la perte du ciel noir perturbe fortement la faune et la flore car la pollution lumineuse gagne du terrain sur Terre
Le France vue de nuit. Crédit NASA 9

la perte du ciel noir perturbe fortement la faune et la flore car la pollution lumineuse gagne du terrain sur Terre

Noël approchant, les rues se parent de guirlandes lumineuses. Une tradition moins anodine qu'elle n'en a l'air, puisque l'éclairage public, invention moderne, bouleverse les écosystèmes en plus de constituer parfois un gaspillage énergétique et financier. Or la nuit terrestre se fait de plus en plus lumineuse, y compris dans les régions du globe déjà bien éclairées, alerte une étude inédite (Science Advances).

Pour aboutir à ce constat, des chercheurs allemands ont exploité les données recueillies par un capteur installé sur le satellite météorologique Suomi NPP, de 2012 à 2016, données qui ont monté que l'éclairage nocturne mondial a augmenté de 2 % par an environ, tant en surface qu'en intensité.

Il existe évidemment de grandes disparités régionales, les pays en développement présentant une progression plus importante de l'éclairage nocturne que les pays développés. Mais la luminosité nocturne n'est restée stable ou n'a reculé que dans quelques pays . La Syrie et le Yémen, malheureusement en guerre, sont les seuls où la nuit a gagné du terrain.

Étonnamment, les pays ayant mis en place des politiques de transition vers les LED, réputées plus économiques, ne voient pas leur luminosité globale baisser. Les LED permettent de faire des économies d'énergie et donc financières, mais on constate que ces gains sont réorientés vers l'installation de lampes supplémentaires ou d'un éclairage plus puissant ailleurs dans la même zone. Au final, la seule limite à l'éclairage public est celle de l'argent que l'on veut y consacrer.

Et encore les 2 % annoncés sont en deçà de la réalité car le capteur du satellite ne détecte pas la lumière bleue (une composante importante de certaines LED, NDLR). Il ne perçoit donc pas tout ce qu'un œil humain voit. Cela veut dire que les mesures présentées sont inférieures à l'augmentation (réelle) de la lumière sur Terre.

L'enjeu est de taille. Dans un monde qui s'est construit sur l'alternance naturelle du jour et de la nuit, illuminer cette dernière, notamment avec de la lumière bleue, proche de celle du jour, perturbe profondément la faune et la flore. Si l'on se rapporte à l'échelle de l'évolution, la lumière nocturne est un agent de stress très récent. De nombreux organismes ne peuvent pas s'adapter. Ainsi, parmi les animaux nocturnes, le recul de la nuit menace 30 % des vertébrés et plus de 60 % des invertébrés. La biodiversité est menacée car la lumière artificielle perturbe la pollinisation par les insectes nocturnes ainsi que certains comportements liés a la reproduction ou à la migration.

Une dimension trop peu prise en compte dans les politiques publiques en France, déplore l'Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturnes. En France, on observe une très forte augmentation de la quantité de lumière émise, de 94 % sur les vingt dernières années.

Il ne s'agit pas de tout éteindre, mais d'éclairer mieux!

L'œil humain est très sensible aux comparaisons. Si vous augmentez la lumière dans une rue, celle d'à côté va soudain paraître sombre aux riverains, alors qu'elle leur convenait avant.

Il est possible d'éclairer de façon satisfaisante un espace public en réduisant l'émission totale de lumière.

Une étude a montré qu'en installant des LED de faible intensité pour éclairer un parking de façon uniforme, les utilisateurs étaient davantage satisfaits que lorsque l'éclairage était composé de lampes plus fortes mais éloignées les unes des autres, laissant des zones d'ombre.


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