La révolution technologique sera humaine ou ne sera pas
Par Alain Roumilhac, Président de ManpowerGroup France
Plus de 80 % des Français craignent les dérives de l’intelligence artificielle. Il est plus que temps de renverser cette perception : ces dernières années n’ont fait que confirmer que ces technologies avaient au contraire le pouvoir de redonner toute sa place à l’humain — et aux qualités qui lui sont propres. Sous certaines conditions.
Un texte qui s’écrit tout seul, une photo qui apparaît à la demande, des robots qui marchent, portent, volent… il faut bien l’admettre : notre époque a de quoi donner le tournis à certains, et en effrayer d’autres.
Si l’on prend l’exemple de l’IA, au cœur des conversations aujourd’hui, force est de constater que la population française exprime des sentiments contrastés où la méfiance prédomine : plus de 80 % d’entre eux disent leurs craintes quant aux dérives potentielles liées à ces technologies — ils sont même 42 % à l’estimer dangereuse, sans doute pour partie à cause de la rapidité stupéfiante de son développement, rapidité telle que certains voudraient mettre la recherche en pause.
Je ne suis pas de ceux-là.
Bien sûr, je comprends ces craintes et je ne prétends pas que la révolution à laquelle nous faisons face sera facile. Mais ma conviction profonde, c’est que l’histoire ne fait que se répéter : l’homme a toujours su s’adapter aux nouvelles technologies conçues pour faciliter ou améliorer son travail.
Sous certaines conditions, cette révolution que nous vivons a le potentiel d’étoffer les aptitudes de tous ! Nous avons l’opportunité de dessiner collectivement un futur du travail plus durable et plus humain - en mettant ces technologies à notre service pour automatiser certaines tâches répétitives, donner à chacun la chance de vivre des vies plus équilibrées et plus épanouissantes et ainsi favoriser les relations humaines — et relever les grands défis sociétaux et environnementaux de notre temps.
Il en va du devoir des entreprises et de tous les acteurs des RH : la révolution technologique sera humaine… ou ne sera pas !
Il faut regarder les chiffres en face : dans le monde, 300 millions d’emplois risquent d’être affectés par l’IA générative. Si l’OCDE écarte l’hypothèse d’un chômage technologique massif, en précisant que seuls 9 % des emplois présentent un risque élevé de substitution par l’automatisation au sens large, le Forum économique mondial prévoit qu’un quart des emplois seront perturbés dans les cinq prochaines années — et que 2 % risquent de disparaître.
C’est un challenge immense… mais les perspectives le sont tout autant : les nouvelles technologies au sens large auront créé au moins 69 millions d’emplois d’ici à 2027 dans des domaines aussi variés que la protection des données personnelles, la cybersécurité, l’analyse de données, le machine learning, l’intelligence artificielle, le cloud, le traitement des données et le développement de logiciels. L’IA pourrait avoir un impact positif sur nombre d’employés, en particulier dans le secteur de l’énergie et des services publics, et dans celui des technologies de l’information, comme nous vous le dévoilerons prochainement.
Ce qu’il reste à faire est évident — et urgent : plus de 50 % des salariés dans le monde vont devoir réorienter leurs compétences d’ici 2025 du fait de l’accélération des nouvelles technologies. Comment réussir cette bascule vers des métiers nouveaux où la complémentarité Homme-Machine est quotidienne ?
C’est notre cheval de bataille depuis plus d’une décennie chez ManpowerGroup : nous sommes convaincus qu’aider les collaborateurs à acquérir les compétences requises pour tirer parti des technologies doit être une des priorités des entreprises.
Depuis des années, la pénurie de talents particulièrement forte dans de nombreux secteurs, notamment dans le numérique, démontre l’urgence d’investir dans la formation pour répondre à la demande croissante en savoir-faire et compétences. L’accompagnement des talents au sens large est fondamental pour mettre les nouvelles technologies à leur profit.
Chez ManpowerGroup, nous avons créé MyPath ©, un programme qui propose des parcours personnalisés aux talents motivés et engagés dans une démarche durable de collaboration, pour développer leur employabilité sur des métiers porteurs et dans des secteurs en demande, dans une logique de plein emploi. Nous présenterons aussi à VivaTech notre plateforme virtuelle TalentTopia, une expérience immersive permettant d’entrer dans le travail du futur : intégration des collaborateurs, développement des compétences, cours virtuels, échange avec des formateurs en temps réel, etc.
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2. Remettre l’humain au centre
Vous l’avez compris : nous sommes convaincus que cette révolution a le potentiel de renforcer la place de l’entreprise comme lieu d’apprentissage, pourvoyeur de sens et de connexion, et qui révèle le potentiel de celles et ceux qui y travaillent — autrement dit : de remettre l’humain au cœur du travail.
Alors, humaniser au lieu de déshumaniser ?
Ce n’est pas qu’une question de principe ou de rétention des talents : dans un monde où l’automatisation prend de plus en plus de place, 92 % des entreprises s’accordent déjà à dire que les soft skills sont aussi importantes que les hard skills, et 80 % estiment que ces compétences sont facteurs de succès pour les organisations. Intrinsèquement humaines , elles relèvent à la fois du collectif, mais aussi des capacités individuelles face à des situations, comme l’adaptabilité, la communication, la créativité, l’autonomie.
Ce bouleversement des valeurs est renforcé par la nature de la révolution que nous vivons. L’automatisation ne va pas toucher l’ensemble des tâches d’un même métier, mais seulement une partie : 63 % des travailleurs pourraient voir leurs tâches complétées par l’IA. Cette complémentarité invite à repenser le sens de nos métiers et à les faire évoluer vers des compétences intrinsèquement humaines — et tout particulièrement des compétences collaboratives.
Si l’automatisation de l’IA a le pouvoir de rationaliser les processus, d’augmenter l’efficacité et d’économiser du temps et de l’argent aux entreprises autour de tâches souvent répétitives, il y a des limites à ce que l’IA peut faire par elle-même, et c’est là qu’intervient une nouvelle forme « d’intelligence collaborative » qui combine, pour le dire simplement, le meilleur des deux mondes !
Pour cette raison, former à des compétences techniques ne suffit pas, il faut former à ces soft skills attendues par les recruteurs aujourd’hui. Le problème, c’est que certaines entreprises peinent à comprendre combien les soft skills sont au cœur des métiers de demain — et seuls 41 % des organisations ont pour l’heure réussi à mettre en place des dispositifs permettant d’intégrer et de mesurer ces compétences au sein de leurs process RH.
Là aussi, nous n’imaginerions pas remplacer l’humain par des IA pour évaluer les performances d’un collaborateur. Les outils d’IA sont très efficaces pour effectuer des analyses, des comparaisons et des diagnostics, mais ils sont incapables de comprendre la part la plus humaine de chaque individu : sa personnalité, sa créativité, sa capacité à travailler en équipes… Seul le manager peut réellement appréhender les enjeux, créer une cohésion au sein de l’équipe et être en mesure d’évaluer le travail individuel accompli — et la manière dont un collaborateur se projette dans l’avenir.
Des soft skills, de l’humain et du sens : cette révolution technologique libère notre temps et décuple nos capacités — et c’est une opportunité inespérée de mettre les entreprises au service des grands défis sociétaux et environnementaux de notre époque.
3. Une révolution au service de l’inclusion et de la transition écologique
Cette opportunité de redonner du sens va plus loin : elle propulse l’entreprise dans une nouvelle ère où elle doit servir de véritable plateforme d’innovation sociale et écologique !
Déjà parce que les salariés expriment massivement le désir d’un rééquilibrage entre la vie professionnelle et personnelle, et que cela en dit long sur leurs attentes vis-à-vis de l’entreprise : selon notre récente étude The New Human Age, plus d’un salarié français sur trois serait même prêt à changer d’entreprise à poste équivalent pour un meilleur équilibre. Le travail n’est plus vu comme une fin en soi, mais comme un facteur d’épanouissement.
Je refuse de voir ce phénomène comme une « grande démission », mais, au contraire, comme une grande humanisation !
Une humanisation particulièrement visible dans les attentes des plus jeunes générations : très sensibilisée aux questions sociétales comme la diversité, l’équité, l’inclusion et la lutte contre le dérèglement climatique, la génération Z attend de ses employeurs une réelle prise de conscience et une action concrète.
Le réchauffement climatique est sans doute le plus grand défi qui s’est posé à l’homme dans son histoire. La révolution que nous vivons est l’occasion de se mobiliser collectivement, et tout particulièrement au sein des entreprises. Pour jouer leur rôle, celles-ci doivent opérer de nombreux changements en interne, à commencer par faire évoluer leurs métiers tout en s’appuyant sur des collaborateurs dotés de savoir-faire et de savoir-être « green », capables d’engager la transition. Aujourd’hui, 64 % des talents français veulent contribuer à améliorer la société à travers leur travail et ce sont plus de 10 millions de green jobs qui devraient être créés d’ici 2030. Mettre l’entreprise et les individus en mouvement, c’est nous permettre non seulement de dessiner le futur du travail — mais aussi le futur tout court !
Ce futur, nous l’encourageons avec des programmes tels que Green Booster, développé par Talent Solutions, qui a pour but d’accélérer la transition écologique des entreprises en développant les compétences comportementales de leurs collaborateurs, afin qu’ils deviennent de véritables agents du changement et décuplent leur impact sociétal.
Mais ce futur, je sais qu’il sera aussi porté par l’esprit d’innovation des startups dans lesquelles j’ai toute confiance : nous aurons le plaisir d’accueillir plus de 20 startups sur notre stand à VivaTech, dont certaines sont positionnées sur la sensibilisation aux enjeux du climat.
Face à de telles perspectives, je suis réaliste, mais aussi optimiste quant à notre capacité collective à relever ce défi, à condition de conjuguer l’innovation, les technologies… et le génie humain.
Rendez-vous sur notre Lab « The New Human Age » lors du Salon Viva Technology, qui se déroulera à Paris du 14 au 17 juin. Candidats, venez nous rencontrer et postuler sur notre Talent Center !
Chargée des Relations Entreprises - OMNES EDUCATION 🚀
1 ansLeïla Chanteau je pense que cela peut être ultra intéressant pour toi !!
🤝🎯🚀Directeur Commercial Régional Manpower France NORD / Président DCF Lille
1 ansMerci alain pour ce partage de vision! Important en ce moment d’accélération sur l’ia de donner des perspectives et de rappeler les complémentarités possibles et à aller chercher ! Je découvre d’ailleurs le nouveau métier de prompt engineer ! Cc Tanguy Deceuninck Bénédicte Choquart Audrey FREY Carlos Gonzalez Sylvie Moine 🎯 👷 Charline Béguin Maryse LE CORFEC Anthony Carpentier 💥