite par le soleil et les étoiles (les luminaires célestes), donc la lumière naturelle qui servira d'objet d'étude pour les scientifiques, notamment dans les discussions sur la nature corpusculaire ou ondulatoire de lumine qui ont duré plusieurs siècles. Tenter de séparer ces deux lumières comme le font les rationalistes et les incrédules, ou vouloir n'accorder d'importance qu'à la lumière physique comme le font les scientifiques, c'est assurément se condamner à vivre dans l'extériorité des choses, et c'est couper en deux le processus qui part de la lumière intérieure pour féconder un verbe créateur qui lui-même est une source d'action et de mouvement dans le monde. Finalement la séparation du religieux et du scientifique empêche de voir l'unité du psychique et du physique, la progressivité du phénomène de condensation qui part des énergies les plus subtiles et aboutit à la matière.

La conséquence de cette attitude, c'est l'opposition du logos et du nomos qui caractérise le monde actuel, c'est la lutte fratricide entre l'éco-nomie et l'éco-logie qui ravage notre monde et l'empêche de trouver des valeurs de développement durable. La scission entre les sciences du vivant (et donc du spirituel) et les sciences de l'inerte (et donc de la matière) est comparable à la séparation du corps et de l'esprit qui crucifie l'Occident cartésien et mécaniste. Le défi pour sortir de cette impasse, c'est un changement complet de paradigme qui soit capable de réunifier des domaines et des capacités qui ont été malheureusement séparés. Comme l’écrivent Ilya Prigogine et Isabelle Stengers, « Le savoir scientifique, tiré des songes d’une révélation inspirée, peut se découvrir aujourd’hui en même temps écoute poétique de la nature et processus spirituel dans la nature, processus ouvert de production et d’invention, dans un monde ouvert, productif et inventif. Le temps est venu de nouvelles alliances, depuis toujours nouées, longtemps méconnues, entre l’histoire des hommes, de leurs sociétés, de leurs savoirs, et l’aventure exploratrice de la nature ».

Ne point séparer

Dans l'histoire humaine, il n'y a pas que les scientifiques qui ont séparé le monde intérieur et le monde extérieur de l'homme. Les religions du Livre n'ont cessé elles aussi de le faire pendant deux mille ans. On peut même dire qu'une telle attitude se retrouve dans toutes les religions de la terre, occidentale comme orientale/ Or la position prise par l'ensemble des religions depuis des siècles est devenue non seulement intenable mais contraire au progrès humain. Les croyants du monde entier ont sans doute été impressionnés par le principe de l'infaillibilité de la parole divine (comme Rousseau à son époque qui estimait que la loi est nécessairement parfaite), mais le vécu du logos sous le seul mode de la prescription divine les a sans doute fait passer à côté de ce qui constitue l'essence même du Logos, à savoir un principe de renouvellement permanent du langage qui est le gage de l'évolution humaine.

La parole de Jésus "Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu" a opéré une division majeure entre ce qui relève du Logos (globalement la loi divine) et ce qui relève du Nomos (la loi humaine). Elle a opéré la séparation du spirituel et du temporel. Du Royaume de Dieu et du Royaume des hommes. Du monde intérieur et du monde extérieur. Et si l'on regarde derrière ces grands principes ce qui s'est réellement passé, cette fois, non pas du côté du Logos mais du côté de l'Ethos, autrement dit du côté du pôle du comportement humain qui résulte d'une telle séparation, le résultat ne fut pas seulement médiocre, mais il fut terrible. Car la condamnation de la monnaie (comme impure, indigne) a eu un effet miroir à la fois sur la production du monde matériel (elle a donné naissance au capitalisme destructeur des systèmes écologiques et sociaux), mais également sur le plan du comportement où il semble que la monnaie ait hérité de tous les vices de la terre.

A l'époque des religions du Livre, la monnaie n'était perçue que comme un métal. Ce métal a très tôt été assimilé à l'argent, au cuivre, au bronze et surtout à l'or. Le comportement des religions vis à vis des monnaies métalliques est d'une ambiguïté totale. L'argent est considéré comme impur, il ne peut rentrer dans le temple, il est le fruit du péché à tel point que l'occident médiéval réservera pendant des siècles les métiers d'argent aux juifs. A contrario, l'or est considéré comme pur (alors qu'il sert lui aussi de monnaie), il est le métal divin que l'on retrouve dans toutes les églises, notamment les églises byzantines qui en sont recouvertes. Dans l'église catholique, la soif de l'or est immense. Le retable de l'église de Séville est une pièce gigantesque en or massif provenant de l'or volé aux Incas par les conquérants du nouveau monde. Le Vatican qui admoneste des indulgences en échange de pièces de monnaie et qui demande aux croyants de faire voeu de pauvreté possède des tonnes d'or dans ses caves immenses. Un tel comportement est visible également dans le bouddhisme et l'hindouisme où l'on enterre des tonnes de pierres précieuses dans le sous sol des temples tout en laissant la population crever de faim autour des temples.

Sur le plan moral (Ethos), l'argent a été associé à l'égoïsme, à la convoitise, à l'avarice, au mensonge, à la méchanceté, à la démesure et à la culpabilité. Comment s'étonner si l'on retrouve ces vices comme par effet miroir dans le fonctionnement moral du capitalisme ? Pour ceux qui ne comprendraient pas pourquoi il en est ainsi, nous proposons un modèle de la conscience : disons par exemple que la conscience est cet organe d'intelligence en chaque homme qui relie l'information, l'énergie et la matière. La conscience est ce qui produit toute forme de réalité comme un état transitoire et structuré d'information, d'énergie et de matière. Il en résulte logiquement que la monnaie est une production de la conscience et qu'elle est elle-même un état transitoire et structuré d'information, d'énergie et de matière. Prétendre comme l'ont fait les religions pendant deux mille ans que la monnaie n'est que matérielle (et métallique), c'est assurément disposer d'une conscience monétaire extrêmement faible qui refoule les deux autres pôles constitutifs de la réalité. Au travers de l'information, de l'énergie et de la matière, nous reconnaissons les figures de l'éthos (information, partie la plus intérieure à l'homme), du logos (énergie que relie l'intérieur et l'extérieur par la parole créatrice) et du nomos (partie matérialisée qui est la plus extérieure à l'homme).

Aurum, Aureola

Le mot aurum (« or, objet fait en or, monnaie d'or, richesse, couleur de l'or ») provient de l’indo-européen commun au-es (« briller ») qui donne aussi, pour le latin aurora (« aurore »), autralis (« austral »), aureola (« auréole ») et peut-être aussi uro (« briller »). Pourtant la différence est grande entre les termes : en effet si tout ce qui brille n'est pas de l'or comme le sait le dicton populaire, on peut dire également que tout ce qui est métallique ne rend pas nécessairement brillant... Ne point confondre l'or et l'auréole, leçon des temps historiques. Car si la monnaie fut frappée dans le temple de Junon à l'époque des Romains, l'arrivée de la religion chrétienne aura pour conséquence d'expulser les marchands et leurs menues monnaies du temple. Beaucoup y voient, peut-être à juste titre, une répétition du principe de séparation des affaires temporelles et spirituelles. Toutefois la monnaie n'est pas absente de l'Evangile, et elle est utilisée à bien des reprises, sous une forme métaphorique et pas métonymique, pour délivrer des enseignements spirituels et vivifiants particulièrement profonds, comme on le voit par exemple dans la remarquable Parabole des Talents.

Le sens qu'il conviendrait de donner à tous ces enchaînements est particulièrement difficile à trouver et les reliques ont la peau dure. Alors que j'interrogeais un ami codeur à ce sujet, celui-ci me répondit que la Bible nous dit quelle est la (bonne) monnaie que Dieu a mis sur terre afin que les êtres humains puissent entrer en relation de commerce et échanger. Mais selon lui les humains sont possédés par le diable, ils n'en font qu'à leur tête et essayent à travers les Banques et les Etats de créer une autre monnaie. Selon lui, les êtres humains retrouveront le chemin de la paix, de la prospérité et de la civilisation quand ils se mettront à relire la Bible qui leur indique quelle monnaie utiliser. Or cette monnaie qui va nous aider à reconstruire la terre et permettre à l'humanité de sortir du péché et de la corruption, lui seul et un petit groupe d'initiés la connaissent.... Mais exceptionnellement, il va me la dévoiler car figurez vous qu'elle est visible et achetable sur un site internet, le bon site bien sûr !

Et là que voit-on ? Des gens qui croient que la bonne monnaie c'est de l'argent... et que l'argent ce sont des lingots d'argent avec l'effigie de Jésus ! Je trouve que cette croyance mono-mystique et mono-sémantique dans les vertus argentiques de la monnaie a quelque chose de tout à fait extraordinaire. Et là comme si cela n'était pas suffisant, il y a le commentaire du site : "L'attaque la plus historique de l'histoire contre l'élite bancaire a eu lieu lorsque Jésus-Christ a vidé le temple. C'est également la seule fois où le Prince de la paix s'est mis en colère, alors que les changeurs profitaient des pauvres et des fidèles. Jésus a cherché à chasser les changeurs magouilleurs du temple de son Père. Cet acte puissant a inspiré de nombreuses générations plus tard à chasser les changeurs de notre temps et de notre époque. La frappe de 10 onces de lingots d'argent du Bouclier d'argent Jésus dégageant le Temple est un moyen abordable et puissant d'empiler le métal que les changeurs de monnaie de notre époque craignent le plus. L'avers est sculpté par Heidi Wastweet et montre Jésus chassant les changeurs de monnaie du temple à coups de fouet. Le revers est un bouclier d'argent unique qui met en évidence la solution consistant à concentrer notre énergie sur des choses que nous pouvons contrôler, comme de vrais amis, de vraies compétences et une vraie richesse tangible, comme l'argent". Amen.

Cette croyance dans la monnaie métallique est une croyance dans un modèle de monnaie terrestre et matérielle que l'on symbolise par un terme : le Nomos. En grec, le nomos, avant de signifier la loi, signifiait ce qui pèse. Comme le « pèze », en argot, pour dire l’argent. Entre le nomos et le numisma, entre l’argent et la loi, entre le nom et le nombre, le rapport est celui d’une valeur substantielle, d’une qualité pondérale. Ainsi dans l’ancien hébreux, le shékel, nom de la monnaie, signifie l’acte de peser. Même aujourd’hui, à l’époque du « tout numérique », ne dit-on pas qu’un homme d’affaires pèse tant de milliards ? Ce n’est pas toujours le réduire à son chiffre d’affaires, c’est pointer son pouvoir inscriptif dans la langue des chiffres…. qui comptent. On trouve là toute la croyance dans la valeur substantielle de la monnaie ramenée à ses qualités minérales en or et en argent. Monnaie pleine, monnaie fiduciaire, puis monnaie vide, monnaie scripturale représentative des états des créances et des dettes des agents ne forment en réalité qu'une seule famille. Depuis l'époque du Veau d'or, que Moïse condamna comme croyance contraire au Verbe de Dieu, l'humanité n'a cessé de s'enticher de vieilles reliques auxquelles elle donne le rôle de gardiennes des valeurs. 

Logos spermatikos

Si toutefois on veut vraiment revenir à la Source des Religions du Livre, il y aurait la place pour une autre monnaie, de nature totalement immatérielle cette fois, qui trouverait sa raison d'être non plus de le Nomos terrestre mais dans le Logos céleste. Que la bataille entre Nomos et Logos soit historique, autrement dit que l'humanité éprouve d'immenses difficultés à s'arracher à la pesanteur de la vie terrestre et aux conditions matérielles d'existence qui contaminent son mode de pensée et de croyance, nous en avons la preuve à chaque instant. Que cette bataille soit perdue, nous ne le pensons absolument pas, bien qu'elle soit rude et parsemée d'embuches et de difficultés de toutes sortes. Que le mouvement de conscientisation spirituelle et énergétique de la monnaie consiste à enraciner celle-ci dans le Logos et non plus dans le Nomos est une vérité à laquelle nous souscrivons de toutes nos forces. Et c'est pourrait-t-on dire dans cette foi basée sur la parole prophétique des textes sacrés que se constitue l'idée centrale de cet article délivré de façon libre et gratuite.

Le "Logos" est en quelque sorte un concept dual du "Nomos": la parole contre la loi, le lien contre la division, l'esprit contre la lettre. Ce couple dual Nomos / Logos peut nous aider à comprendre certains aspects de la politique de puissance contemporaine. En un mot, il y a une géopolitique du "Nomos" et une géopolitique, antagoniste, du "Logos". L’idée que la fin de l’ordre mondial bipolaire, issu de la deuxième guerre mondiale, est porteur de nouvelles instabilités, créées et entretenues par des forces opérant à partir de zones hors contrôle ("rogue states") correspond à la crainte que le "Nomos" ancien, bipolaire, donne naissance à un "Nomos" nouveau, sans frontières géographiques précises, mais porteur de murs idéologiques et religieux. La nouvelle instabilité mondiale résulterait alors d’une tension entre le Nomos (l'ordre normatif, doctrinaire, impératif) des uns et le Nomos des autres. Voici ce qu’on veut nous faire croire. Ou plutôt voilà l'état du monde dans lequel on voudrait nous faire rester comme l'atteste le retour de la politique de confrontation de blocs.

Plutôt que d’enchérir à cette escalade idéologique, nous suggérons de considérer la situation comme le symptôme d’une évolution non du "Nomos", mais bien du "Logos" planétaire, dans son rapport conflictuel au Nomos. Car ce qui nous relie est plus fort que ce qui nous sépare et nous oppose. L'explication est simple. Prendre, occuper, s’approprier, exploiter, ont toujours été des moments de l’instauration d’un ordre – en l’occurrence, de l’ordonnance globale du monde. Citons Schmitt dans son Nomos de la Terre: " L’acte inaugural de toute grande époque est une appropriation territoriale d’envergure. Tout changement important de la face du monde est inséparable d’une transformation politique, donc d’une nouvelle répartition de la terre, d’une appropriation territoriale nouvelle". Les Etats-Unis et l’URSS, entre 1950 et 1990, avaient produit un ordre bipolaire, issu du "Nomos" de Yalta. Le "Nomos" précédent était fondé sur la géopolitique de la mer et de la terre, ou des métropoles et des colonies, et prit fin en 1918. Entre 1918 et 1939, pas de "Nomos" clair. Depuis la disparition de l’Union Soviétique, il n’y a pas non plus de "Nomos" reconnu. Conséquence immédiate : la guerre s’installe aux marches de l’ancien "Nomos" (Golfe, Moyen-Orient, ex-Yougoslavie, et L'Ukraine avec la réapparition peu surprenante de la guerre froide).

Là où un ancien "Nomos" se dissout, il faut qu’un nouveau "logos" crée de nouveaux "liens", une nouvelle "logique", une nouvelle idéo-"logie". La "religion" peut jouer un temps ce rôle de "logos". Mais dans ce rôle, elle n’est pas religieuse par son contenu idéologique objectif. Elle est religieuse surtout en tant qu’elle crée du "lien", et qu’elle permet ainsi de tester les conditions d’un nouveau "Nomos". Les soubresauts actuels ne sont donc pas religieux en tant que tels. Ils sont "logiques". Il existe un rapport entre le logos et la crise que nous vivons. Le catholicisme et le protestantisme ont pu être au moment du schisme de la Réforme des éléments clé du "Nomos" occidental d’alors. Aujourd’hui nous sommes à la recherche d’un nouveau "Nomos". Il n’est pas certain du tout que ce "Nomos" soit désormais basé sur la géographie et le territoire. La puissance du virtuel et de la mise en réseaux mondialisée est telle, que le nouveau "Nomos" de la Terre sera basé sur le contrôle des espaces symboliques (les médias, les marchés, les idées), non sur les espaces territoriaux, devenus enclos, ou réserves, ou ghettos. Mais là il y a un hic: les médias, les marchés, les idées relèvent du "Logos", non du "Nomos". Ils ont besoin de liaisons, non d’exclusions. Comment fonder un "Nomos" qui ne soit pas fondé sur l’exclusion ? Le "Logos" contre le "Nomos", voilà en fait le match du siècle. Tel est le défi de notre planète au XXI ème siècle. Tous ceux qui ont un intérêt stratégique au maintien des privilèges de l’ancien "Nomos" feront tout, évidemment, pour retarder l’avènement du nouveau "Logos".

Numinologie

Numinologie ou parole de la monnaie ne devrait pas être confondue avec numérologie ou croyance fondée sur l'attribution de propriétés à des nombres. Il y a là une science nouvelle qui se fonde sur des années d'observation... des rapports entre les phonèmes du langage et les phénomènes monétaires. Car parler de numinologie, c'est faire d'emblée un choix métaphysique : celui du primat du son sur l'image. Nous savons aujourd'hui que cette position est minoritaire puisque l'ensemble de notre civilisation a fait un choix inverse en considérant que les sons produisent des images... Cette position de fidélité au Verbe était pourtant celle des prophètes chrétiens et celle du philosophe Héraclite quand il écrivit : « Ce Verbe, qui est vrai, est toujours incompris des hommes, soit avant qu’ils ne l’entendent, soit alors qu’ils l’entendent pour la première fois. Quoique toutes choses se fassent suivant ce verbe, ils ne semblent avoir aucune expérience de paroles et de faits tels que je les expose, distinguant leur nature et disant comme ils sont. Mais les autres hommes ne s’aperçoivent pas plus de ce qu’ils font étant éveillés, qu’ils ne se souviennent de ce qu’ils ont fait en dormant. ». Si l'esprit humain est en sommeil, c'est bien parce qu'il s'est éloigné du Logos, c'est à dire de la parole vivante, au profit de la loi écrite, de la norme et des images.

Il est assez paradoxal de constater que toutes les religions monothéistes sont basées sur des livres sacrés qui ne sont que des transcriptions de discours. Comme si la parole transmise de suffisait plus, comme si par peur de perdre la mémoire, les hommes s'étaient sentis obligés de figer ces paroles de vie dans des textes. Mais si la parole de vie de Jésus, de Mahomet, et de Bouddha, c'était la parole de vie elle-même, celle que tout homme est en capacité de prononcer, si seulement il s'intéressait à l'oralité qui s'attache à tout phénomène du vivant ? Du point de vue de la littérature orale, il est affligeant de voir comment la plupart des religions se sont transformées en prescriptions juridiques, trahissant le message premier de leur créateur au profit d'une parole figée et normative. Comme si les églises et les religions glissaient irrésistiblement de la foi au savoir, de l'amour au devoir. Est-on encore dans la religion (qui relie) quand chaque jour des hommes se font la guerre afin d'imposer aux autres des prescriptions toutes normatives ? Se défaire de l’emprise de l’institué au détriment de la situation vivante, du responsable au détriment de la réponse, du représentant au détriment de la présence, du poste de travail au détriment du savoir-faire, de la lutte pour la vie au détriment du savoir-vivre et de la joie, voilà le vrai défi de notre temps et de tous les instants !

A travers les conflits incessants entre le Nomos et le Logos, il y a selon nous deux conceptions fondamentales de la monnaie qui sont en jeu : 

- Le complexe information / matière ou mentalisation / matérialisation qui répond au besoin et se fonde sur le travail. Le principe de manifestation de cette monnaie est l'écriture. Cette forme monétaire repose sur le Nomos et elle répond à un besoin prééminent de possession.

- Le complexe psycho / physique ou conscientiser / physicaliser qui répond au désir et se fonde sur la création. Le principe de manifestation de cette monnaie est la parole. Cette forme monétaire repose sur le Logos et elle répond à un besoin prééminent d'expression.

On pourrait qualifier la monnaie issue du Nomos de monnaie des ténèbres matérielles tandis que l'on pourrait qualifier la monnaie issue du Logos de monnaie de la lumière spirituelle. La première est la monnaie du monde et de la société alors que la seconde est la monnaie de la nature et de l'univers. Concernant la monnaie du Logos, il est intéressant de voir que celle-ci est profondément reliée à un terme qui a joué un rôle de première importance tant dans la philosophie présocratique que dans la philosophie aristotélicienne : la phusis. Il est intéressant de rappeler que la physique vient de "phusis" qui signifie augmenter, processus, et désigne également la nature. Pour les Philosophes présocratiques, le concept originaire de phusis désigne, tout ce qui est et advient, la nature, mais non pas au sens moderne, ni même l'ensemble des choses physiques, mais élargie à la dimension la plus large possible : la totalité de ce qui est ou se produit (les événements ou processus), considéré à la fois dans son être et dans son changement ou mouvement. Un équivalent moderne pourrait être « la totalité des phénomènes ». Voilà pourquoi la monnaie de Logos est une monnaie phénoménologique, qui se manifeste à travers l'activité du Verbe et son incarnation.

Res Publica

L'opposition entre la monnaie de lumière et la monnaie des ténèbres est aujourd'hui remise à l'honneur avec l'opposition entre la monnaie publique et la monnaie privée. Un bien privé est un bien exclusif et rival. Un bien public est un bien non exclusif et non rival. Avec la disruption apportée par la technologie de la blockchain, les hommes se sont aperçus qu'il est possible de réaliser des transactions sans recourir à un tiers de confiance. Cette découverte marque l'avènement de la blockchain publique, et avec elle l'idée profondément nouvelle que la monnaie pourrait devenir un jour une chose publique. Cette idée est révolutionnaire dans la mesure où la monnaie a depuis toujours été considérée comme un bien privé, c'est à dire un bien exclusif et rival. Même aujourd'hui, la quasi-totalité de agents économiques est convaincue que la nature de la monnaie est celle d'un bien privé. Face à la blockchain, deux camps se disputent deux conceptions de la privacy : les institutions qui soutiennent que la monnaie doit rester dans la privacy politique de l'Etat régalien et des systèmes centralisés, et les corporations qui soutiennent que la monnaie doit passer dans la privacy économique.

Or si la blockchain publique mérite son qualificatif de réseau d'échange public, c'est parce que ses transactions font l'objet d'une publication qui les rend visibles et traçables. Dans une blockchain publique, n'importe qui peut accéder à l'historique des transactions depuis l'origine de la création de la blockchain. A contrario, le secret bancaire tout comme le cryptage des transactions se rattachent à une conception privatiste de la monnaie qui trouve son point d'accomplissement dans les notions de secret et de confidentialité. La meilleure manière de garantir l'exercice d'un droit privé sur la monnaie sans jamais demander aux agents économiques de rendre de comptes sur leurs décisions consiste à rendre les transactions et les situations financières totalement opaques et invérifiables. Des décisions qui conduisent à la destruction de millions d’hectares d’arbres, qui polluent les océans, qui privatisent les accès aux ressources les plus essentielles, qui maintiennent des inégalités de traitement entre les hommes et les femmes, qui conduisent à la destruction des infrastructures et entretiennent l’inculture sur laquelle prospère la violence ne peuvent perdurer que parce que l’on veut pas supprimer le secret bancaire qui les protège.

Contrairement à une croyance bien tenace chez les agents économiques, la transparence est proportionnelle à la liberté économique, financière, comptable et monétaire, tandis que l’opacité est proportionnelle à la perte de liberté économique et à la multiplication des fraudes et des injustices de toutes sortes. Dans le domaine de l’économie, de la comptabilité, de la finance et de la monnaie, visibilité est synonyme de vérité. Le passage de la monnaie privée à la monnaie publique est comparable à l’évolution accomplie dans le domaine de la justice qui était au départ privée (et arbitraire) puis est devenue publique. La publicité est le fondement actuel du système judiciaire et politique, et il devrait en être de même du système économique et monétaire. Dans une société éclairée, il ne devrait y avoir aucun secret : chacun devrait savoir ce que les autres possèdent, ce que les autres gagnent, ce que les autres paient en salaires, en impôts et en avantages sociaux, ce que chaque compagnie demande et achète, vend, pour combien et avec quel profit. Une telle chose n’est possible que dans une société qui a fait le choix de la lumière, parce que dans une telle société, le niveau de conscience des gens leur permet de ne rien vouloir obtenir ou avoir aux dépens d’autrui. 

L'idée de monnaie publique est une première dans l'histoire humaine, non seulement en raison de sa forme visible par tous qui garantit l'existence d'une véritable justice économique, qu'en raison du fait qu'elle permet pour la première fois d'envisager une réconciliation du Nomos et du Logos par la médiation d'un troisième terme : l'Ethos. La transparence de la matière est autant une purification de la matière qui permet de laisser passer la lumière qu'une purification des âmes et des corps qui permet de les rendre supra-lumineux. Nous retrouvons ici la religion primitive du Feu purificateur qui rayonne à travers la société pour la conduire vers un nouvel âge d'or dans lequel les citoyens sont couronnés par l'apologie de leurs vertus bien plus encore que par la publication de leur richesses. Pour tous ceux qui pensent que le changement de comportement est la dernière roue du carrosse, il y aura là matière à réflexion. Mais gageons qu'à travers ce modèle, la science économique ait à coeur de rééquilibrer ses préoccupations matérielles et morales, comme le firent la majorité des économistes de l'âge classique même si cela a été depuis longtemps oublié.

Ethos, Logos, Nomos

L’idée d’une monnaie de lumière nous oriente vers une monnaie conçue comme une pure énergie destinée à un monde d'énergie. Dans cette perspective, la monnaie devient l’équivalent d’un Logos. Tout comme le Logos dont elle s’inspire, cette monnaie immatérielle est incréée et autodynamique. Elle est le Feu Créateur et vivant procédant par ordre à la génération du monde. La force est dynamique et capable d'orientation…. Cette force qui permet de s’auto-déployer et de s’auto-employer est désignée comme Verbe. Ce Verbe de transformation et de vie créé et recréé toute existence phénoménale. Ce Verbe n’est pas une force extérieure ; il se différencie d’une divinité en ceci qu’il est parfaitement immanent au cosmos et à la vie humaine. Cette monnaie, parole active issue de la lumière, c'est l’esprit vivant, c'est le corps sentant, c’est la nature, la matière elle-même au travail. Nous pouvons ainsi la modéliser comme un parlêtre, comme une pierre philosophale, comme la fondation d'un système qui relie Ethos, Nomos, et Logos.

Ethos, Logos et Nomos sont constitutifs de paradigmes linguistiques complémentaires qui fondent notre vision du monde et notre action dans le monde. Il convient pour cette raison de savoir les distinguer pour mieux pouvoir les associer et déployer toute forme d'échange.

La conception dominante du langage, telle qu’elle existe dans le domaine des sciences économiques, juridiques, informatiques, cryptographiques et linguistiques, fait de tout langage un ensemble de mots et de signes « arbitraires », objets d’un accord conventionnel et liés par un système purement formel de règles syntaxiques et grammaticales. Le langage, en ce sens, serait proche d’un code. Il serait une manière de représenter les choses et les événements du monde perçu, mais il ne présenterait pas de connexion interne non arbitraire avec ce monde et en serait donc parfaitement séparable. Cette conception d’une prééminence du langage sur le monde est bien entendu celle du Nomos que l’on trouve autant dans les notions de loi que de monnaie, faisant en sorte que la loi exerce son autorité sur les choses et que la monnaie représente la valeur des choses tout en étant totalement séparée d’elles.

Mais il existe une autre perspective qui est celle de la philosophie sensualiste qui nous propose une expérience vivante du langage et nous décrit la manière dont le médium expressif se révèle de lui-même à nous lorsque nous ne faisons pas comme si nous nous tenions en dehors de lui mais que nous acceptions au contraire de le percevoir au-dedans de nous. Dans une telle perspective, la monnaie et la loi deviennent une expression du pouvoir-du-dedans, de ce qui « cause » en nous en se rattachant à une activité originaire du langage dans laquelle on reconnaît la figure du Logos. De fait, toute parole effectivement signifiante est intrinsèquement créatrice, car elle utilise les mots usuels sur un mode qui ne correspond pas tout à fait à l’usage établi, modifiant donc, même très légèrement, le réseau du langage (ou celui des relations chiffrées) dans son ensemble. Au cœur de tout langage vivant se trouve la fertilité poétique de la parole expressive qui nous libère de toute règle parce qu'elle manifeste la souveraineté du monde intérieur. Avec le Logos chacun est roi en son royaume.

L'Ethos que l'on pourrait définir comme l'engagement que chaque homme est en capacité de prendre vis à vis de lui-même (dans un pur acte de conscience) est une troisième forme de langage qui rend perceptible notre compréhension du monde et notre état de conscience. De l'Ethos nous pourrions dire qu'il s'agit d'une semi actualisation de nos potentiels et d'une semi potentialisation de nos activités. Plus que tout autre instance l'Ethos est le domaine du choix humain. Il ne s'agit pas d'un choix secret (comme un simple vote) mais d'un choix universellement perceptible au travers du langage psychique et physique que l'on nomme tout simplement un état, un comportement, une attitude. Sur le plan de l'analyse numérique, l'Ethos n'a strictement rien à voir avec les études statistiques dont on nous abreuve quotidiennement et qui ne disent tout simplement rien de l'être de l'homme. Il s'agirait plutôt d'un nombre qui s'affecte lui-même et qui est identique à la représentation du temps. Quel temps fait-il ou la question du climat sont un Ethos palpable au même titre que l'atmosphère d'un lieu.

Les nombres vécus comme les degrés de la vibration. Pour qu'un ensemble soit ouvert, il faut et il suffit qu'il soit identique à son intérieur. Et ainsi chacun se retrouve Ethos Logos Nomos comme devant le portique de l'histoire elle-même, et sa scène brutalement redressée et illuminée de toutes parts.

Juin. Thaïlande. Pendant toute l’après-midi où j’étais perdu dans les rues du quartier d’affaire de Bangkok, je sentais monter en moi le désir d’un travail nouveau. Je voyais les tours en construction comme des alvéoles remplies de lumières. Assis au milieu de tous les hommes du chantier, j’opérais le partage des travaux. Il y avait parmi eux des ouvriers, des mécaniciens, des architectes, des urbanistes, et toute l’équipe des intermittents du tertiaire. Je leur montrais des échelles de lumière. Grâce à moi, les chiffres qu’ils utilisaient pour construire leur monde de béton et d’acier avaient une autre signification. Ce n’était plus des mesures matérielles, c’était des unités de lumière. Mes chiffres étaient comme des récipients de cristal qui se remplissaient à la lumière du jour. Contrairement aux autres chiffres qui ont pour fonction d’enclore quelque chose, mes chiffres n’étaient pas fermés, car ils étaient comme des moteurs cosmiques qui se remplissaient et qui distribuaient l’énergie du soleil. Plus ils recevaient de lumière, plus ils brillaient de façon éclatante, s’agrégeant et se ségréguant en mille notes vibrantes, comme les lampes témoins d’une énergie universelle et ininterrompue, dansante et chaste, circulante et enjouée. Ainsi, tout en conservant leurs apparences de chiffres, mes chiffres fondaient sous l’effet de la lumière, ils se désintégraient pour révéler la qualité intérieure de l’objet que l’on se proposait d’accomplir. Le souverain bien naissait de la métamorphose du chiffre saturé par la lumière divine. Le manteau de l’univers s’entrouvrait. Une fois les qualités révélées, il serait toujours facile de trouver la matière qui produirait l’objet désiré, mais était-ce là une occupation valable pour des hommes de lumière ?  

Olivier Rocca, merci de soulever cette question. Pouvez-vous nous développer d'avantage votre idée : la lumière, c'est la vie. De quelles propriétés pourrions nous inspirer pour faire évoluer notre système monétaire ? Un sujet passionant, mais devenu urgent, il me semble.

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