La pratique philosophique, exercice de courage

La pratique philosophique, exercice de courage

La pratique philosophique, un exercice qui demande du courage.

Beaucoup viennent découvrir de quoi il s’agit, mais peu reviennent après une première expérience. Pourquoi la salle ne fait-elle pas le plein ? Pourquoi y a-t-il toujours dans le regard des participants l’expression d’une crainte, d’une suspicion. Que va-t-elle faire de nous ? Où est-ce que nous allons déambuler ? Quelle vérité allons-nous confronter ? Est-ce que nous allons bien répondre aux questions ? Est-ce que nous allons dire des choses pertinentes ? Et si on se plante ? Et si on se fait ridicule ?

Toutes ces questions et inquiétudes sont légitimes parce qu’en tant qu’adultes, nous avons oublié de remettre en question notre édifice de croyances et que nous nous sommes bien installés dans ce que nous croyons être nous. Il est donc tout à fait normal que notre être soit ébranlé quand soudain une contradiction ou un mensonge sont mis à nu et en public.

Dans un atelier de pratique philosophique, on s’expose souvent malgré soi, on entre dans un jeu de striptease où les pièces tombent une à une et chaque spectateur, à tour de rôle, va se mettre au centre pour se faire déplumer. Ce qui se dénude n’a rien à voir avec le corps parfait d’une danseuse ou d’un athlète.

Imaginez que vous êtes au centre d’un cercle et que dix paires d’yeux scrutent chacun de vos mouvements et dix paires d’oreilles passent au crible chacune de vos paroles. Combien de temps vont tenir le mensonge et la contradiction ? Et je ne parle pas de ce qui se passe à l’intérieur de votre tête et de votre corps, une tempête émotionnelle et cognitive. Vous gigotez, vous respirez mal, vous transpirez, vous avez envie de quitter le cercle, vous vous mettez en colère, vous voulez retourner à votre édifice joliment orné et bien sécurisé, mais quelque chose vous retient. Peut-être la honte, honte d’être si lâche. Peut-être l’expérience émotionnelle, désagréable certes, mais fortement sensationnelle. Peut-être aussi l’émergence, malgré la douleur, d’une nouvelle sensation de légèreté. Celle de s’être débarrassé de l’artificiel et du superflu, de le regarder en face et en dehors de soi et de se rendre compte qu’il n’est que matière soumise à notre propre volonté.

Il y a un moment décisif dans le processus de la connaissance de soi. C’est ce moment où la peur de s’affronter soi-même se transforme en joie de se découvrir soi-même.

Entre la peur et la joie, il y a un choix souvent difficile à faire.


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